Le passage de l'un à l'autre de ces systèmes, c'est-à-dire du système des cités-Etats à la structure plus large de l'Etat œcuménique a privé l'individu de ses conditions de communication qui le consacrait comme citoyen auto-gouverné. Il s'est ainsi vu réduit, sinon à l'état de sujet du pouvoir, du moins à celui de simple citoyen du monde. Ce changement radical nous introduit au cœur du problème posé par les conquêtes d'Alexandre : comment maintenir un équilibre impératif entre la forme d'Etat local (identifié à la cité-Etat), qui assurait l'autonomie politique de l'individu, et l'autonomie du pouvoir qui annulait celle-ci et passait outre son existence et sa liberté politique au nom da sa vocation universelle ?
De quelle manière Alexandre parvient-il à gérer un espace politique aussi vaste ? Quelles sont les institutions mises en place pour répondre à la diversité sociale, politique, et culturelle du monde qu'il a conquis ?...
[...] Elle se heurta d'une part à la résistance de beaucoup de Grecs et de Macédoniens. L'immensité de l'empire, l'hétérogénéité linguistique, ethnologique, économique et culturelle empêchèrent une complète unification. Conscient de ces obstacles insurmontables, Alexandre se montra d'ailleurs très réaliste et respectueux des traditions locales et ne chercha pas à imposer à l'empire une unité intellectuelle, artistique ou religieuse. Lui seul assurait la cohésion de l'ensemble et sa disparition en fut l'exemple parfait. S'il ne put non plus pousser très loin l'achèvement d'une organisation politique au sein de l'empire, des organes politiques et administratifs furent cependant mis en place. [...]
[...] Cette identité culturelle commune, on la recouvre sous le terme d'Hellénisme, qui définit aussi bien la culture véhiculée par les Grecs en Orient que les mœurs grecques adoptées par les peuples Orientaux eux-mêmes. Dans toutes les royautés issues de l'ex- empire d'Alexandre le Grand, la présence disséminée de Grecs ou de Gréco- macédoniens a produit un même phénomène : la juxtaposition à la culture locale d'une culture étrangère partout identique, la culture hellénistique. La diffusion et l'implantation de la culture hellénistique sont les véritables exploits qu'Alexandre avait entamé de son vivant, grâce notamment à la politique de fusion qu'il avait tenté de concrétiser et même si celle-ci ne connut que des résultats médiocres. [...]
[...] Le roi y était différent du monarque hellénistique, absolu et exempt de tout contrôle. Il ne possédait que quelques pouvoirs et était soumis à un contrôle permanent qui le rendait irrévocable. Sa légitimité n'était donc pas d'origine divine. De même, l'impuissance des cités-Etats dans le royaume macédonien perdurait et avait été aggravée par une importante émigration en direction des possessions asiatiques et africaines sous Alexandre. On voit donc que politiquement, l'unité de l'ex-empire œcuménique a échoué. Mais d'un point de vue culturel et sur le plan de l'impact et la diffusion de l'Hellénisme érigé en valeur suprême, les trois monarchies issues de l'empire d'Alexandre représentaient une véritable communauté d'un point de vue culturel. [...]
[...] Mais dans ce qui reste de l'empire, l'Hellénisme perdura même au-delà des conquêtes romaines. C. Un morcellement politique qui divise les forces et provoque la chute des monarchies :le début de l'influence romaine. La fin de l'Hellénisme politique : la disparition des restes du système œcuménique. Les royaumes hellénistiques orientaux étaient en butte à une vive contestation de la part des populations indigènes ainsi qu'aux pressions exercées par leurs voisins à partir des deux derniers siècles avant notre ère. En effet, d'interminables hostilités opposant les Etats hellénistiques et les dissensions dynastiques ont causé des ravages considérables : le commerce s'est vu fortement affaibli parce que les échanges ne fonctionnaient plus qu'au ralenti, ce qui entraîna une baisse des revenus royaux. [...]
[...] Celle-ci marqua une rupture fondamentale dans cette période, puisque la famille royale fut exterminée, entraînant du même coup la fin de l'idée d'unité et l'éclatement définitif de l'Etat œcuménique. L'empire fut donc divisé en trois grands Etats et une multitude de plus petits. Les trois grandes monarchies hellénistiques qui sont apparues des débris de l'empire sont issues elles-mêmes d'un partage réalisé en : la monarchie des Séleucides se composait ainsi de la majeure partie des territoires asiatiques de l'ex-empire ; la monarchie ptolémaïque occupait, elle, la Phénicie et la Cyrénaïque, et est plus connue sous le nom de monarchie des Lagides ; le royaume de Macédoine se limitait lui aux territoires européens de l'empire et constituait le royaume des Antigonides. [...]
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