Les pornai sont les prostituées qui prennent place au bas de la véritable « pyramide sociale » que forme le monde de la prostitution. Ces prostituées esclaves ne sont en rien libres de leurs actions. En effet, elles sont soumises à l'autorité d'un entremetteur ou pornoboskos . Leur appartenance à la part servile de la société est rappelée par les divers termes utilisés afin de les qualifier. Parmi ceux-ci, on trouve notamment soma, anthrôpos ou encore pornè . Le terme pornè provient du verbe pernèmi qui signifie vendre. Les pornai étaient des esclaves achetées et installées dans des maisons de passes nommées pornéion. C'est dans de telles conditions que Nééra débuta, sous l'autorité de Nicarèté, sa carrière à Corinthe. C'est dans la maison de Nicarèté, auprès de six autres jeunes filles, qu'elle œuvrait dans la prostitution. Nééra « n'était pas encore nubile » et exerçait déjà son métier. Dans l'un de ses discours, LYSIAS évoque plusieurs pornai dont une, Phrylia, « cessa de se prostituer quand elle était encore jeune ». Le terme même de pornè semble, au vu des mots des orateurs attiques, supporter une connotation très péjorative. C'est le Contre Olympiodoros de DEMOSTHENE qui permet d'avancer une telle hypothèse. En effet, le plaideur apparaît scandalisé par la façon dont Olympiodoros se comporte puisque ce dernier se serait laissé « mener par une prostituée ». Le mot qu'emploie DEMOSTHENE est pornè pourtant, il semble que la femme dont il est question ne soit pas une prostituée. L'usage de ce terme peut être du à une volonté, de la part du plaideur, de fustiger la femme qui causa la ruine d'Olympiodoros. Le terme de pornè serait donc employé ici en qualité d'insulte ce qui montre bien la vision véhiculé par les plaidoyers athéniens.
[...] A. Kapparis, Apollodoros against Nééra, Berlin p 60. Cl. Leduc, L'adoption dans la cité d'Athènes, VIe-IVe siècles av. J.- C. Pallas p.175-202. Cl. Leduc, Réflexions sur le système matrimonial athénien à l'époque de la cité-état, (VIe IVe siècle avant J .C.), G.R.I.E.F., Toulouse p 29. P. Levêque, L'aventure grecque, Paris M. Lloyd, Paris/Alexandros in Homer and Euripide Mnémosyne, 4e série, vol fasc. p. [...]
[...] D'autres habitent des maisons particulières qui semblent être leur possession et où elles exercent leurs talents. Ainsi, Nééra[30], alors établie à Mégare, voyait Stéphanos venir chez elle comme chez une courtisane[31] Pour ces courtisanes, des hommes ont dépensé des sommes folles. Olympiodoros faisait vivre sa maîtresse de manière somptueuse[32], Apollodore dotait des courtisanes[33], Timarque dépensa vingt mines pour Philoxéné[34] Léocrate s'échappa de la cité accompagné de sa maîtresse Eirénis et des servantes[35] Il est certain que ces femmes ne vivaient pas une vie commune. [...]
[...] Bielman, Femmes en public dans le monde hellénistique : IVe-Ier s. av. J.-C, Paris F. Bourriot, Recherches sur la nature du génos, Paris P. Brulé, Les femmes grecques à l'époque classique, Paris (réédition 2006). P. Brulé, La fille d'Athènes : la religion des filles à Athènes à l'époque classique : mythes, cultes et société, Paris P. Brulé, Le monde grec aux temps classiques tome : T : Le Ve siècle, Paris P. Brulé, Le monde grec aux temps classiques tome : T : Le IVe siècle, Paris P. [...]
[...] Au travers de la vision du monde de la prostitution livrée par les orateurs athéniens, il est possible de mettre en évidence des traits communs à ces femmes. Quelle qu'ait pu être la vie qu'elles ont mené, leurs origines sont similaires dans le sens où il s'agit là de femmes étrangères ou d'extraction servile. De plus, si leur arrivée dans cet univers de la prostitution s'est souvent effectuée de la même manière, leurs fins de carrières sont aussi semblables. L'esclavage de même que la misère peuvent ainsi être identifiés comme les principaux vecteurs de la prostitution. [...]
[...] Bielman, O. Bianchi Les femmes antiques entre sphère privée et sphère publique, Berne F. Frontisi-Ducroux, Le sexe du regard, P. Veyne, F. Lissarrague, F. Frontisi-Ducroux, Les mystères du gynécée, Paris p 276. Y. Garlan, Les esclaves en Grèce ancienne, Paris L. Gernet, Epiclérat : Sur l'épiclérat Revue des études grecques p 379. E. Greis, Le concubinat à Athènes pendant la période classique chez Démosthène, VDI p 52. Actes du colloque 1971 sur l'esclavage, Besançon, Paris : M. [...]
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