Pline l'Ancien ou Caius Plinius Secundus (Novum Comum v.23 – Vésuve 79 ap.) se donne cet objectif lorsqu'il écrit sa volumineuse encyclopédie Historia Naturalis, après avoir servi dans l'armée en Germanie et au barreau à Rome, il se lance dans une écriture vive qui utilise tout son savoir pour comprendre la nature des choses et des peuples, cette curiosité naturelle le mènera d'ailleurs à la mort durant l'irruption du Vésuve. L'autre auteur est le célèbre vainqueur de la Guerre des Gaules, Caius Julius Caesar (Rome v.100 - Rome 44 av.), qui, après une brillante carrière politique à Rome, suivant un cursus honorum exemplaire, accède au proconsulat de la Gaule, son ambition pour le pouvoir lui permet de saisir sa chance et de conquérir les Gaules de 58 à 51 avant notre ère, écrasant la résistance de Vercingétorix. Pour asseoir son pouvoir et rendre compte de son triomphe à Rome et à son peuple il écrit, avec Hirtius, son secrétaire, le « best-seller » de l'Antiquité : Guerre des Gaules. Si le premier, Pline, cherche à comprendre, le second, César, bien qu'on puisse lui reconnaître une certaine objectivité, reste d'une partialité importante notamment dans son livre VI, la gloire revient à celui qui sort victorieux d'une lutte contre le puissant ennemi mais qui ne peut rivaliser avec son nouveau maître, c'est là l'idée du récit de César qu'il travaille comme un carnet de route en huit livres destiné à sa propagande. L'attention sera donc portée sur ces deux auteurs et leurs écrits, afin de développer le constat de base énoncé plus haut : en analysant le regard romain comment percevoir le peuple gaulois, et plus particulièrement ses pratiques, ici le sacrifice, présenté comme essence du schéma de pensée d'un peuple. Pour ce faire, après avoir observé ce peuple gaulois perçus et définit comme superstitieux, il sera plus aisé d'appréhender les acteurs du culte et enfin, l'acte en lui-même, considéré comme acte de barbarie.
[...] Alors que les Romains civilisent leurs dieux, les Gaulois dévient la colère divine qui pourrait s'abattre sur l'un d'eux vers un autre, ainsi voit-on ceux qui sont atteints de maladies graves, ceux qui risquent leur vie [ ] immoler ou faire vœux d'immoler des victimes humaines (l.2-3) L'immolation dans ce rite d'expiation fait référence à l'immolatio romaine c'est-à-dire la phase de mise à mort autour de laquelle s'articule la cérémonie du sacrifice romain de type sanglant et alimentaire qui semble, aux dires de Pline, se présenter de la même façon chez les Gaulois : tuer un homme [ ] et le manger (l.11), ce dernier point est à remettre fortement en doute, il s'agit là d'une exagération typique d'auteurs gréco- romains qui assimilent leurs pratiques, sacrifice sanglant alimentaire, à celle des Gaulois afin que le lecteur fasse immédiatement le parallèle entre les deux cultures et soit choqué par la violence et le barbarisme de la seconde.[2] Au terme de ce premier point il semblerait que le peuple gaulois soit opposé aux romains non seulement dans la pratique cultuelle comme nous le verrons plus avant, mais aussi dans les cadres mêmes de la religion, dans la façon de penser le lien qui unit hommes et dieux. On relèvera bien entendu le travail d'écriture des auteurs classiques qui opèrent une subtile mise en parallèle des deux cultures afin de témoigner plus encore contre le barbare gaulois. Cette doctrine est entretenue par un groupe social bien distinct formé des prêtres, les maîtres du sacré que sont les druides. II. [...]
[...] Leur doctrine a été élaborée en Bretagne, et de là, pense-t-on, apportée en Gaule César, De Bello Gallico, VI Hippolyte (175-250) au IIe siècle de notre ère assure dans son Philosophumena (I,XXV) : Les druides des Celtes ont assidûment étudié la philosophie de Pythagore Clément d'Alexandrie (150-215) à l'inverse : Pythagore était un auditeur des Galates et des Brahmanes plus loin, La philosophie a été florissante dans l'antiquité chez les barbares, répandant la lumière sur les Nations. Au premier rang sont [ ] les philosophes des Celtes et les mages de Perses. [...]
[...] Dès l'Antiquité, et jusqu'à nos jours, les Celtes ont incarné un peuple sauvage aux pratiques barbares, pratiques qui ne s'éloignaient pourtant guère de celles des dits civilisés. Le sacrifice est le fondement de ces pratiques tant dénoncées, en qualité d'émanation cultuelle d'un groupe social, il en révèle la nature profonde, aussi, l'idée de barbare est elle restée attachée, en qualité de concept inconscient, à l'appréhension du peuple gaulois. Les sources sont minces voire inexistantes, il n'existe en effet qu'un héritage produit par les civilisés et par conséquent subjectif et réducteur voire péjoratif ou plus simplement exagéré. [...]
[...] Il s'agit donc d'écrits de légitimité et par définition subjectifs, c'est pourquoi il est difficile d'en extraire le vrai du faux. Secondement et pour aller plus loin dans cette analyse, ces écrits sont le fruit du peuple romain (peuple et portent sur le peuple gaulois (peuple ainsi il ne nous renseigne que peu sur l'un ou sur l'autre, mais nous renseigne précieusement sur le regard de A sur sur les différences et le clivage qui sépare les deux mondes, A étant compris comme supérieur à jugé barbare. [...]
[...] Des dieux sauvages assoiffés de sang La barbarie des Gaulois semble s'accroître sous l'action même des dieux, ces dieux qui réclament le sang des hommes : on ne saurait apaiser les dieux immortels qu'en rachetant la vie d'un homme par la vie d'un autre homme. (l.5-6) La violence de cet acte trouble la sérénité du rapport entre hommes et dieux, d'autant que ce rapport ne connaît pas la Pax Deorum instituée à Rome et qui donne son sens aux pratiques religieuses. [...]
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