Dionysos est à l'origine le dieu grec de la végétation et en particulier de la vigne et du vin. Dans le monde gréco-romain les relations directes entre les hommes et les dieux appartenaient au monde de la mythologie, mais avec Dionysos le mythe devenait palpable. On buvait le dieu avec son vin et sa présence en soi dissipait la noirceur du quotidien. Si l'on relie entre eux les éléments épars de la légende, on peut dire à peu près ceci : Dionysos est le fils adultérin de l'union de Zeus et de Sémélé, fille de Cadmos, roi et fondateur de Thèbes. Celle ci ignore tout de son amant qui n'accepte de la prendre que dans l'obscurité. Sur les conseils pernicieux d'Héra, toujours aussi jalouse des amantes de Zeus, Sémélé eut envie de contempler dans toute la lumière de sa divinité celui qui s'unissait à elle. La lumière jaillit et l'éclair de Zeus frappa la jeune Sémélé qui mourut du coup de foudre. Zeus extrait alors de ses entrailles l'enfant que Sémélé attendait, s'ouvrit la cuisse et y déposa le nourrisson. Plus tard, viendra au monde le jeune Dionysos « né de la cuisse de Jupiter » selon l'expression bien connue qui s'applique aux orgueilleux. Appelé aussi Bakkos, les Romains firent de Dionysos Bacchus, et son culte, bien que les origines en demeurent floues, entra selon Tite live en Étrurie dès le IVe siècle. Il se développa dans toute l'Italie et pénétra dans Rome qui accueillit ce dieu avec grand enthousiasme. Tant que le culte revêtit une forme civilisée, traduite dans des rites officiels, des hommages littéraires, il n'inquiéta pas le sénat, et lui servit même d'assise politique et spirituelle, confortant ainsi l'immense succès populaire du culte. Mais le culte de Bacchus, avait pénétré en Italie sous la forme qu'il avait progressivement acquise au cours des siècles. Nourri d'orphisme, il se présentait comme un système spirituel cohérent, de rites mystiques et de croyances dans l'au-delà et devint plus qu'un culte, une véritable religion, prétexte à des comportements débridés et déviants. Cette adoration dépravatrice se faisait en marge des pouvoirs publics. Lorsque consuls et sénateurs en prirent connaissance l'affaire retentit comme un gigantesque scandale connu sous le nom « d'affaire des Bacchanales. » Cette affaire conduisit en 186 à la promulgation d'un sénatus-consulte gravé sur une table de bronze qui fut retrouvé en 1640 près de Tiriolo de Calabre. Ce sénatus-consulte dont nous avons ici la charge de faire le commentaire, est destiné aux alliés. Il y est indiqué les prescriptions faites par le sénat à l'encontre des fêtes de Bacchus et de ses adorateurs, ainsi qu'un ordre formel de faire respecter le sénatus-consulte sur l'ensemble de l'ager Teuranus.
Dans cette perspective nous pouvons nous demander pourquoi, l'extension du culte, son succès populaire en Italie ont conduit à son interdiction par le sénat, mais aussi en quoi ces interdictions sont-elles le reflet d'une volonté de domination et de contrôle de Rome sur le reste de l'Italie ?
Ainsi, dans un premier temps nous nous attacherons au culte de Bacchus à sa pratique et aux raisons de son interdiction, pour dans un second temps, analyser les prescriptions faites par le sénat. Enfin, nous tâcherons de montrer en quoi ce sénatus-consulte, fut un moyen pratique pour Rome d'exercer contrôle et domination sur le reste de l'Italie.
[...] Lorsque consuls et sénateurs en prirent connaissance, l'affaire retentit comme un gigantesque scandale connu sous le nom d'affaire des Bacchanales. Cette affaire conduisit en 186 à la promulgation d'un sénatus-consulte gravé sur une table de bronze qui fut retrouvé en 1640 près de Tiriolo de Calabre. Ce sénatus-consulte dont nous avons ici la charge de faire le commentaire, est destiné aux alliés. Il y est indiqué les prescriptions faites par le sénat à l'encontre des fêtes de Bacchus et de ses adorateurs, ainsi qu'un ordre formel de faire respecter le sénatus- consulte sur l'ensemble de l'ager Teuranus. [...]
[...] Au-delà d'une volonté d'information rapide et sûre de Rome, il faut voir également dans ces mesures l'extension à toutes les communautés italiennes autonomes, le mode de gestion et le calendrier administratif romain. Ce sont les consuls qui, sans doute de leur propre chef dans le cadre de la mission reçue du sénat, ordonnent aux autorités de l'ager teuranus de faire connaître les dispositions générales du sénatus-consulte aux alliés. Outre la proclamation régulière aux assemblées publiques et la copie sur une tablette de bronze, les autorités de l'ager teuranus sont chargées de publier la sanction capitale prévue par le sénat pour les contrevenants. [...]
[...] Enfin, nous tâcherons de montrer en quoi ce sénatus-consulte, fut un moyen pratique pour Rome d'exercer contrôle et domination sur le reste de l'Italie. Le culte de Bacchus et les causes de sa condamnation Pratiques déviantes, mystères bachiques et bacchanales Durant son règne antique, Bacchus ne parvint jamais à se départir de sa nature orgiaque et c'est justement cette caractéristique qui remporta l'adhésion du peuple. On peut facilement comprendre cet engouement irraisonné : il était le Dieu le plus proche et le plus accessible pour le peuple romain. [...]
[...] Ce retour à une tradition plus saine est dans l'esprit des rédacteurs du sénatus-consulte un barrage contre l'immoralité. Les sénateurs ont également compris la nécessité d'interdire toutes organisations hiérarchiques 13/15) possédant une caisse commune qui représente un véritable danger de complot. Les associations helléniques avaient eu des fonds propres, avec versement des adhérents, mais dans le droit romain la possession de somme d'argent par un groupement est sévèrement réglementée. Les mystes devront donc se contenter de se retrouver en petit groupe autour d'un simple autel ou d'une statue bachique. [...]
[...] Les Étrusques contribuèrent donc à assujettir le rite chtonien aux plaisirs de la table et à développer les actes de débauches dont Rome eut à se plaindre. Bien qu'initiatrice du culte pour l'Italie, l'Etrurie, à l'époque où éclate l'affaire n'en conserve pas l'apanage le plus exacerbé. Tarente, l'Apulie, la Campanie et la grande Grèce figuraient parmi les régions le plus résolument admiratrices du dieu, les plus zélées et leur influence sur la propagation des mystères bachiques et de certaines pratiques ne doit pas être négligée. [...]
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