Rhètra d'Éptitadeus, Sparte, déclin de la société spartiate, homoioi, 4e siècle
Dans les premières années du quatrième siècle, Sparte est la cité la plus puissante du monde grec et exerce son autorité sans partage. À sa domination terrestre s'est ajoutée une force navale, si bien que Sparte, en plus de dominer la Grèce, peut se permettre de défier l'Empire Perse en refusant de rembourser les sommes prêtées par le Grand Roi durant la guerre du Péloponnèse, ou même en l'affrontant ouvertement lors de l'expédition d'Agésilas.
Pourtant les auteurs anciens considèrent souvent cette époque comme le début du déclin de Sparte, et même de sa décadence morale. En effet, la suite du quatrième siècle voit s'effriter la puissance militaire de la cité, tandis qu'au troisième siècle l'État lacédémonien est secoué par des révolutions et que les institutions traditionnelles sont mises à mal.
[...] Il peut s'agir de fils frustrés de leur héritage par leur père suite à la rhètra d'Epitadeus. Les fils légitimes étant les seuls à pouvoir hériter, les pères peuvent préférer avoir des enfants de femmes hilotes, soit pour éviter de fractionner les kléros, soit pour ne pas être mal vus en frustrant un fils légitime de son héritage lorsqu'il vendent leurs terres. Les fils de hulottes et de spartiates forment une catégorie à part. Ils peuvent peut être suivre l'agogè comme certains étrangers et combattre aux côtés des homoioi, mais ne participent pas à la vie politique. [...]
[...] On peut supposer qu'à l'époque archaïque les enfants recevaient effectivement un kléros pris sur une réserve constituée suite à la conquête de la Messénie mais que, le temps passant et la réserve se réduisant, les citoyens se sont approprié la terre civique en obtenant d'abord le droit de léguer leur lot à leur fils puis à n'importe qui -c'est à dire pratiquement le droit de la vendre- avec la rhètra d'Epitadeus, qu'il ne faut donc pas voir comme une rupture mais comme une étape d'un processus engagé depuis longtemps. Cette évolution a pu être très progressive: Sparte n'a pas comme Athènes la culture du droit écrit et ses loi se confondent avec ses coutumes. La grande Rhètra elle même se présente sous la forme d'une comptine que les enfants peuvent apprendre et réciter. [...]
[...] Il est donc possible que l'épisode de la rhètra d'Epitadeus ait été inventé au troisième siècle puis repris par Plutarque pour justifier le déclin de la Sparte sans remettre en cause l'esprit de ses anciennes institutions. Conclusion: La rhètra d'Epitadeus est révélatrice des évolutions et des problèmes auxquelles la société spartiate peine à faire face au quatrième siècle. Qu'elle soit authentique ou non, elle soulève la question de la répartition des terres, principale cause de la stases dans les cités tout au long de l'histoire grecque. Elle rappelle aussi les contradictions entre l'idéal autarcique et la pratique de l'impérialisme qui encourage le développement de l'économie monétaire et affaiblit la cohésion du corps civique. [...]
[...] Plus tard, la rhètra d'Epitadeus a pu encourager les Spartiates à ne pas avoir de fils ou au moins pas de fils légitime afin de pouvoir vendre sans remord leur kléros au plus offrant. Mais de toute façon le système du kléros encourageait la dénatalité: le morcellement des terres entre héritiers pouvant entraîner la déchéance de la citoyenneté pour incapacité à participer aux syssities, mieux vaut n'avoir que peu d'enfants. L'impact des guerres en est augmenté, puisque la mort d'un seul fils peut laisser une famille sans héritiers mâles et multiplier le nombre de patrouchoi. [...]
[...] On sait qu'un Épitadas est mort devant Pylos au début de la guerre du Péloponnèse, mais la réforme est généralement placée à la fin du cinquième siècle ou au tout début du quatrième. Le fond du problème est que la kléros devient aliénable. La liberté de léguer sa terre à n'importe qui, et même de la céder de son vivant, rend possible la vente déguisée du kléros et permet ainsi aux plus riches de se constituer de vastes domaines. Le rôle du lot de terre inaliénable était de garantir l'égalité entre citoyens, ou au moins un seuil minimum de revenu à chacun. [...]
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