Un sanctuaire est un lieu sacré, avec des espaces sacrés et publics bien délimité. N'importe quel endroit peut devenir un sanctuaire, il suffit pour cela que son caractère sacré soit reconnu par les Grecs. Cela est du soit à son paysage majestueux, soit à la présence d'un signe de la manifestation d'un dieu. Le terrain est alors délimité et porte le nom de téménos. Il peut être matérialisé par des bornes ou par un mur continu appelé péribole. C'est le cas à Delphes. Un sanctuaire est dispersé sur le territoire d'une cité, aussi bien en ville que ruraux comme dans ce cas. Il est englobé dans le paysage, il ne le domine pas. Par son caractère sacré, le sanctuaire inclut des normes à respecter, à commencer par des interdits qui le frappent comme celui d'y accoucher ou d'y mourir. Les personnes souillées ont l'interdiction d'y entrer. A l'intérieur du sanctuaire sont érigés une multitude de bâtiments.
Delphes, ville de Phocide, est au carrefour de plusieurs routes. Le sanctuaire est donc accessible par voie terrestre ou maritime et a un emplacement qui lui permet d'être au cœur du monde grec. Son histoire est très ancienne et emplie de légendes. Vers les XIVe-XIIe siècles avant notre ère, Delphes était un sanctuaire d'une déesse de la fertilité. Abandonné, il ne reprend vie qu'au VIIIe siècle avant J.C., après que le dieu Apollon s'en soit rendu maître. En effet, après avoir construit le temple de Délos, celui-ci parvient à battre le serpent Python, fils de Gaïa, avec son arc. Ensuite, il fit venir ses prêtres en détournant un bateau crétois. Delphes fut d'abord dominé par la ville de Kirrha mais les prêtres d'Apollon parvinrent à le libérer grâce à une coalition de toutes les cités grecques, lors de la première guerre sacrée.
Pendant la période classique, le sanctuaire de Delphes est dans sa période faste : en effet, il est un des lieux religieux les plus importants du monde grec. Il a, en son sein, une activité très importante qui dépasse les cadres de la religion. Au IIe siècle avant J.C., date à partir de laquelle le plan est formulé, on se trouve plutôt dans la période néfaste du sanctuaire. Les Grecs n'ont plus l'importance qu'ils ont pu avoir par le passé et le temple a tendance à tomber en désuétude. Le plan nous montre donc le lieu après que toutes les constructions aient été faites. En effet, après cette période, le culte d'Apollon est beaucoup moins présent et par conséquence, le temple ne donne pas lieu à de nouvelles constructions. Le plan est issu d'un livre de Jean-François Bommelaer et Didier Laroche intitulé Guide de Delphes Le site. Ce livre présente les vestiges du sanctuaire après que les fouilles sur le site soient terminées. Le sanctuaire ne fut étudié qu'à partir de 1892, lorsque des archéologues de l'Ecole française d'Athènes, sous l'impulsion de Théophile Homolle et E. Bourget, ont redécouvert et ressorti de terres les vestiges de cet impressionnant site.
A travers le plan, on peut étudier les pratiques religieuses grecques, cela sous diverses formes. Les sujets de l'organisation d'un sanctuaire, les principaux bâtiments, la mantique en Grèce, les relations entre les cités dans le domaine religieux ou encore les cérémonies religieuses peuvent être étudiés à travers l'exemple de ce sanctuaire. Tout cela nous sert à répondre au questionnement sur la façon dont la religion entre dans les relations entre les différentes cités du monde grec.
Après avoir étudié le sanctuaire comme lieu de présence d'Apollon grâce à son temple, nous verrons de quelle façon Delphes peut-être considéré comme un sanctuaire panhellénique rassemblant les cités grecques. Enfin, nous nous intéresserons aux pratiques festives, culturelles et religieuses du lieu.
[...] On le voit donc, Delphes, au-delà de rassembler les cités par le commerce ou le sport, rassemble aussi par la culture et par ses rites multiples, en sachant que toutes ces manifestations sont forcément liées avec le religieux. Les Oikos, limites du panhellénisme ? Delphes rassemble, on s'en est rendu compte à plusieurs reprises. Pourtant, malgré cela, des divisions persistent et cela se voit dans le plan à travers des bâtiments appelés oikos. Sur le plan, ils sont au nombre de quatre ( et 535). L'oikos est une maisonnée qui rassemble un ensemble de personnes et de biens. [...]
[...] Le conseil rédige des lois qui doivent être respectées par les cités. Si l'on en croit Eschine, l'amphictionie a deux fonctions essentielles : protéger les biens du sanctuaire placés sous sa juridiction et interdire le recours à une violence excessive en cas de conflits entre les cités membres. Mais dans cette dernière fonction, cela n'a pas toujours réussi et a pu pousser à des guerres que l'on a appelées guerres sacrées. Il y a eu quatre guerres sacrées, dues à des sacrilèges portant atteinte au sanctuaire d'Apollon. [...]
[...] En effet, au deuxième siècle, Eumènes II de Pergamon le restaura. On peut d'ailleurs noter à propos d'Eumène II qu'il possède un pilier à son nom (404). La période classique connaît un grand essor du théâtre, notamment à travers les nombreuses tragédies. Si l'on regarde directement dans les œuvres grecques, quelques une nomment Delphes ou en fait directement le lieu de son action. C'est le cas de deux tragédies majeures, Ion écrite par Euripide et surtout les Euménides d'Eschyle dont l'action du début de la pièce démarre devant le temple d'Apollon et dont le premier personnage à apparaître est la Pythie. [...]
[...] C'est là que se trouvait le trépied, au bord d'un puits creusé dans le sol, ce qui montre la tradition de la fissure dans la terre d'où sortirait le souffle divin. La Pythie était cachée aux yeux des consultants qui lui posaient une question. L'oracle prophétisait alors, pénétré par le souffle d'Apollon. Elle est dans un délire divin appelé mania. Évidemment, un clergé recruté parmi les citoyens de Delphes assurait la gestion du sanctuaire et le fonctionnement de l'oracle. Parmi les personnes les plus importantes, un prêtre, choisi parmi les citoyens les plus riches et respectés, assure les fonctions de la liturgie, le service d'Apollon et fait les cérémonies quotidiennes. [...]
[...] Le fonctionnement de l'oracle dépend des prophètes et des Hosioï. Les prophètes sont les oracles. Les Hosioï accomplissent les rites et les sacrifices. Signalons tout de même que des cités bénéficiaient du droit de consulter la Pythie en premier. Ce droit exprime donc le fait que l'oracle est tellement demandé qu'elle va pouvoir négocier le fait de recevoir certaines cités prioritairement. Delphes tient son prestige du fait de son énorme pouvoir moral et religieux. Mais ce pouvoir tend aussi à se politiser puisque les Grecs viennent chercher les conseils de l'oracle avant d'engager une guerre, avant n'importe quelle action importante. [...]
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