En 168, le général Romain Paul-Émile est victorieux de Persée le Macédonien à Pydna. Les principales menaces de Rome ont été éliminées, le butin des conquêtes est immense et la puissance Romaine paraît sans limites. L'historien Grec Polybe, déporté à la suite de Pydna écrira peu après son arrivée à Rome que la cité tient sa puissance de sa constitution parfaite équilibrant plusieurs pouvoirs, plusieurs types et détenteurs de la souveraineté. « Il n'est pas possible de découvrir de système politique supérieur à celui-là. » écrira-t-il dans le livre VI de ses Histoires. A travers le prisme de la pensée grecque, Polybe voit en Rome la cité idéale qui s'appuie à la fois sur le pouvoir personnel avec la magistrature aux pouvoirs exceptionnels qu'est le consulat, sur le pouvoir des meilleurs, les aristoï regroupés au sein du sénat et enfin sur le pouvoir du démos assemblé dans les comices, les assemblées du peuple romain.
La « constitution » de la cité, issue d'une lente élaboration depuis la chute de la royauté en 509 instaure en effet des institutions fortes avec les magistratures et le sénat, donne une partie du pouvoir de décision au peuple dans les comices et se nourrit d'une vie politique en perpétuelle effervescence. Cependant, à peine une trentaine d'années après Pydna, la République s'enfonce dans un cercle de tensions sociales fortes débuté avec la première loi gracquienne ou loi agraire, visant à une meilleure répartition des terres de la cité : l'ager publicus. L'idéal de parfait équilibre des pouvoirs vanté par Polybe paraît alors bien loin.
Ainsi se pose les questions de savoir quels sont les principes institutionnels régissant la cité romaine et comment se rythme la réalité de sa vie politique. Les institutions de la cité état sont-elles encore aptes à répondre à la dilatation de ses possessions ? La réponse à ces questions sera discutée à travers l'étude successive du mos maiorum, les institutions léguées par les anciens ; puis de la réalité politique d'une cité aux mains de ses élites et enfin des troubles politiques rencontrées par la République au IIème siècle.
La cité Romaine tient son fonctionnement institutionnel à un ensemble de règles informelles regroupées dans ce que les Romains eux-mêmes qualifient de mos maiorum, sorte de constitution héritée du temps et reconnue par tous (...)
[...] Mais le IIème siècle connaît aussi un fort élan législateur visant à rétablir l'équilibre de la constitution des anciens. Touchant à des domaines divers tels que la corruption, la protection de l'arbitraire ou encore la protection de la liberté du vote, ces lois vont tenter de protéger le citoyen romain de la montée en puissance de réseaux de pouvoirs parallèles. En 159, la lex Cornelia Fulvia, qui vient compléter une loi de 181, la lex Cornelia Baeba, vise à limiter la corruption électorale. [...]
[...] Ainsi Tite Live pourra dire dans la Constitution de Servius Tullius : Les cavaliers votaient les premiers, puis les quatre vingt centuries de la première classe ; ainsi, il fallait un désaccord entre elles, ce qui était rare, pour qu'on appelât la deuxième classe ; presque jamais on ne descendait jusqu'aux basses classes. Les comices tributes fonctionnent de la même manière à l'exception près que le découpage n'y est pas censitaire mais géographique, les citoyens romains sont répartis en 35 tribus de la ville et 31 de la campagne. On vote donc sans condition de richesse ni de prestige. [...]
[...] La montée en puissance de ces hommes forts semble alors menaçante pour la survie des institutions républicaines. Nous avons donc vu que la réalité de la pratique politique contraste avec une vision qui serait simplement institutionnelle. Les magistratures sont sans cesse briguées par l'élite alors que les assemblées sont très inégalitaires dans leur fonctionnement. La période allant de Pydna aux Gracques est marquée par ce fossé croissant entre les institutions issues du mos maiorum des ancêtres et la réalité d'un pouvoir aux mains d'une élite. [...]
[...] Le IIème siècle avant JC est donc une période de changements politiques et sociaux cependant marquée par une volonté manifeste de contenir au maximum ces changements. L'inadaptation du mois maiorum paraît être constatée par la classe politique romaine qui va cependant essayer de contenir les changements de la société plutôt que de réformer les institutions. La cité Romaine est donc fondée sur des institutions héritées des temps ainsi, la République telle que ses institutions fonctionnent au IIème siècle paraît avoir été finalisée au début du IVème siècle. [...]
[...] Ce recrutement exclut de la compétition politique les citoyens moins bien nés. De plus une certaine catégorie restreinte de la population, la nobilitas, s'estime seule capable de conduire les plus hautes charges de la République et utilise leurs relations familiales et leurs clientèles afin de s'en réserver l'accès. La famille noble est caractérisée par la présence d'un ancêtre ayant été consul, l'apparition d'hommes nouveaux est très rare dans ce cercle fermé. Le poids très importants des réseaux de clientèles romaines permet à ces grandes familles de s'entendre et de barrer la route de la magistrature suprême aux citoyens non nobles. [...]
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