Au 1er siècle avant Jésus Christ, une série de conflits, de crises, de meurtres et de dysfonctionnements institutionnels secouent violemment la République romaine aristocratique, vieille de quelques siècles : autant de facteurs qui, combinés, la gangrènent inexorablement ... Mais si elle est affaiblie et si elle court à sa perte, les romains y sont pourtant globalement viscéralement attachés : de fait, pour l'avoir remise en cause, César perd la vie lors des Ides de Mars, assassiné par des Républicains. C'est alors que le jeune Octave (- 63 ; 14 après JC), successeur de César, entre en scène et s'affirme très clairement comme la figure centrale de cette période qui voit la chute de la République et l'établissement d'un régime singulier, communément appelé « principat ». Comme Octave s'est-il hissé au pouvoir et par quels moyens a-t-il su s'imposer et se maintenir dans un romain profondément attaché à la « Res Publica » ? (...)
[...] Dans de telles circonstances, la déclaration de guerre d'Octave n'apparaît plus, aux yeux des romains, comme le fruit d'un jeune ambitieux avant tout désireux d'asseoir son pouvoir, mais comme une croisade pour la liberté, Octave étant assimilé à un bienfaiteur soucieux d'arracher Rome aux griffes de l'Orient ! Fort d'une popularité croissante (entretenue par une propagande féroce), Octave sort victorieux de la bataille d'Actium : Virgile, Horace et Properce chantent ce combat comme la geste d'un Octave désormais seul maitre du monde romain Il faut donc désormais se pencher sur l'exercice octavien du pouvoir (qu'entendre même par là : comment a-t-il donc réussi à se maintenir, comment son pouvoir s'est-il manifesté et incarné, concrètement, dans les faits ? [...]
[...] Notons tout d'abord combien il est malaisé de déterminer la date de ‘l'établissement du nouveau regimbe : 31 av JC v JC av JC ? Cette difficulté témoigne de l'habileté d'Octave, qui a su progressivement dessiner les contours d'un régime singulier, le principat sur un fond républicain, si bien qu'il semblerait qu'il soit plus juste de parler d'émergence plutôt que de naissance. La mission se présente d'ailleurs difficile pour le nouveau successeur de César : il convient, d'une part, de recueillir le meilleur de l'héritage césarien (des ordines dévoués à la république, l'appui des populares une administration correcte tout en atténuant ses effets susceptibles de déplaire à la majorité, à commencer par le caractère monarchique du regimbe (et ce d'autant plus qu'Octave s'était déchainé contre la royauté avilissante d'une Cléopâtre En effet, les romains haïssent la monarchie, qu'ils considèrent (depuis le règne assez désastreux, a priori, des rois Etrusques, et notamment Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome, dont le souvenir hante les mémoires) incompatible avec l'idéal de libertas et la dignitas romaines : de fait, toute tentative monarchique, tout pouvoir (héréditaire) d'un seul semble bien voué à l'échec : le sort funeste d'un Cesare en sont l'illustration même. [...]
[...] Sans descendance, sans héritier, le pouvoir d'Auguste et sa gigantesque œuvre politique, économique, sociale serait vaine . Si Tibère prend finalement la relève, en 14 ap JC sous le signe de la domus des Julio-Claudiens on trouve ici l'une des limites du pouvoir augustéen, qui a toujours refusé de reconnaître, derrière sa façade républicaine, son caractère monarchique. * CONCLUSION Ainsi, en dépit de nombreuses difficultés, Octave Auguste a su, non sans habileté et sans duplicité, s'imposer dans un monde en crise et asseoir progressivement son pouvoir dans le Principat, un régime politique original qui combine adroitement institutions républicaines et caractère monarchique. [...]
[...] Cependant, Auguste n'aurait pu ternir le prestige du Senat : ceka aurait été faire injure aux catégories dominantes du populus (peuple), et cela aurait donc nui à son pouvoir et au maintien du régime. Par ailleurs, le problème de l succession d'Auguste constitue l'une des limites de son pouvoir : non seulement il a toujours été privé d'un héritier, mais il fallait en outre transmettre l'intransmissible (une autorité morale entre autres) et maintenir la fiction républicaine en se remémorant la haine viscérale des romains pour la monarchie ! [...]
[...] Si tous ces pouvoirs sont irréguliers et extraordinaires, ils ne sont cependant pas illégitimes ; la nouveauté et en quelque sorte l'anomalie ne tient pas tant au cumul des pouvoirs (déjà pratiqué par certains avant lui), mais à leur caractère durables étonnante. Notons qu'une reforme relative au Poemerium, en 23 av JC, s'avère capitale en ce qu'elle permet à Auguste de cumuler et le pouvoir militaire, et le pouvoir civique : il a désormais le droit de franchir a limite sacrée à l'envi sans pour autant perdre son imperium. C'est dans ce cadre complexe qu'Auguste mène à bien diverses réformes et entame une réorganisation de l'empire. [...]
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