La Tabula Banasitana, un exemple de diffusion de la citoyenneté romaine avant l'édit de Caracalla ( 212 ap. JC)

Résumé du document

On s'interrogera donc, à partir de ce document, sur les mécanismes politiques et administratifs concernant l'octroi de la citoyenneté romaine à titre individuel avant l'édit de Caracalla. La procédure mise en œuvre, appelée concession viritane, était-elle simple ? Qui était-elle susceptible de concerner et quels avantages apportait-elle au nouveau citoyen ?
Pour tenter d'apporter quelques réponses à ces questions, nous étudierons d'abord la procédure de demande du droit de cité pour un pérégrin, une procédure qui frappe par son élaboration et par son souci de ne pas galvauder ce droit. Puis, nous examinerons les motivations qui peuvent être à l'origine de cette demande qui, nous le verrons, ne concerne véritablement que les élites provinciales tout en s'inscrivant, pour les Romains, dans une certaine stratégie politique vis-à-vis des peuples conquis. Enfin, nous préciserons les avantages que procure le statut de citoyen romain, notamment en matière de justice et d'impôts, mais aussi les restrictions que fait l'empereur concernant le respect du droit local, cette dernière mention nous semblant constituer l'intérêt majeur de ce texte...

Extraits

[...] On peut donc supposer l'existence d'un certain mépris pour toutes ces populations nomades de la part des Romains qui y voyaient certainement, à quelques exceptions près, une survivance de la barbarie. Concernant les Zegrenses, ils sont relativement bien connus. Ptolémée les situait entre l'Atlas et l'oued Tensift, mais, faute de traces découvertes en ces lieux, il semble plus plausible de les chercher dans la région de Banasa qui était le centre d'attraction naturel des tribus de l'Est. La mention dans le premier document de plusieurs gentes parmi eux nous laisse supposer qu'ils étaient puissants et nombreux, du moins suffisamment pour que Rome souhaite se les attacher dans un contexte de troubles. [...]

[...] On s'interrogera donc, à partir de ce document, sur les mécanismes politiques et administratifs concernant l'octroi de la citoyenneté romaine à titre individuel avant l'édit de Caracalla. La procédure mise en œuvre, appelée concession viritane, était-elle simple ? Qui était-elle susceptible de concerner et quels avantages apportait-elle au nouveau citoyen ? Pour tenter d'apporter quelques réponses à ces questions, nous étudierons d'abord la procédure de demande du droit de cité pour un pérégrin, une procédure qui frappe par son élaboration et par son souci de ne pas galvauder ce droit. [...]

[...] [[---Tigidus---Perennis]] Quintus Cervidius Scaevola, fils de Quintus, de la tribu Arnensis. Quintus arcius Euripianus, fils de Quintus, de la tribu Quirina. Titus Flavius Piso, fils de Titus, de la tribu Palatina. [...]

[...] Il s'agit en fait du dossier, réduit en vue de l'affichage à trois documents officiels, de l'accès à la citoyenneté romaine d'une famille berbère dans la deuxième moitié du second siècle de notre ère. Les deux premiers textes sont des copies de lettres des empereurs répondant favorablement à la requête des requérants. Dans la première, datée de 168/169 ap. J.C, Marc-Aurèle et Verus s'adressent au gouverneur provincial, Coiiedius Maximus, tandis que dans la seconde, datée de 177, le même Antonin et Commode, avec qui il partage officiellement le principat, répondent au procurateur de la Maurétanie Tingitane, Vallius Maximus. [...]

[...] Ce dernier réapparaît près de huit ans après en tant que chef de la même tribu et, s'il est lui-même citoyen romain, il demande le droit de cité pour sa femme Faggura et pour ses quatre enfants qui eux ont tous le statut de pérégrins (le statut des enfants dépendant de celui de leur mère). Le troisième document, enfin, est une copie certifiée conforme du registre impérial, ou Comentarius civitate romana donatorum, dont on apprend l'existence avec cette table. Il contient la liste des Empereurs ayant octroyé le droit de cité, liste soigneusement élaborée, suivie des noms et âges des pérégrins concernés puis de la décision en tant que telle, et des signatures des douze membres du conseil impérial. [...]