Au printemps de l'année 399 avant notre ère, l'arrivée d'un navire sacré revenant de Délos, pour commémorer la victoire de Thésée sur le minotaure, fut douloureusement ressentie par les disciples du philosophe Socrate. C'est en effet au retour de ce navire que la sentence du tribunal athénien envers Socrate dû être appliquée : il fut mis à mort. Il avait alors 70 ans et dispensait depuis de longues années son enseignement à un public varié. Pourtant il n'avait jamais été inquiété jusqu'alors. En fait, c'est surtout le contexte politique et social qui avait changé. Le "siècle de Périclès" s'était éteint pour laisser place à l'incertitude. En effet Athènes restait marquée par les crises de 411 et 404 qui avaient mis à jour une révolution oligarchique. Malgré le retour au pouvoir des démocrates en 403 et la proclamation de l'amnistie, Athènes demeurait meurtrie. Elle n'avait plus de flotte, plus de chantiers et peu d'argent. C'est donc dans cette conjoncture que s'ouvre le procès de Socrate. Comment le premier régime «démocratique» de l'humanité a-t-il pu faire mourir un homme dont le seul crime fut de poser des questions ? C'est un paradoxe que nous tenterons d'éclaircir, par l'étude du contexte dans lequel cet homme fut condamné, puis son procès, et enfin une interprétation de ce procès.
[...] En fait, c'est surtout le contexte politique et social qui avait changé. Le "siècle de Périclès" s'était éteint pour laisser place à l'incertitude. En effet Athènes restait marquée par les crises de 411 et 404 qui avaient mis à jour une révolution oligarchique. Malgré le retour au pouvoir des démocrates en 403 et la proclamation de l'amnistie, Athènes demeurait meurtrie. Elle n'avait plus de flotte, plus de chantiers et peu d'argent. C'est donc dans cette conjoncture que s'ouvre le procès de Socrate. [...]
[...] II) Un procès traditionnel L'accusation C'est au printemps 399, qu'un jeune poète, nommé Mélétos, déposa une plainte contre Socrate. Deux hommes la signèrent également : un orateur nommé Lycon et un des auteurs du rétablissement de la démocratie appelé Anytos. Ils l'accusèrent de ne pas reconnaître les mêmes dieux que la cité, d'introduire des divinités nouvelles et de corrompre la jeunesse. C'était une accusation courante qui s'inscrivait tout à fait dans le traditionalisme religieux de la Grèce Classique. En effet, l'impiété était souvent considérée comme un délit par la communauté civique. [...]
[...] Il consacra même ses derniers moments à dialoguer avec ses amis sur l'immortalité de l'âme. Cette fin volontaire a suscité chez ses deux jeunes disciples, Platon et Xénophon, des récits passionnés du procès et de la mort de leur maître, faisant naître la figure énigmatique de Socrate, que l'on ne connaît que par les récits de ses élèves, et les allusions d'Aristophane. En tout cas, l'interprétation de ce procès qui a conduit à sa mort est difficile. La conjoncture pourrait être une explication comme on l'a vu dans la première partie. [...]
[...] L'oracle de Delphes aurait un jour affirmé que nul n'était plus sage que Socrate. Il devient alors ce Socrate vivant pauvrement, n'exerçant aucun métier, parcourant les rues d'Athènes, vêtu plus que simplement et sans chaussures, et cherchant à rendre ses contemporains plus sages. Il aurait reçu d'une voie intérieure, le daimon, la mission de vivre en philosophant, en se scrutant lui-même et les autres. Son "école", c'est l'agora, la place publique où il se promène au milieu des gens, bavardant avec tous et les interrogeant, en prenant comme sujets de méditation les problèmes de la vie quotidienne. [...]
[...] Le problème des sources En effet, les témoignages divergent. Tout d'abord Platon: il avait 20 ans quand il rencontra Socrate, en 407. Presque tous les dialogues platoniciens sont constitués de la présence de Socrate. Des oeuvres comme l'Apologie de Socrate, le Criton ou le Phédon sont de précieux témoignages. Mais il faut souligner l'originalité de la personnalité de Platon qui nous empêche d'attribuer à Socrate tous les propos écrits dans ces oeuvres. Une partie aurait été composée avant la mort de Socrate et serait donc un témoin fiable de l'enseignement socratique, mais le reste serait constitué de propos purement platoniciens. [...]
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