Le Pirée

Résumé du document

Lorsqu'on se lance dans une étude approfondie de l'espace urbain athénien on ne peut y exclure le Pirée, qui fait partie intégrante des traits originaux de cet espace. Cette oeuvre témoigne du programme de reconstruction que la Grèce connaît à la fin du VIe siècle ; une reconstruction qui n'est pas menée partout au même rythme, mais qui, en un siècle transforme complètement le visage d'Athènes. Un nouvel aménagement des espace athéniens se produit alors, auquel contribuent tant les démocrates, comme Thémistocle ou Périclès, que les défenseurs de l'aristocratie, comme Aristide ou Cimon. L'étude du Pirée est forte intéressante car à l'époque classique, il n'y a pas une mais deux ville en Attique, intrinsèquement liées par des Longs Murs, qui forment comme un cordon ombilical entre les deux pôles de la conurbation. Cependant à l'époque dont nous traitons, le Pirée n'est rien de plus qu'un dème de la cité des Athéniens, jouant simplement un rôle particulier en raison de l'emporion, le port proprement dit. Mais alors la question se pose, en quoi la disposition et l'aménagement du Pirée témoignent-ils de la puissance d'Athènes sur la mer ? L'importance est de connaître les caractéristiques du Pirée et leur prise en charge.

Extraits

[...] Les programmes de Thémistocle et de Cimon C'est à Thémistocle, cet homo novus, archonte, que l'on doit attribuer une claire vision du destin d'Athènes et une habileté consommée pour réaliser ses plans. Alors que tous pensaient, nous dit Plutarque, que Marathon marquait la fin des hostilités avec les Barbares, Thémistocle était, lui, persuadé qu'il ne s'agissait que d'un début et qu'il fallait se préparer à d'autres combats. Il était aussi convaincu que les Athéniens ne l'emporteraient que sur la mer, et, en cela, il s'opposait à Miltiade, représentant le groupe des hoplites. [...]

[...] Il ne fait aucun doute que de nombreux métèques étaient établis dans le port, mais il est assez difficile de se faire une idée de l'importance relative des différents groupes ethniques. Il faut savoir que l'on trouvait beaucoup de métèques au Pirée ; ils étaient soient trafiquants, banquiers ou entrepreneurs. Xénophon dans les Revenus déclare que le groupe des étrangers barbares parmi lesquels il citait expressément, les Lydiens, Phrygiens et Syriens, était nombreux, ce qu'il n'y a pas lieu de mettre en doute, même si les stèles funéraires d'étrangers, retrouvées dans le port, ne corroborent pas exactement l'opinion de l'Athénien. [...]

[...] Le poisson était alors transféré vers le marché spécialisé et son prix devait faire l'objet d'un affichage. Contrôles de type fiscal, vérification des poids, des mesures et de la bonne monnaie, limites mises au profit par affichage des prix, rien ne différencie vraiment ce qui se faisait à Athènes de l'organisation d'un marché dans le cadre d'une économie moderne ; même pour les blés, une large part relevait de l'initiative privée. Le modèle d'organisation que choisirent les Athéniens s'explique dans le cadre d'une société complexe, qui vivait du grand commerce pour son approvisionnement et de la fiscalité pour faire face aux nombreux autres besoins de la communauté. [...]

[...] Le Pirée, entre échange et pluralité Le Pirée, un port de libre échange ? La description que nous venons de donner du fonctionnement du Pirée appelle une question : dans quelle mesure était respectée ce que nous pourrions appeler aujourd'hui, la liberté de commercer et jusqu'où la cité intervenait-elle dans le domaine commercial ? Qui avait le droit de vendre ou d'acheter au Pirée ? Un contrôle était- il exercé sur l'origine des commerçants ? Comment les prix étaient-ils fixés ? [...]

[...] Ainsi écarte-t- on du cœur de la cité la masse de trafiquants qui vont et viennent au hasard de la navigation et dont la présence intermittente et jugée incompatible avec une bonne administration civique ; enregistrés, accueillis et éventuellement jugés au Pirée, ils n'ont aucune raison de monter à Athènes. Alors que les Athéniens, eux, fréquentent volontiers le Pirée. Hippodamos de Milet, fils d'Euryphrôn, a inventé la division des cités en classes et il a tracé le plan du Pirée. [...]