Le mot scriptorium (au pluriel, des scriptoria) vient du verbe latin scribere qui signifie « écrire » ou « celui qui écrit ». Ce nom désigne l'atelier dans lequel les moines copistes réalisaient des copies manuscrites, avant l'invention de l'imprimerie. En effet avant l'invention du type mobile, tous les livres ont été écrits à la main, et toutes les copies, de même ont été produites manuellement. De nos jours, le scriptorium désigne par extension une salle dédiée aux travaux d'écriture. Donc le scriptorium est l'annexe souhaitable et prestigieuse de la cathédrale ou du monastère. Il est aussi le lieu de lecture et de méditation des textes. C'est la pièce réservée à l'écriture du livre; c'est là que toutes les opérations contribuent à l'achèvement du livre, de la préparation du support à la décoration et même à la reliure. Ce sont des ateliers d'écriture qui sont avant tout des ateliers de copie. Au début du règne de Charlemagne, l'étude des lettres n'avait pas entièrement disparu mais était tombée au plus bas. Pour y remédier Charlemagne avait deux mobiles: la piété et la curiosité intellectuelle. C'est donc grâce à son intervention que l'on multiplie les exemplaires des textes sacrés et profanes. Les évêques poussent à la copie et à l'enluminure. De ce fait, les églises épiscopales, les abbayes, les grands du royaume, ont bientôt leur bibliothèque.
Le scriptorium est aussi un instrument de profit: la règle bénédictine, qui stipule que le moine a besoin de livres, fait de la copie l'un des travaux dont peut vivre un monastère. En effet, grâce à la vente et à l'échange, il est possible d'acquérir de nouveaux textes.
La copie est assurée par des moines copistes. C'est vers 780 que l'activité des moines copistes croît sensiblement et l'impulsion donnée par le Palais semble décisive pour un renouvellement de l'inspiration et la recherche d'un nouveau style. Le rendement d'un atelier est conditionné par le nombre de copistes et par la qualité de ce que l'on attend.
L'époque carolingienne est marquée par la Renaissance des arts et des lettres. Si le terme de Renaissance carolingienne est contesté par certains historiens, il n'en reste pas moins que cette époque a été marquée par un grand dynamisme, particulièrement remarquable dans les abbayes et dans les scriptoria.
Ce sont vraisemblablement les paléographes du milieu du XIXe siècle qui sont en grande partie responsable du stéréotype du "scriptorium" que tout roman médiéval véhicule. Non pas que ce scriptorium là n'ait pas existé, bien sûr, mais les traditionnelles simplifications du XIXe siècle ont empêché, pour cette notion comme pour tant d'autres, de prendre conscience des multiples formes, des multiples problématiques que revêt son sens au cours de son histoire. Ainsi, ces simplifications se sont malheureusement répandues dans la quasi-totalité des ouvrages s'y rapportant, qui en uniformisent trop le concept et cachent bon nombre de ses facettes. Nous allons donc tenter ici de remédier quelque peu à cet état de fait en voyant réellement ce que sont les scriptoria.
Que sont en faite les scriptorium ? A quoi servent-ils ?
[...] Il n'existait pas, bien sûr, qu'un seul type de lieu où les moines travaillaient à l'écriture ou à l'illustration des textes. De l'antiquité jusqu'au haut Moyen-Âge, nous n'avons que peu de détails sur l'espace même où évolue le copiste. Nous avons déjà dit que son existence ne fait aucun doute dans nombre de communautés monastiques des premiers siècles, nous ne reviendrons pas là-dessus, mais que savons-nous d'autre ? Au Ve siècle, Cassiodore, dont il a déjà été question, nous renseigne un peu sur son cabinet de travail à Vivarium dont le feu donne, sans intervention humaine, une lumière perpétuelle très claire et très abondante, l'heure y étant fournie les jours ensoleillés par un cadran solaire et, de manière continue, par une clepsydre. [...]
[...] Quant à l'orthographe, il avait insisté sur son importance dans ses Institutiones et son De Orthographia. La tâche difficile pour le directeur qu'il était de faire pondérer les usages orthographiques (il n'y avait pas alors de règles fixes en la matière) quand il s'agissait du texte divin, celui-ci étant au- dessus des règles humaines. C'était la tradition patristique, qui sera aussi suivie par Grégoire le Grand. A la même époque, justement, Grégoire le Grand (540-604), qui deviendra Pape en 590, n'utilise toujours pas le terme scriptorium pour désigner l'atelier du copiste, mais fait encore usage de "scrinium" ou " archivum "(archives publiques), s'agissant des ateliers papaux du Latran, qui conservaient aussi les livres ecclésiastiques, alors qu'il réserve "biblioteca " pour les bibliothèques profanes, terme qui désignait aussi un ensemble de livres. [...]
[...] Le scriptorium pouvait exceptionnellement sortir du cœur du monastère. C'est ce que nous confirme Cranage en Angleterre, à l'abbaye Saint Albans, qui parle d'un scriptorium qui occupait à lui seul un bâtiment isolé du reste du monastère. Donc les scriptorium sont des salles où les moines copiaient et enluminaient des manuscrits, mais nous allons voir qu'à la loupe, ce sujet ne se traite pas de manière limpide. Les chroniques et sources littéraires sont généralement avares d'informations précises : au-delà des constructions de bâtiments qui ont dû servir à abriter les livres, les mentions relatives au scriptorium sont rares et lorsqu'elles existent, elles ne font que souligner le caractère lettré ou pieux de tel moine ou abbé. [...]
[...] Généralement le scribe est muni de couteaux, d'éponges (pour effacer l'encre le cas échéant), de roseaux pour écrire, de stylets pour graver, de pierre ponce pour lisser les irrégularités du papyrus ou du parchemin, de plumes d'oie (elles ont des possibilités plus variées que le roseau, sont choisies parmi les cinq premières rémiges du volatile puis sont été trempées, séchées, durcies au sable chaud et enfin taillées au couteau), des pointes sèches qui servent à aider le scribe à se repérer sur la feuille en faisant des piqûres. Les calames (chaume, roseau) sont simplement des roseaux taillés. Les rouleaux antiques étaient rangés dans des boîtes cylindriques, et des coffres circulaires Dans les images de l'époque carolingienne, le pupitre acquiert la fonction de meuble à écrire alors qu'antérieurement il servait de lutrin. Dans la réalité, on écrit habituellement sur une planche ou sur un agencement de deux planches qu'on pose sur les genoux. [...]
[...] Avant l'invention de l'impression, un scriptorium était une adjonction normale à une bibliothèque. Après la destruction active des bibliothèques classiques à la suite des décrets de Théodosien et l'effondrement du scriptoria public, les établissements ont été entièrement dans des mains chrétiennes, à partir du 5ème siècle. Donc un scriptorium est généralement une grande salle distante dans un monastère pour l'usage des pointes à tracer ou des copistes de la communauté Le scriptorium était sous le soin de l'armarius, dont le devoir était de fournir toutes conditions requises, telles que des bureaux, encre, parchemin, stylos. [...]
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