La tradition historique attribue aux propositions de Livius Drusus, tribun de la Plèbe en 91, et à leur échec, la responsabilité immédiate de la guerre sociale, opposant Rome aux alliés (socii), conflit le plus important depuis la guerre d'Hannibal (90-88).
On considère que la question des Italiens, présent partout sur le territoire et participant aux devoirs militaires et payant le stipendium (taxe imposée aux provinciaux vivant sur l'Ager Publicus), devient un réel enjeu politique après la période des Gracques, soit vers le milieu du IIe siècle.
La romanisation de l'Italie s'est bien implantée, et il ne faut pas voir la citoyenneté romaine conçue seulement comme un droit juridique, avec ses avantages notoires (droit de vote, droit de provocatio), mais aussi désormais comme une identité ethnique, que revendiquaient volontiers l'aristocratie latine.
L'auteur de ce texte est Appien d'Alexandrie (90-160 après J.C). On ne sait que très peu de choses sur lui, notamment qu'il est un notable d'Alexandrie ayant reçu la citoyenneté romaine par l'empereur Hadrien. Il acquiert la statut de chevalier, puis s'installe à Rome à la fin de sa vie, où il rédige son œuvre principale: Histoire romaine, composée de 24 livres dont 11 seulement nous sont parvenus entiers. Dans son œuvre, il trace l'histoire de Rome depuis les origines jusqu'aux conquêtes de Trajan. Appien consacre cinq livres aux guerres civiles, dont il est presque la seule source. C'est aussi un des seuls historiens antiques à relier les phénomènes économiques et les faits politiques. Ici, le texte est extrait du Livre I des guerres civiles (chapitre V).
Ici, il tente d'expliquer les origines de la guerre sociale, qui sont pour lui profondément liées à la revendication de la citoyenneté romaine par les Italiens à la question agraire, qui par la loi Sempronia de 133, confisque des terres possédées par de nombreux Italiens, et rend leur mécontentement plus fort. Mais il faut remettre ces contestations dans le contexte troublé de Rome aux lendemains de la politique de Tiberius Gracchus, où des factions se confrontent. L'opposition se fait entre deux tendances politiques, Populares, qui se disent proches du peuple ou du moins qui lui est favorable, reprenant le programme Gracquien, et Optimates, représentants de l'élite sénatoriale. Par cette forte tension, la violence envahissait régulièrement la vie politique et interdisait toute solution légale aux crises.
On peut donc se demander en quoi la question de la citoyenneté romaine et des intérêts des alliés sont au cœur des tensions politiques romaines.
Nous verrons tout d'abord les prémices de la revendication italienne, dans une atmosphère tendue à Rome, puis, nous éluciderons le programme démagogique de Livius Drusus, en 91 avant J.-C. Enfin, nous étudierons le mouvement de résistance générale à Livius Drusus et à ses réformes.
[...] Le tribunat de livius drusus Les prémices de la revendication italienne, dans une atmosphère tendue à Rome dès 125 av. J.-C. La question des Italiens : nouvel enjeu politique Le projet de Fulvius Flaccus et de Caius Gracchus L'hostilité sénatoriale et le mécontentement grandissant des Italiens II) Le programme démagogique de Livius Drusus, en 91 avant J.-C Une tactique politique : satisfaire chaque catégorie de la vie politique Réconcilier les sénateurs et les chevaliers ? Un conflit d'ordres III) Le mouvement de résistance général à Livius Drusus et à ses réformes Une coalition d'intérêts contre L. [...]
[...] Il fallait un exemple, ce fut le cas de Frégelles, où encore une fois Rome affirme son autorité et punit les soulèvements. II) Le programme demagogique de livius drusus Une tactique politique : satisfaire chaque catégorie de la vie politique On ne connaît pas vraiment la personnalité et le rôle précis de Livius Drusus, qui apparaît comme une personne aux pensées politiques ambiguës même pour ses contemporains (Cicéron par exemple). Il tentait avec ses inspirateurs, de confisquer à son profit une partie des revendications des adversaires politiques de sa famille ou de ses amis. [...]
[...] L'opposition violente qui se manifeste à certaines périodes entre chevaliers et sénateurs, surtout pour la possession des jurys n'est pas, par nature un conflit sociologique, encore moins économique, mais un conflit politique qui trouve son origine dans des obligations ou des privilèges liés juridiquement à la possession du titre de chevalier ou du titre de sénateur. Néanmoins, cette opposition s'est exacerbée durant la période qui suit la loi judiciaire de Caius Gracchus. En effet, dans ses propositions, L. Drusus prétendait soumettre à une quaestio de corruptis judiciis tous les juges, c'est-à-dire les chevaliers qui avaient jugé depuis 101 av.J.C. et les sénateurs à qui il se proposait de rendre une partie des jurys (l.61-62). [...]
[...] Livius Drusus avait perdu son principal appui : Licinius Crassus (mort), et la fureur des opposants montait en flèche. Il suscitait un réel acharnement de ses adversaires, comme le montre le texte, qui l'oblige notamment à rester chez lui pour éviter un assassinat, mais qui firent surtout annuler pour non-conformité aux auspices certaines de ses lois. Il meurt frappé par un tranchet de cordonnier à la sortie d'une réunion publique chez lui, une fin tragique selon Appien (l.118-120), qui provoquera une extrême tension dès sa mort. [...]
[...] Surtout, le problème du partage équitable du butin de la conquête effectuée par des armées majoritairement italiennes, se pose de plus en plus clairement vers la fin du IIe siècle. De même, la loi Sempronia de 133 mécontente aussi les Italiens, aussi bien les possessores de terrains publics victimes des récupérations, que les prolétaires, qui n'avaient pas accès aux nouvelles assignations. Il est certain que les activités de la commission agraire (triumvir agrarii) excitèrent les résistances et les protestations des Italiens (qui demandent protection à Scipion Emilien). [...]
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