A la lecture de ce sujet, nous pouvons relever, semble-t-il, plusieurs paradoxes. Polybe, vivant au IIe siècle avant notre ère, grec de naissanc, serait donc passé dans la postérité pour avoir écrit au sujet de l'impérialisme romain. Qu'est-ce que l'on appelle impérialisme romain ? Par définition, l'impérialisme correspond à la politique d'un Etat visant à réduire d'autres États sous sa dépendance politique, économique ou militaire. Cet impérialisme est d'autant plus difficile à comprendre que l'Empire romain n'existe pas encore. La République romaine, à partir des guerres puniques, a voulu conquérir progressivement tout le monde habité autour de la Mare nostrum, donc la Méditerranée. Or, il s'avère que ces guerres puniques opposant Rome et Carthage ont cours au IIe siècle avant notre ère, donc au moment où Polybe évolue. Polybe est donc contemporain des conquêtes romaines en Afrique et même en Grèce, et mieux que cela, Polybe est à la fois témoin et acteur. Cela signifie qu'il fait de l'Histoire avec aucun ou peu de recul (...)
[...] Selon les façons de voir courantes parmi les Grecs de cette époque, de telles ambitions restent le privilège de certaines individualités exceptionnelles, possédant un génie vraiment royal qui les autorisait à tenter la grande aventure. Ainsi, Polybe constate avec étonnement que le grand Scipion l'Africain ne veut pas, malgré la supériorité de son génie, qu'on le fasse roi et préfère rester un simple magistrat romain. C'est ainsi, qu'il est amené à leur prêter une sorte de vocation impériale, une vocation réelle, semble-t-il, longtemps inconsciente qui les aurait prédestinés à la conquête du monde. [...]
[...] A l'intérieur de chaque division annuelle le récit suit un ordre géographique fixe. L'auteur commence par l'Occident et expose les événements de l'année successivement en Italie, en Espagne et en Afrique. Puis il traite l'histoire de l'Orient, c'est-à-dire, dans l'ordre, celle de la Grèce, de l'Asie et de l'Egypte, avec Cyrène. Chacune de ces histoires régionales est à son tour, subdivisée en histoires locales. D'abord les histoires particulières de chaque pays, séparées à l'origine, viennent à se réunir dans une histoire générale, un peu les affluents se jettent dans le fleuve principal, ou pour reprendre la métaphore de Polybe, comme des fils qui s'unissent pour former un réseau. [...]
[...] Polybe est absent de Grèce au moment des difficultés entre Rome et la Confédération ; il n'assiste donc pas en 147 aux réunion d'Aigion et de Tégée, ni même aux deux assemblées dramatiques de Corinthe en 146. Mais lorsqu'il revient pacifier le Péloponnèse après la guerre de Corinthe, il ne manque pas de témoins pour lui en faire le récit. En outre, on loue chez Polybe, l'abondance des documents et le goût du document authentique, en particulier du texte épigraphique. Mais surtout il semble avoir aperçu l'un des premiers, avec Ephore, l'intérêt du document original dans la discussion historique. Il fait état d'un grand nombre de documents originaux. [...]
[...] Des Histoires au service de l'impérialisme romain ? Avant tout, ses Histoires s'adressent aux futurs hommes politiques, qui profiteront de l'expérience du passé et, en des cas analogues, sauront comment se comporter ; en outre, elle doit être utile aux esprits sérieux, avides de comprendre vraiment les faits. Découvrant le monde politique romain, il décide bientôt d'écrire, à l'intention du public grec, un ouvrage relatant et expliquant les fulgurants progrès de Rome au cours des 53 années qui s'écoulent entre le début de la deuxième guerre punique et la chute de la monarchie macédonienne, avec le règlement qui suit (220-167) telle est l'intention dont il fait part au début du livre I. [...]
[...] Polybe est le dernier écrivain de la Grèce libre et l'historien de la conquête romaine. En dehors de quelques œuvres perdues, d'une Vie de Philopoemen, de la Guerre de Numance (selon Cicéron) et d'un Traité de tactique, Polybe a écrit les Histoires dont les cinq premiers livres nous sont parvenus entiers et le reste n'est constitué que de fragments. Ses Histoires ne comptaient pas moins de quarante livres. A l'origine, son projet devait commencer en 220 (veille de la seconde guerre punique) et s'arrêter en 167 (date de la défaite de Persée à Pydna). [...]
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