Nous étudierons ce discours de Claude avec tout d'abord, la manière dont l'empereur respecte et prend appui des mentalités sénatoriales, mais, dans un second temps, pour promouvoir une notion réellement nouvelle de l'Empire. Toutefois, nous verrons que si l'empereur s'aide d'exemples montrant une société qui s'ouvre, il clôt toutefois son discours sur une argumentation dans le sens de la mentalité traditionnelle dont lui même se démarque : pourra-t-on, dès lors, parler d'un succès d'un empereur réformateur?
[...] On peut d'ailleurs noter que cette appropriation est quelque peu forcée : Claude s'autorise à reprendre l'héritage familial mais Auguste n'avait pas étendu l'adoption à tous les petit-fils de Livie, et si Claude a pu devenir empereur par un jeu de circonstances assez accidentel (Suétone, La vie des douze César), il n'avait pas été reconnu par Auguste, qui d'ailleurs ne lui témoignait que peu d'affection (Suétone, ibid IV, . De même, son oncle Tibère le tenait à l'écart (Suétone, ibid 1). Ainsi, Claude utilise des notions s'adaptant aux mentalités de son auditoire : mais le respect des ancêtres est intégré dans le système romain et lui-même, très vraisemblablement, le ressent intimement. [...]
[...] On peut évidemment se demander en quoi un le sort de la curie peut importer au prince, puisqu'il est empereur et maître : ce n'est, après tout, que par courtoisie qu'il a réuni le sénat pour délibérer : Claude exerce la charge de Censeur, c'est dans le cadre de cette fonction qu'il révise l'album sénatorial. Mais il pourrait user de son imperium majus ou de sa puissance tribunitienne pour faire admettre ses vues : seuls ses scrupules l'empêchent de faire violence aux sénateurs, qui ne lui en savent d'ailleurs aucun gré ; il ne s'agit que de maintenir une façade et, somme toute, l'empereur fait là «une fleur au sénat. [...]
[...] La colonie, en effet, a reçu de Tibère ou de Caligula le droit romain, donc la plénitude de la citoyenneté romaine (ius honorum compris). Mais, étrangement, et faute diplomatique grave, l'empereur choisi comme exemple celui d'un «fonctionnaire impérial typique (que l'on retrouvera plus tard au service des julio-flaviens, chargé par Vespasien de la reconstruction du Capitole), d'un chevalier et non d'un sénateur. Or, l'ordre équestre, le deuxième à Rome, derrière les sénateurs, justement est en train de se structurer à cette époque, pour la plus grande crainte des sénateurs, qui n'ont que mépris et ressentiment pour les chevaliers qui cherchent à recueillir la même puissance pour leur propre ordre. [...]
[...] Ivlivs Cæsar en 51 av. J.-C) au sein du sénat : cette distinction fut accordée à l'ancienneté de leur alliance, et au nom de frères du peuple romain L'ancienneté de l'alliance est donc l'argument déterminant, ce qui prouve que si Claude a su jouer sur les convictions des sénateurs, il n'a pas su les convaincre : paradoxalement, cet accord, qui est une victoire, montre aussi que l'empereur n'a pas su faire comprendre aux sénateurs les raisons plus profondes de sa demande. [...]
[...] L'empereur continue son discours, qui n'est pas sans logique, nous le voyons, puisque après «être parvenu aux limites de la Gaule narbonnaise (ce qui laisse à penser qu'il est tout à fait conscient, contrairement à ce qu'a pu penser Paul Petit, de choisir son exemple en Gaule Narbonnaise, et que le but était bien de se rapprocher peu à peu du «vif du sujet ) il s'exhorte à plusieurs reprises à aborder directement la cause de la Gaule Chevelue «c'est maintenant, Tibère César Germanicus, de révéler aux Pères conscrits le but de ton discours «c'est ouvertement que doit être plaidée maintenant la cause de la Gaule chevelue dit il un peu plus loin (c'est à dire de la partie de la Gaule conquise au Ier siècle av. J.- C. [...]
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