L'importance des rites en Egypte ancienne est étroitement liée à une conception du monde ou l'univers était perçu en terme de dualité. Il y avait tension permanente entre les contraires cosmiques qu'étaient le bien et le mal, la lumière et l'obscurité, l'aridité et la fertilité ; et par-dessus tout entre le cosmos, ou ordre harmonique (maât) et le chaos (isfet). L'univers même y participait par le biais de phénomènes cycliques tels que le levé et le coucher du soleil, la ronde des saisons ou encore la crue et la décrue du Nil. Si cet équilibre s'effondrait, il en résulterait alors le chaos. Les Egyptiens en ont déduit que les mortels et en particulier pharaon, devaient, par leurs rites, tenter d'assurer le maintient de l'ordre cosmique et la bienveillance des dieux, maîtres de l'univers.
C'est ainsi que les Egyptiens visaient, en premier lieu, à entretenir l'image des divinités et à leur offrir subsistance et aliments, notamment par le rituel du culte journalier que nous allons étudier ici. Pour ce rituel quotidien nous pouvons nous référer à différentes sources. Nous avons tout d'abord 2 papyrus de Karnak datés de la 22e dynastie qui concernent le culte d'Amon et de Nout : il s'agit d'aide mémoire à l'usage pratique des prêtres. Ensuite, ce sont les nombreux reliefs des temples qui nous renseignent sur les soins routiniers apportés à la statue du dieu : les divers gestes qui constituaient le rituel sont illustrés en détail sur 3 sites différents. Les bas reliefs du temple de Sethi Ier à Abydos, la grande salle hypostyle du temple d'Amon à Karnak et le temple d'Horus à Edfou. Cependant la disposition des scènes du culte sur les murs ne nous permet pas d'en déterminer l'ordre exact. Leur déroulement doit être reconstruit à partir des différentes sources dont nous disposons. Les textes accompagnant les scènes des reliefs contiennent, eux, des instructions pour les rites et les récitations qui les accompagnent.
Mais les Egyptiens ne se contentaient pas d'effectuer ces rites du culte journalier, il existait bien d'autres rites encore et il existait une autre façon de célébrer les divinités lors des nombreuses fêtes qui parcouraient le calendrier, ce que nous traiterons également ici. Pour ce qui est des sources à propos des fêtes égyptiennes, nous les connaissons d'abord par des calendriers élaborés par la monarchie dont subsistent quelques exemplaires sur papyrus depuis le Nouvel Empire. Ceux-ci nous fournissent une liste des fêtes les plus importantes célébrées dans toute l'Egypte. Mais nous disposons aussi des calendriers des temples qui nous renseignent sur les fêtes plus locales, célébrées sur place. Ensuite, nous pouvons nous reporter à Hérodote, historien classique, qui qualifiait les Egyptiens de « plus religieux de tous les hommes ». Dans sa description de l'Egypte qu'il visita au milieu du Ve siècle, il accorde une place importante à l'évocation des fêtes. Il nous livre un récit haut en couleurs des fêtes de Boubastis, Bousiris, Saïs, Bouto, et Paprémis auxquelles il assista : il chiffre, probablement avec excès, le grand nombre des participants et mentionne les débordements auxquels se livre la foule. Cependant son témoignage est à prendre avec beaucoup de précaution. Nous avons ici un témoin étranger aux mystères de la religion égyptienne, qui est très impressionné par les réjouissances populaires qui accompagnent les sorties des divinités et qui sont pour lui les seuls indices de la vie religieuse du pays. Comme pour le rituel du culte journalier, les reliefs des temples sont la plus grande source concernant les fêtes. On peut voir sur les murs des différents temples des scènes de fêtes qui y étaient célébrées. On a notamment beaucoup de scènes représentant les sorties processionnelles des divinités, par exemple à Karnak on peut admirer des scènes représentant la sortie annuelle du dieu Amon sur sa barque lors de la fête d'Opet.
Le culte des dieux avait donc une place importante dans le monde égyptien de l'antiquité car grâce à lui, l'équilibre du monde était maintenu et les dieux veillaient sur l'Egypte. Pharaon lui-même était garant de cet équilibre, car, de part sa nature divine, il lui revenait la tache d'assurer le culte des dieux. Nous tenterons ici de montrer de quelle manière il effectuait cette tache difficile en montrant tout d'abord qu'il se faisait aider par des prêtres et le personnel des temples. Ensuite nous étudierons 2 des éléments du culte les plus importants que Pharaon devait effectuer : le rituel du culte journalier et enfin, l'organisation de nombreuses fêtes en l'honneur des dieux.
[...] L'organisation matérielle et la célébration des fêtes étaient alors pour le souverain une occasion d'exercer avec éclat aux yeux de ses sujets sa prérogative sacerdotale. Dès qu'il le pouvait le roi présidait aux fêtes religieuses les plus importantes et parfois mêmes participait en personne aux rites du culte. Nous savons par exemple, que lorsqu'au Nouvel Empire, à partir du règne de Thoutmosis III (v. 1490- 1436), les pharaons résidaient en permanence dans le nord, ils continuaient de paraître à Thèbes pour la fête d'Opet, au moins en la première année de leur règne. [...]
[...] Les prêtres se purifiaient donc par des ablutions quotidiennes avec l'eau du lac ou du bassin sacré, ils devaient également s'épiler le corps, cheveux et sourcils compris. Il était aussi nécessaire qu'ils portent des vêtements uniquement faits de lin car la laine d'origine animale était proscrite. (voir fig. 1). Leurs pieds étaient protégés de sandales, semble-t-il de papyrus. Certains aliments leur étaient interdits : animaux ou végétaux dans lesquels la divinité se manifestait. Mais ces tabous alimentaires avaient un caractère régional, puisqu'ils étaient en rapport direct avec la divinité vénérée dans le temple. [...]
[...] La phase suivante concernait les soins corporels dispensés à la statue. Elle était traitée comme s'il s'agissait d'un être vivant. Elle était lavée, maquillée et habillée de vêtements neufs. Chacun de ces moments était scandé par des prescriptions rituelles bien précises comme l'offrande de 4 bandelettes de lin de la meilleure qualité et de 4 couleurs différentes : blanc, bleu, vert et rouge. En certaines circonstances, les jours de fête par exemple, la statue était parée de bijoux et d'objets symboliques tels que le sceptre, le bâton de souverain et le fouet. [...]
[...] Comme pour le rituel du culte journalier, les reliefs des temples sont la plus grande source concernant les fêtes. On peut voir sur les murs des différents temples des scènes de fêtes qui y étaient célébrées. On a notamment beaucoup de scènes représentant les sorties processionnelles des divinités, par exemple à Karnak on peut admirer des scènes représentant la sortie annuelle du dieu Amon sur sa barque lors de la fête d'Opet. Le culte des dieux avait donc une place importante dans le monde égyptien de l'antiquité car grâce à lui, l'équilibre du monde était maintenu et les dieux veillaient sur l'Egypte. [...]
[...] Les rites du culte journalier Le temple était la maison du dieu, où demeurait son effigie dans le saint des saints, qui était plus qu'une simple image inanimée, mais une véritable part de son être, dotée d'une forme de vie. Le culte était de ce fait, constitué essentiellement de toute une série de soins physiques prodigués à la statue pour la maintenir en vie, la satisfaire et l'apaiser. La régularité de ce service permettait le bon fonctionnement du temple, et surtout celui du monde dépendant des dieux. Ce rituel du culte journalier passait par une série de phases qui étaient les mêmes dans tous les temples égyptiens. [...]
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