Graecia capta ferum uictorem cepit et artes Intulit agresti Latio (la Grèce conquise a conquis son farouche vainqueur et porté les arts dans le rustique Latium). Dans la seconde moitié du IIIe siècle avant Jésus-Christ, une véritable littérature latine se développe à Rome, inspirée des Grecs, grâce à quelques hommes d'origine non romaine : Livius Andronicus, considéré comme le premier écrivain romain, Naevius, Plaute, Ennius.
L'édification de la littérature latine, telle que nous la connaissons aujourd'hui, nous amène à nous interroger sur ses origines et ses interférences avec la littérature grecque.
[...] La littérature latine se devait utile pour l'état. D'une part, elle devait répondre aux besoins de l'enseignement et d'autre part aux exigences croissantes du public. Cicéron, honnête homme pétri de culture grecque, militait pour une poésie dans le style d'Ennius, qui chantait les exploits des grands personnages de la République et ainsi constituait des exemples moraux. Il fut sidéré par l'apparition des poetae noui, les nouveaux poètes dont le plus grand représentant était Catulle qui popularisaient une poésie amoureuse, érotique et individualiste, débarrassée de toute considération civique. [...]
[...] Les thèmes romanesques, les légendes originales sont revues à côté de l'héritage humain des classiques. L'hellénisme bouleverse la religion et la pensée traditionnelle en renouvelant l'antique et sec formalisme des ancêtres par la recherche de la beauté plastique et des imaginations sensuelles et mystiques ou des inquiétudes philosophiques. Par exemple, Catulle a voulu introduire dans la poésie latine les formes les plus diverses de la poésie grecque, ses différents registres et les mètres qui leur correspondent. D'Homère à Appollonios de Rhodes, de Sappho à Hipponax, Archiloque et Simonide, il a exploré la longue histoire de la poésie grecque. [...]
[...] On peut par exemple citer les vers prononcés par Clytemnestre dans Egisthe qui relèvent d'une fermeté un peu dure, d'un accent romain (car rappelons que le peuple romain demeure brutal sous sa vigueur et sa morale) : Pourquoi, puisque de vous ma majesté postule l'obéissance, ne pas subir mes ordres, et tout de suite emmener cette femme ? Livius a appris aux Romains à apprécier toutes les périodes de la littérature grecque et les styles les plus divers non seulement par sa constante présence dans les écoles avec L'Odyssée, mais également par ses exemples brillants donnés au théâtre, sans omettre, son rôle d'acteur dans ses propres pièces. Il initia du mieux qu'il pouvait les Romains à la richesse de la tradition grecque. [...]
[...] Dans les pièces de Plaute, le chanté occupait deux tiers de la pièce. Bien que Rome imite considérablement les Grecs, elle adapte au goût latin son caractère sensible et même sensuel. La littérature à Rome, ainsi considérée comme une importation étrangère se devait être utile à Rome et à ses concitoyens. Toutefois, certains poètes se détachent de l'approche grecque et tentent de créer une poésie propre à Rome. En traitant l'épopée, il se peut que les premiers poètes romains aient également obéi au prestige d'Homère et aux leçons des théoriciens grecs, Aristote en particulier, qui en faisaient le genre littéraire le plus élevé avec le théâtre comme l'indique Bayet dans son ouvrage. [...]
[...] Les titres de ses pièces sont variés mais rarement tout à fait grecs. Bayet révèle qu'il lui arrivait de combiner deux pièces grecques pour en faire une latine, par un procédé que les ennemis littéraires de Térence dont on peut citer Luscius Lanuvinus, flétrissaient du nom de contamination de contaminare Après, se succédèrent Plaute et Térence qui se spécialisèrent dans un seul genre littéraire: la comédie. Plaute et Térence ne font que traduire et adapter des pièces grecques : Le théâtre, à Rome, était senti comme le prolongement de celui de la Grèce selon Jean-François Dumont et Marie- Hélène François-Garelli dans Le Théêtre à Rome. [...]
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