On peut se demander quelle est la place et le rôle du peuple dans cette période qui voit la crise puis la chute de la République. Nous étudierons d'abord la réforme des Gracques en 133 qui tente de modifier le rôle politique du peuple mais n'y parvient que temporairement puisqu'il redevient ce qu'il était avant ces mesures, pour quelques dizaines d'années. Une nouvelle évolution au profit du peuple (ou du moins de certaines de ses composantes) se profile avec Marius et ne fait que s'accentuer par la suite, malgré la tentative de restauration du Sénat mise en œuvre par Sylla (82) : c'est pendant cette période que se met en place un lien très fort entre le chef de l'armée et ses troupes. Enfin, une nouvelle étape est franchie avec la généralisation de l'emploi de la violence et l'utilisation du peuple, dépossédé de tout rôle politique réel, comme caution d'un pouvoir de plus en plus personnel.
[...] Le rang de Sénateur est donc réservé à une minorité de citoyens et monopolisé par quelques grandes familles, ce qui fait de ce conseil le symbole de la République oligarchique. Quant aux assemblées, en théorie lieu d'expression par excellence du populus, il en existe deux qui réunissent tous les citoyens à la fin de la République : les comices centuriates et les comices tributes. Les premiers, les comices centuriates, sont basés sur une répartition censitaire des citoyens remise à jour tous les cinq ans par les censeurs. [...]
[...] En effet, il est élu tribun pour 133 sur un programme de réforme, qui propose notamment une nouvelle répartition de l'ager publicus (terres appartenant à l'Etat) au profit des citoyens les plus pauvres, afin de leur permettre d'être de nouveau mobilisables. Ce programme obtient immédiatement l'adhésion du peuple (plebs) et l'opposition du Sénat puisqu'il se compose essentiellement de grands propriétaires fonciers qui risquent de perdre des terres. La nouveauté de ce rapport de clientèle créé par Tiberius Gracchus est qu'il ne concerne plus des rapports individuels qui assurent le pouvoir de l'aristocratie, mais avec un groupe social bien délimité. [...]
[...] Cette légitimité qu'il détient du peuple permet notamment à Ti. Gracchus de déposer en outrepassant ses pouvoirs le tribun Octavius qui s'opposait à lui. Suite à son assassinat en 132 après promulgation d'un senatus consulte ultime, ce parti est décapité et ne renaît véritablement que sous l'impulsion de Caius Gracchus, élu tribun pour 123 puis 122. Il reprend les idées de son frère mais élargit aussi sa clientèle à une nouvelle catégorie : les chevaliers, puisque sa réforme des tribunaux permanents (quaestiones) organise le remplacement des Sénateurs qui jugent les exactions des gouverneurs par des chevaliers. [...]
[...] La lutte politique se déplace sur le terrain militaire. L'un des premiers à agir ainsi est Sylla. Elu consul pour 88, il est chargé du commandement de la guerre en Orient contre Mithridate mais en est dessaisi par un plébiscite en faveur de Marius. Il refuse de rendre son commandement, marche sur Rome, et pour la première fois depuis le début de la République, entre en armes dans le pomerium. Le pouvoir militaire écrase le pouvoir civil, la souveraineté du peuple est directement remise en question. [...]
[...] Le rôle du peuple redevient ce qu'il était avant les Gracques. Voyons donc maintenant quel est précisément le rôle politique du peuple à Rome, qui met en évidence une des constantes du régime républicain à Rome : son caractère oligarchique. En premier lieu, nous allons étudier les institutions les plus fermées : les magistratures et le Sénat. L'accès aux magistratures est en effet limité par certaines conditions : avoir fait dix ans de service militaire dans la cavalerie, c'est-à-dire avoir un revenu minimal de sesterces par an. [...]
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