Nous avons ici deux documents figurant page 35 du livret. Le premier document est un contrat de change, document commercial datant du 12 décembre 1252 et rédigé à Gênes entre vêpres et complies. Extrait du tome 1 d'Archives de l'occident, Paris, 1992, la source est traduite de l'italien par O. Guyotjeannin. Rofredo Bremenzone marchand de Sienne y reconnaît avoir reçu lui et les membres de sa compagnie commerciale une somme d'argent de 1656 livres et 8 sous monnaie de Gênes par le marchand Giovanni Drago. Rofredo Bremenzone lui promet à titre de change une somme de 1212 livres en monnaie de Provins qu'il lui versera à lui ou à son envoyé spécial aux prochaines foires de Lagny en Champagne. Si de quelques façons Rofredo Bremenzone ne respecte pas les termes du contrat il s'engage à payer à Giovanni Drago le double du montant reçu et le remboursement intégral des dommages subit, leur évaluation se faisant sur les seuls dires de Giovanni Drago. Le second document est une commenda vénitienne autre forme de contrat commercial spécifiquement Italien. Rédigé au mois de septembre 1241 à Rialto quartier Vénitien et extrait de « documenti del commercio veneziano nei secoli » de R. Morozzo della Rocca et A. Lombardo. Cette commenda, notariée et réalisée devant témoins est contractée entre Pierre Batello habitant de Parenzo qui déclare avoir reçu lui et ses héritiers 98 lires de deniers vénitiens de Pierre Trévisan et ses héritiers. Pierre Batello avec cette somme peut commercer partout sur mer comme sur terre selon la base du doge et du grand conseil pour la durée d'un voyage. Dans les trente jours qui suivront son retour à Venise, Pierre Batello s'engage à rembourser le capital ainsi que les 2/3 des bénéfices réalisés gardant pour lui l'autre tiers. Il est précisé cependant que les pertes encourues sont à la charge du commanditaire Pierre Trévisan. Si Pierre Batello venait à ne pas respecter les termes de la commenda, il s'engage à payer double créance avec comme intérêt 1/5 du montant du capital et du double du gain par année. Le XIIIe est une période de haute conjoncture commerciale et économique amorcée dès les XIe et XIIe par de profonds changements de la société médiévale. La fin des grandes invasions, la multiplication de comptoirs commerciaux occidentaux en Orient, mais avant tout l'émergence de surplus agricole œuvre d'une expansion démographique considérable vont être les moteurs de ce que certains historiens nomment « la révolution commerciale ». Le développement du commerce à longue distance, l'intensification des activités d'échanges vont libérer de nouvelles forces vives et être durant le XIIe et XIIIe le socle d'une importante expansion économique. Le grand commerce se développe principalement au nord dans la mer baltique et en Méditerranée dont le pôle majeur est l'Italie qui très vite assoie sa suprématie dans tout l'occident en matière de commerce. Les échanges effectués, concentrés dans le temps et dans l'espace, supposaient des disponibilités monétaires, or la quantité d'espèces métalliques était trop faible en fonction du volume des transactions qui ne cessa de s'accroître au fur et à mesure que s'intensifiaient les échanges. Ce sont les Italiens qui les premiers apporteront des solutions. Par des techniques novatrices de négoce, de diffusion du crédit, d'association et de compagnies marchande ils permettent au commerce à longue distance de s'intensifier en le rendant plus flexible et en le sortant des contraintes qui autrefois l'avait rendu quasi-stérile. La mise au point de techniques commerciales est donc à la fois une conséquence et une condition du développement des échanges méditerranéen. Ces techniques dont certaines resteront des spécificités Italiennes jusqu'au XVe siècle vont progressivement contribuer à émanciper les activités humaines et économiques du cadre féodal et promouvoir un système commercial pré-capitaliste.
[...] Les Italiens ont des représentants au dehors, des établissements avec qui ils correspondent, ils sont en rapport direct avec les changeurs des foires de champagne, ils effectuent des paiements à l'étranger, escomptent des effets de change, et se chargent de recevoir des fonds en dépôt. Les puissantes compagnies auxquelles ils appartenaient leur fournissaient de loin l'appui de leurs capitaux. Ils deviennent les maîtres incontestés des opérations financières. L'essor du crédit, les associations en commenda, l'internationalisation des flux monétaires transforment progressivement les mentalités. On observe une véritable prise de conscience de la valeur métallique de la monnaie dans les mentions de change et d'équivalence. D'autre part, la multiplication des créances développe entre marchands un code d'éthique moral, un système fiduciaire, matérialisé par contrat. [...]
[...] Par des techniques novatrices de négoce, de diffusion du crédit, d'association et de compagnies marchandes, ils permettent au commerce à longue distance de s'intensifier en le rendant plus flexible et en le sortant des contraintes qui autrefois l'avaient rendu quasi stérile. La mise au point de techniques commerciales est donc à la fois une conséquence et une condition du développement des échanges méditerranéen. Ces techniques dont certaines resteront des spécificités italiennes jusqu'au XVe siècle vont progressivement contribuer à émanciper les activités humaines et économiques du cadre féodal et promouvoir un système commercial pré-capitaliste. [...]
[...] Elles déploient une intense activité bancaire aux foires de champagne. Grâce au contrat de change, elles mettent des fonds à la disposition d'hommes d'affaires Toscans ou Génois et effectuent ainsi des transferts de fonds de place en place, sans déplacement d'espèces. avantages et inconvénients Dans le cadre de la Fraterna les partenaires étaient tenus solidairement et sans limites, responsables des dettes des autres, c'est-à-dire qu'un marchand qui prétendait investir une petite somme d'argent pour peu de temps risquait de perdre tous ses biens si n'importe lequel de ses partenaires contractait une dette importante qu'il serait incapable d'honorer. [...]
[...] Pierre Batello avec cette somme peut commercer partout sur mer comme sur terre selon la base du doge et du grand conseil pour la durée d'un voyage. Dans les trente jours qui suivront son retour à Venise, Pierre Batello s'engage à rembourser le capital ainsi que les 2/3 des bénéfices réalisés gardant pour lui l'autre tiers. Il est précisé cependant que les pertes encourues sont à la charge du commanditaire Pierre Trévisan. Si Pierre Batello venait à ne pas respecter les termes de la commenda, il s'engage à payer double créance avec comme intérêt 1/5 du montant du capital et du double du gain par année. [...]
[...] Analyse historique des documents Un contrat de change décembre 1252. Archive de l'occident t.1 p 634 Paris 1992 Rofredo Bremenzone marchand de Sienne reconnaît avoir reçu lui et les membres de sa compagnie commerciale une somme d'argent de 1656 livres et 8 sous monnaie de Gênes par un Giovanni Drago. Rofredo Bremenzone lui promet à titre de change une somme de 1212 livres en monnaie de Provins qu'il lui versera à lui ou à son envoyé spécial aux prochaines foires de Lagny en Champagne. [...]
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