« Le trophée est un « mannequin revêtu d'armes » que le vainqueur érigeait sur le lieu de sa victoire ou sur le promontoire le plus proche, s'il s'agissait d'un combat naval. Il consistait dans sa forme la plus simple, héritée de l'art triomphal et religieux des Grecs, en un tronc d'arbre que l'on coiffait d'un casque, revêtait d'une cuirasse et dont les branches rompues supportaient les dépouilles des vaincus. Des monceaux d'armes étaient parfois accumulés à son pied. Dans leur forme monumentale, les trophées peuvent être aussi des constructions considérables en forme de tour. Dans l'art, le trophée peut se trouver au centre de groupes complexes, accompagné de l'image de l'empereur, de divinités, de Victoires notamment, ou encore accosté de prisonniers, à peu près nus ou vêtus de braies, habillés parfois à la mode de leur nation, enchaînés, debout, assis ou un genou à terre. L'un des deux captifs est souvent une femme.» Le trophée romain dans la plupart des cas commémore la victoire d'un général et la soumission des peuples qu'il a vaincu. C'est le cas dans les trois exemples de Gaule que nous allons étudier : le trophée des Pyrénées, le trophée des Alpes et le trophée de Saint-Bertrand de Comminges. Nous verrons quelles sont les différentes façons de commémorer une victoire à travers ces trophées.
Au début du Moyen Age, dans une de ses lettres, Paulus, le général révolté contre le roi wisigoth Wamba fait allusion à la masse encore imposante du monument dressé in summo Pyrenaeo. Mais les ruines n'ont pas été encore repérées. Tout comme pour le trophée des Alpes, l'inscription nous est connue grâce à Pline. Elle nommait les huit cent quatre-vingt-six oppida soumis, des Alpes à l'Espagne. Elle est dédiée à la victoire de Pompée.
[...] Le trophée des Alpes fut dédié en 6 av. J.-C., près du village de la Turbie à la frontière actuelle avec Monaco. Il se compose d'un téménos, c'est-à-dire une grande aire taillée dans la roche même, et enfermant un autel de culte. Au centre s'élevait une terrasse construite avec des dalles de 2m de côté. Elle était encadrée par des bornes. La longueur totale du téménos est égale à la hauteur du monument. Le trophée est également composé d'un podium, posé sur un soubassement mouluré mesurant 1m 34 de hauteur. [...]
[...] Le trophée était donc lui aussi accompagné d'autels. Il était également accompagné de symboles cosmiques, relatifs à la félicité accordée par les dieux à Auguste. Le trophée de Saint-Bertrand de Comminges est aussi un trophée d'Auguste, commémorant la soumission du gaulois et des Espagnols. Il est le symbole des succès militaires de l'empereur, mais rappelle aussi la victoire d'Actium, fait allusion aux étendards récupérés, et à la souveraineté sur les mers et les terres de Rome et d'Auguste. Les trois trophées sont vus comme des instruments de propagande, rappelant la suprématie de Rome sur tous ; cependant, si le trophée de Perthus et celui de la Turbie s'appuient sur la puissance divine, à Saint-Bertrand, Auguste marque sa supériorité en exposant les vaincus comme à la Turbie) et en faisant de nombreux rappels à ses victoires passées. [...]
[...] On a trouvé un seul fragment de Victoire, celle de gauche, et Picard justifie la seconde par le besoin impérieux de faire contrepoids de l'autre côté du trophée central. La Victoire de gauche tiendrait selon lui un bouclier circulaire reposant sur un support. Sa jambe droite en position d'appui et celle de gauche, libre et ramenée en arrière, prouvent qu'elle est en fin de vol. Le trophée gaulois est placé à droite du trophée naval. Picard y dresse le mieux conservé des trois arbres, qu'il surmonte d'un mannequin en peau de bête. [...]
[...] Le trophée naval, avec la proue du navire (fig. 12-13). Elle la considère comme pièce principale du monument, et celle qui est la plus chargée de symbolisme. Elle est assez mal conservée et mesure actuellement 1,60 la face antérieure de la coque a été martelée et présente une forme plus ou moins arrondie. On voit juste les replis du corps et des nageoires de la tritonesse de chaque côté. La proue n'était certainement pas plaquée de bronze, car on n'a trouvé aucune trace de goujons ou d'autres traces de scellement. [...]
[...] Son allure est peu féminine. Tout comme pour la Victoire, les seins sont arasés, de plus, les hanches sont étroites, les jambes puissantes et elle a de grands pieds. Elle porte à son cou un torque lisse à fermoir, orné de deux tampons sphériques. Ses longs cheveux ondulés sont rassemblés dans le dos par un large anneau. Son bras gauche est nu, et à demi plié. Il est presque entièrement conservé et des traces de sa main apparaissent sur le ventre. [...]
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