Le texte qui nous est présenté est un extrait de l'œuvre de Juvénal, intitulée les Satires. Juvénal est un poète satirique, né en Campanie vers 60 et mort vers 130. Aux alentours de 100, il abandonna l'éloquence et la rhétorique pour la poésie, et il composa sous les règnes de Trajan et d'Hadrien ses Satires qui reflètent l'indignation des milieux de la moyenne bourgeoisie devant la corruption morale de son époque. On a dit que sa franchise lui valut d'être exilé en Egypte, où il mourut. Le texte qui nous est donné d'étudier est ainsi tiré de l'œuvre majeure du satire, écrite en vers. Plus particulièrement, l'extrait traite de l'influence croissante des cultes venus d'Orient sur la vie religieuse romaine. Il s'agit pour Juvénal de dénoncer ces pratiques, présentées comme relevant de la superstition, ce qu'il fait en utilisant comme arme l'ironie satirique. Cet extrait, tout comme l'œuvre dans son ensemble d'ailleurs, constitue un témoignage précieux sur les cultes orientaux à Rome, même si Juvénal est parti pris. Ainsi, dans le cadre de notre étude, il est possible de se demander, à partir de cet extrait, dans quelle mesure les réactions de Juvénal peuvent porter témoignage du sentiment religieux de son siècle à propos des cultes orientaux. Afin de répondre correctement, nous verrons d'abord la satire des cultes orientaux à travers les exemples des cultes de Cybèle et d'Isis ; ensuite, il sera question de la religion juive et des problèmes qu'elle pose pour les romains ; enfin, nous nous demanderons si l'oeuvre de Juvénal constitue bien un révélateur de l'opinion romaine du temps sur l'intégration des cultes venus d'Orient.
[...] Juvénal représente une interprétation toute populaire qui identifie la divinité avec le ciel. On peut le voir ici, sur de nombreux points Juvénal suit donc une tradition romaine toujours vivante quand il évoque les caractères distinctifs de la religion juive, apportant de son cru une observation symbolique de la pauvreté de ce petit peuple de mendiants superstitieux. Aux yeux des romains de l'époque, le grief le plus important qu'ils exprimaient à l'encontre des juifs était que ceux-ci méprisaient les lois romaines, ne s'intégrant pas dans le corps social et refusant de s'adapter aux obligations religieuses comme le culte impérial. [...]
[...] Aussi convenait-il de se purifier pour être agréé de la déesse, en dehors des libations coutumières d'eau sacrée. C'est ainsi que Juvénal nous décrit une telle cérémonie de purification dans les vers que nous venons de citer. Le satirique évoque également, lorsqu'il écrit : elle ira jusqu'au fond de l'Egypte, elle en rapportera de l'eau puisée près de la torride Méroé pour en asperger le temple d'Isis l'un des moments essentiels du service du culte : les libations matinales d'eau sacrée, réputée venir du Nil. [...]
[...] Il indique aussi la bassesse de son origine en mentionnant avec ironie que sa tire phrygienne se noue sous son menton Tout cela nous renseigne sur un fait important : ce Galle, supérieur aux autres, n'est pas romain, puisque la castration était interdite à tout citoyen romain. Il s'agirait en fait ici d'un archigalle étranger. Autre point d'explication, lorsque Juvénal évoque le passage du cortège des prêtres de Bellone (c'est-à-dire de Cybèle) et de la Mère des dieux, il n'avait pas d'autres ambitions que de compter un Galle remarquable, habile à tirer bénéfice de la superstition des dévots. [...]
[...] Suivant son habitude, Juvénal a noté un aspect pittoresque de la réalité. A propos du Sabbat, il juge comme Tacite et Sénèque que c'est là une mauvaise excuse à la paresse et il dénonce la responsabilité du père qui donne ainsi à son fils l'amour de l'oisiveté, particulièrement blâmable aux yeux des romains. C'est toujours selon les préjugés romains qu'il interprète la dévotion propre au culte juif, pensant que ses fidèles adorent les nuages et la puissance du ciel ; la vieille mendiante est d'ailleurs appelée la messagère fidèle du ciel suprême (l. [...]
[...] III) Une religion communautaire peut accueillir les formes les plus classiques du culte impérial. Il en va différemment quand il s'agit d'une religion dont le contenu peut heurter les objectifs politiques et rendre difficile les voies de l'assimilation. Rome s'est montrée depuis la République ouverte aux dieux des cités concurrentes, procédant habilement par attraction en son panthéon des divinités ennemies ou par association des divinités locales aux siennes. Cependant, le dionysisme semble plus difficile à intégrer et les racines d'un conflit plus politique que religieux sont apparues au grand jour avec l'affaire des Bacchanales en 186 avant Jésus-Christ. [...]
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