D'Antoine (Marcus Antonius, de la gens des Antonii), l'histoire nous laisse la trace d'un vaincu, dont l'empereur Auguste reconnaît les qualités mais en les nuançant. A cette histoire du vaincu se greffe aussi le mythe d'Antoine « Dernier prince d'orient » (F. Chamoux, Marc-Antoine, le dernier prince d'orient), orient dont il aurait voulu faire un empire personnel, selon la propagande augustéenne. Aussi a-t-on l'habitude de voir les actions d'Antoine en orient en l'isolant de Rome et en en faisant un étranger. La question ici posée est de savoir quelle est la part de romain dans le personnage d'Antoine et quelle est la part de ce que nous appelons ici « orient ». Comme si, finalement, il s'agissait de deux personnages différents, un Antoine décrit par Cicéron, oriental ou du moins indigne d'être romain (Cicéron, Deuxième Philippique) et un Antoine peint par Plutarque (Vie d'Antoine dans les Vies Parallèles) ou par César, tellement inscrit dans la politique romaine qu'il ne pourrait être seulement « oriental ».
En fait, nous verrons qu'Antoine est un homme d'expériences multiples, forgé en orient autant qu'à Rome. Pour le comprendre, nous étudierons d'abord la famille de Marc-Antoine et sa formation puis, dans un second temps, nous analyserons l'identité militaire d'Antoine, forgée en orient mais exploitée et utilisée en Gaule puis à Rome. Pour finir, nous nous interrogerons sur le personnage d'Antoine, entre esthétique grecque et éthique romaine.
[...] Or, le grand-père de Marc-Antoine, connu pour sa qualité d'orateur, s'était justement fait remarqué dans son combat face aux pirates, en Asie mineure, qui lui permit d'obtenir le consulat en 99, et ainsi de faire de sa famille une famille importante. Le père de Marc- Antoine, héritier de son grand-père, combattit lui aussi les pirates, même sans le même succès, puisqu'il perd face aux pirates crétois. Même si cet exemple de reprise de flambeau entre générations n'est pas unique, il n'en reste que le surnom de crétois afflige le père de Marc-Antoine. Ce dernier né donc d'une famille qui tire gloire et malheur de l'orient. [...]
[...] Romain ou étranger ? Les éléments exotiques chez Marc-Antoine D'Antoine (Marcus Antonius, de la gens des Antonii), l'histoire nous laisse la trace d'un vaincu, dont l'empereur Auguste reconnaît les qualités mais en les nuançant. A cette histoire du vaincu se greffe aussi le mythe d'Antoine Dernier prince d'orient (F. Chamoux, Marc-Antoine, le dernier prince d'orient), orient dont il aurait voulu faire un empire personnel, selon la propagande augustéenne. Aussi a-t-on l'habitude de voir les actions d'Antoine en orient en l'isolant de Rome et en en faisant un étranger. [...]
[...] C'est la première expérience militaire d'Antoine. Dans un premier temps, Antoine est chargé de rétablir le pouvoir d'Hyrcan II, ethnarque de Judée, puis, en 55, lorsque Gabinius stop son avancée contre les Parthes contre lesquels il était envoyé initialement, tout deux s'engagent, contre l'avis du Sénat romain, à replacer Ptolémée XII sur son trône. Ptolémée XII, pharaon de la dynastie des Ptolémée descendante du général d'Alexandre le grand, avait été chassé de son trône par les Alexandrins en raison de son rapprochement avec Rome et de la donation de l'île de Chypre à Rome. [...]
[...] Car, finalement, le personnage d'Antoine est vu comme oriental étranger du fait le plus souvent de l'ignorance des romains, des cultures et coutumes des peuples qui, pourtant, étaient des provinces de Rome. En héritant de certaines biens de pompée après la mort de ce dernier, assassiné par Ptolémée XIII, Antoine hérite aussi d'une grande partie des clients de Pompée, qui avait en grande partie organisé l'orient. A ceux-ci, nous pouvons ajouter ceux qu'Antoine se fit dans sa propre campagne, quand il approcha pour la première fois des Ituréens, archers redoutables, qui firent ensuite partie de sa garde personnelle. [...]
[...] En Grèce, Antoine se cultive aussi physiquement, ce qui fait dire à Plutarque que Antoine était dans sa jeunesse d'une éclatante beauté (Vie d'Antoine mais nous reviendrons plus sur cette esthétique particulière chez Antoine, dans notre dernière partie. Toujours est-il qu'à son retour à Rome, aux environs de l'an 60, Antoine fait preuve de discernement en se ralliant à Clodius, alors en pleine ascension politique. Ce choix montre le raisonnement politique d'Antoine mais montre aussi sa connaissance de la politique romaine. Peut-être même peut-on voir ce même discernement politique dans la première approche entre César et Antoine, avant que ce dernier parte en Orient avec des troupes gauloises à César. [...]
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