Le terme de « barbare » a une étymologie grecque et désignait tous les « non Grecs », ceux qui ne parlaient pas le grec. Les Romains reprennent ce mot pour nommer tous les hommes qui habitent en dehors des frontières de l'Empire, les étrangers. Cependant, la méfiance dont ils faisaient preuve envers les barbares a beaucoup été exagérée par les textes modernes, et nous allons voir que Rome avait de nombreux rapports avec eux.
Pour ce faire, nous allons nous intéresser à l'armée, censée être un ensemble de conscrits : le service militaire était un devoir civique, et non un métier. Pourtant, de nombreux étrangers ont fait l'objet d'un recrutement romain : quel était leur rôle et leur place ? Par quels moyens rentraient-ils dans l'armée ? Où, quand et pourquoi ont-ils été enrôlés ? Nous ferons cette étude dans l'ordre chronologique pour mettre en évidence les évolutions de ce recrutement entre le début de la République et la fin du Bas-Empire.
[...] En général, ces contingents étaient transférés dans des provinces éloignées. La majorité de ces régiments étaient composés de soldats volontaires, mais ils comportaient aussi des hommes recrutés par le biais de chefs locaux liés à Rome par des accords et honorés de la citoyenneté pour l'occasion. C'est le cas des régiments de cavalerie irrégulière mobilisés chez les Maures d'Afrique du Nord, ce qui entraina un mécontentement de certains et fut une des causes des révoltes locales en Maurétanie : l'intégration par le service militaire est un processus qui profite d'abord et surtout aux élites. [...]
[...] Les mercenaires étaient alors appelés mercennarii ou misthophoroi. Ils ne doivent pas être confondus avec les auxilia qui avaient un statut juridique proche de celui des alliés. Des levées d'auxiliaires étaient couramment effectuées auprès des princes et des cités, mais une proportion de mercenaires y était certainement aussi prélevée. Le montant de la rémunération des mercenaires reste obscur et a fait l'objet de plusieurs hypothèses allant de l'égalité de la solde de légionnaire à des paiements nettement inférieurs (à l'époque hellénistique, le salaire équivalait à celui d'un ouvrier de qualification moyenne). [...]
[...] On a toujours un recrutement de régiments ethniques au sein des populations non romanisées près des frontières. On les appelle maintenant des numeri, nom auquel est ajoutée une désignation ethnique. Ce terme désigne principalement les régiments détachés d'un autre contingent préexistant et transférés dans une autre région. Les soldats sont enrôlés parmi les mêmes populations provinciales qui forment les auxilia, et leurs noms sont également un mélange barbare et romain. Le terme de numeri va ensuite se modifier pour désigner des régiments de formation récente, constitués en marge de l'organisation régulière, et rassemblant des guerriers barbares spécialisés. [...]
[...] L'armée romaine possède deux rôles : l'un est officiel pilier du pouvoir impérial et l'autre est officieux melting-pot où se réalise la romanisation des immigrés. C'est d'ailleurs ainsi que l'Empire finit par tomber, au cours du Vie siècle, entre les mains des généraux barbares auxquels il a ouvert ses portes. Références bibliographiques : -A. BARBERO, Barbares : immigrés, réfugiés et déportés dans l'empire romain, éditions Thallandier, Paris (352 p.). -Y. GARLAN, La guerre dans l'Antiquité, éditions Nathan, Paris 1999 (p. [...]
[...] Le dernier diplôme de vétérans connu est délivré en 203. Les pérégrins restants sont les dedicii, des groupes de réfugiés ou d'immigrés individuels. Sous les Sévères, l'Empire commence à embaucher des déserteurs pour la solde ou des prisonniers de guerre, notamment les Leones, la garde de Caracalla composée de Goths et Germains. Les numeri barbares et les bandes mercenaires sont un appui visible, mais numériquement secondaire pour les armées de cette époque. Durant la crise du IIIe siècle, l'installation de colons immigrés dans des zones dépeuplées et l'incorporation de recrues barbares dans l'armée régulière devinrent des actes routiniers. [...]
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