La recherche archéologique a souvent été associée à la fouille de nécropoles et de tombeaux. La découverte de la tombe de Toutankhamon et l'émerveillement qu'elle a suscité ont certainement contribué à ce phénomène. Les découvertes du Britannique Léonard Woolley dans le cimetière royal d'Ur provoquèrent un éblouissement quasi semblable. Elles révélèrent pour beaucoup l'incroyable richesse de la civilisation mésopotamienne, peu connue des néophytes.
Pourtant, ce pays « entre deux fleuves » (du grec meso : milieu, potamos : fleuve), la Mésopotamie, fut le berceau de l'écriture au IVe millénaire av J.-C. On estime que la région fut une des premières à connaître les progrès de l'irrigation et de l'agriculture. Elle connut très tôt une « révolution urbaine » qui permit le regroupement des hommes et la naissance d'une civilisation complexe. Si ce phénomène est particulièrement reconnaissable au Vème et IVe millénaire av JC dans les plaines du sud, la Mésopotamie englobe en revanche toute la région du Proche-Orient situé entre les deux grands fleuves que sont le Tigre et l'Euphrate. Elle correspond sensiblement aujourd'hui à l'actuel Irak.
La recherche archéologique joue un rôle important dans l'étude de la civilisation mésopotamienne malgré cette présence inédite de l'écriture, notamment du fait du manque de sources. De même, cet exercice de l'écriture était réservé à une élite, les scribes. Les ressources écrites, bien qu'infiniment précieuses, ne peuvent donc pas nous fournir un panorama complet de la civilisation mésopotamienne.
Les pratiques funéraires ont une place privilégiée dans le cadre de ces études. La découverte de nombreux et divers sites a permis d'en faire un objet de recherche important. Néanmoins, de nombreuses difficultés compliquent cette tâche. Les tombes et nécropoles ont souvent été trouvées en très mauvais états. Ainsi, les fouilles effectuées donnent la plupart lieu à des interprétations de ces pratiques funéraires plus qu'à de véritables connaissances. La datation pose également souvent problème. Du fait de cette difficulté, et par souci méthodologique, nous limiterons grosso modo cette étude au IIIe millénaire av. J.-C..
On peut donc se demander en quoi les pratiques funéraires et leurs dimensions symboliques nous renseignent sur la civilisation mésopotamienne.
[...] Jean- Daniel Forrest résume cette analyse. Il rappelle qu'il existe un lien fondamental qui unit le domaine funéraire à celui de l'organisation sociale Structures et inégalités Plusieurs éléments des pratiques funéraires peuvent nous aider à reconstituer partiellement ce qu'étaient les structures de la société mésopotamienne durant l'époque de notre sujet, tout comme les inégalités qu'elles engendrent. La multitude de tombes trouvées au sein même de l'habitat, comme sur les sites d'Abu Salabikh, de Khafajeh, de Tepe Gawra, voire peut-être de Kish indique assez clairement que l'unité essentielle de la civilisation mésopotamienne est la famille. [...]
[...] Ces pratiques de purification étaient suivies d'une période de deuil de la famille. Celle-ci devait pleurait le mort et se lamentait. Selon Joannès, une des pratiques des plus courantes du deuil consistait à déchirer son habit et à se recouvrir la tête de poussière. Même si l'esprit, l'etemmu du défunt quittait alors son corps, il restait de celui-ci ce que l'on considérait comme la charpente et l'armature de l'homme en vie : les ossements. Ces derniers préservaient une valeur primordiale pour les familles des défunts. [...]
[...] On peut différencier des fosses plus modestes et inversement deux tombes de grandes tailles. Le mobilier funéraire est composé de poteries, de parures et parfois de quelques armes de cuivres. On a retrouvé également, à l'extérieur des tombes, de grandes jarres et des empilements de bols. Une centaine de tombes ont été également explorées récemment à d'Abu Salabikh à vingt kilomètres de Nippur. Il ne s'agit cependant pas d'un cimetière : celles-ci ont été retrouvées à l'intérieur de l'habitat, les fosses étant accessibles par un puits. [...]
[...] Certaines sont trouvées à l'intérieur de nécropoles plus ou moins vastes, qui se trouvent à une distance variable des habitations alors que les autres se situent au sein même des maisons, le plus souvent en sous-sol. Les différents sites fouillés La plupart des sites funéraires fouillés relatifs à notre étude, le IIIe millénaire av. J.-C., sont sumériens, comme ceux de Kheit Qasim, de Kish, d'Abu Salabikh ou encore de Khafajeh. On a également exploré entre autres les tombes royales d'Ebla, et au nord de la Mésopotamie le site de Tepe Gawra. Il serait impossible de donner ici un aperçu exhaustif de ces nombreuses fouilles. [...]
[...] Leurs descendants pouvaient ainsi facilement veiller sur eux. Outre les rites de purification et de deuils cités plus haut, un ensemble de mesures consistaient à sauvegarder la survie du mort en l'empêchant de tomber dans l'oubli. Son nom devait ainsi être prononcé. Il fallait surtout nourrir le défunt et lui apporter des biens indispensables pour sa vie dans l'autre monde. Ainsi, les objets que l'on pourrait qualifier d' utiles trouvés dans (ou à proximité) des tombes, comme la vaisselle, les ustensiles de travail ou encore les armes de guerre, étaient sensé servir au mort dans sa nouvelle existence. [...]
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