Gracques, société romaine, Claude Nicolet, Tiberius Gracchus, Caius Gracchus, Tribun de la plèbe
La société romaine, bien que hiérarchisée, regroupe l'ensemble des individus qui participent ou non de la vie politique de la société, mais qui font avant tout « monde » ensemble, qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes codes et un même régime politique c'est-à-dire des individus unis et qui interagissent au sein d'un même groupe. Il s'agit alors de prendre en compte : les élites romaines (patriciens et « homines novi ») qui forment une « nobilitas », les plébéiens, les femmes romaines, mais également les pérégrins qui ont obtenu la citoyenneté romaine, les affranchis (anciens esclaves qui ont gagné leur liberté), et les esclaves (très nombreux dans la société romaine en particulier dans les travaux agricoles et dans les maisons de citoyens libres en tant que domestiques). Dans cette mesure, la société peut partager un imaginaire commun, un idéal, elle est rythmée par des aspirations, des idéologies, des désirs personnels et communs, en définitive, des individualités qui doivent « faire société » ensemble. Toutefois, un problème se pose à l'arrivée des Gracques, comment « faire société » et adapter les esprits romains aux nouvelles donnes de l'Empire : c'est-à-dire aux différentes mutations sociales et économiques, à la domination sans relâche de la « nobilitas » qui révèle des inégalités croissantes au sein de la société, à la montée en puissance de figures charismatiques, à l'émergence de factions politiques opposées qui minent la République et enfin, à l'expansion sans précédent d'un Empire qui subit lui-même les effets et l'influence de ses conquêtes.
[...] L'épisode des Gracques a en effet permis l'élaboration de réformes qui remettent au jour la question de la souveraineté populaire face à la « nobilitas » qui souhaite sauver sa domination. Les Gracques ont essayé d'accomplir une ?uvre révolutionnaire, en proposant des solutions aux problèmes posés par le nouveau paysage socio-économique. Par ailleurs, ils visaient à saper une oligarchie fossilisée en ouvrant à la République à des perspectives plus larges. Ainsi, Tiberius Gracchus, issu de la noblesse plébéienne, s'est fait élire pour l'année 133aC en tant que tribun de la plèbe « populares » et par conséquent, proposé des réformes pour résoudre non-seulement la crise agraire, mais également le problème de recrutement militaire. [...]
[...] La mort des Gracques inaugura par conséquent l'ère des guerres civiles qui vont mener la République à sa perte. Ainsi, à partir des années 130aC dans la fièvre des partisans « populares », en lutte contre le Sénat et la nobilitas, en pleine crise sociale, un mythe s'effondre : celui d'une société romaine soudée et unie qui maintient l'équilibre du système républicain. Par ailleurs, nous pouvons nous demander quel lien peut être fait entre l'instauration de la violence en politique à Rome et la fin de la république et dans cette mesure, la violence exacerbée au sein de la société échappant au contrôle de l'autorité républicaine à partir des Gracques peut-elle être considérée comme à l'origine de l'effondrement républicain ? [...]
[...] En effet, la société romaine bien que hiérarchisée, regroupe l'ensemble des individus qui participent ou non de la vie politique de la société mais qui font avant-tout « monde » ensemble, qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes codes et un même régime politique c'est-à-dire des individus unis et qui interagissent au sein d'un même groupe. Il s'agit alors de prendre en compte : les élites romaines (patriciens et « homines novi ») qui forment une « nobilitas », les plébéiens, les femmes romaines, mais également les pérégrins qui ont obtenu la citoyenneté romaine, les affranchis (anciens esclaves qui ont gagné leur liberté), et les esclaves (très nombreux dans la société romaine en particulier dans les travaux agricoles et dans les maisons de citoyens libres en tant que domestiques). [...]
[...] On assiste ainsi au début du « règne de l'épée », formule empruntée à Velleius Paterculus pour annoncer la dégradation éthique et morale de la société romaine qui ne dédaigne plus recourir à la violence. En définitive, la mort des frères Gracques révèle la fragilité de la société romaine, inadaptée aux nouvelles donnes de l'Empire. Les nombreuses crises qui traversent la société marquent ainsi le début d'une tendance de la fin de la République où les tensions et les conflits éclatent dans la violence. [...]
[...] Par conséquent, dans quelle mesure l'état de la société romaine au moment des Gracques illustre-t-il la difficile adaptation des institutions de la Respublica et de la société aux nouvelles donnes de l'Empire et dans cette mesure, en quoi l'arrivée des Gracques au pouvoir révèle-t-elle la fragilité de la société romaine ? Nous soulignerons tout d'abord qu'à l'arrivée des frères Gracques dès les années 130aC, la société romaine est divisée et inadaptée aux nouvelles donnes de l'Empire. Par ailleurs, nous interrogerons ce que Claude Nicolet nomme « la révolution grachienne » (C.Nicolet) entre espoir et désillusion, l'occasion une nouvelle chance redonnée à la société romaine pour sortir des crises qu'elle traverse. [...]
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