Lorsque l'on parcourt les textes de la Grèce Antique, on est immanquablement amené à se trouver en présence du terme agôn ou de ses dérivés, et ce, chez des auteurs aussi variés et espacés dans le temps que Homère, Pindare ou Platon. Ce mot a connu une évolution notable de son sens qui témoigne de sa complexité et de son utilisation dans la langue grecque. Le terme qui désignait à l'origine un espace au sein duquel se déroulaient certaines activités sportives, a, par la suite, désigné ces activités elles-mêmes, étendant finalement son sens à la dynamique interne des jeux. L'agôn fait ainsi référence au concours, à la lutte, à la rivalité, à l'antagonisme, à la volonté de surpasser l'autre, c'est à-dire à la notion de compétition.
La meilleure illustration de ce concept et de son importance dans la pensée des Grecs sont les Jeux Olympiques. Cette compétition dont la première date officielle serait 776 avant Jésus-Christ, consistait en un grand rassemblement sportif des Grecs dans la ville d'Olympie (voir Annexe 1) afin de s'affronter pacifiquement dans des épreuves physiques. L'importance de cet événement est visible dans la relative abondance des sources traitant des Jeux en particulier, du sport en général. L'Iliade d'Homère, le Discours Olympique de Lysias, le Traité sur la gymnastique de Philostrate ou encore les odes de Pindare en sont des exemples variés. A ces sources littéraires s'ajoutent les documents iconographiques et notamment les nombreux vases représentant des épreuves sportives. Nous allons plus particulièrement nous intéresser dans notre étude aux Jeux Olympiques à l'époque classique, c'est-à-dire la période qui s'étend des réformes de Clisthène à Athènes en 508 à la mort d'Alexandre le Grand en 323. Les jeux sont alors réellement développés, différentes épreuves ayant été progressivement ajoutées à l'unique concours de la course à pied d'origine.
L'étude de ces formes de compétition dans le cadre privilégié des jeux Olympiques nous amène à nous poser la question suivante : en quoi la notion d'agôn permet-elle de mieux comprendre la pensée des Grecs en mettant en évidence les caractéristiques de leur société? Nous répondrons en étudiant successivement les trois aspects que revêt la compétition en Grèce Antique : la dimension sociale, la dimension militaire, la dimension religieuse.
[...] B.L'héritage homérique: l'Iliade Pour bien comprendre la relation entre l'agôn sportif et la guerre, il est nécessaire de remonter à ses origines que nous pouvons déchiffrer dans le texte fondateur de la culture et de l'identité grecque : l'Iliade. On retrouve ainsi les prémices de la compétition sportive dans les récits d'Homère, et on peut aussi identifier clairement les ancêtres des épreuves olympiques. Nous pouvons nous appuyer sur l'exemple de la narration des jeux funéraires de Patrocle qui accompagnent la mort du fidèle compagnon d'Achille tué par Hector, au chant XXIII de l'Iliade. [...]
[...] Il est une sorte de possédé du dieu éclairé par la grâce qui descend d'en haut, il reçoit alors le kudos. Nous pouvons illustrer cette analyse avec une phrase de M. Détienne : si le kudos vient des dieux, le kléos monte jusqu'à eux [ . ] sa victoire est pure faveur des dieux De même, François Chamoux décrit bien cette manière spécifique de penser la victoire des Grecs : il s'agit de compétitions athlétiques où la jeunesse fait hommage à la divinité de ses qualités de force et d'adresse [ . [...]
[...] Le sport lui même en tant que compétition peut être considéré comme directement issu de la pensée grecque comme le souligne encore une fois E.R. Gardiner : «L'histoire de l'athlétisme antique est l'histoire de l'athlétisme grec. Les Grecs, aussi loin que nous savons, étaient les seuls vrais athlètes de l'Antiquité Il différencie ensuite le jeu de la compétition : L'enfant joue jusqu'à qu'il soit fatigué et ensuite s'en va. Le coureur continue après qu'il soit fatigué, continue jusqu'à l'épuisement total Ceci nous permet bien de comprendre l'importance que revêtent les Jeux Olympiques, la plus grande manifestation sportive de l'époque, pour l'athlète grec et la volonté de dépassement de soi lors des épreuves. [...]
[...] Enfin, elle s'inscrit dans un cadre religieux, par son objet, les funérailles, et par son déroulement puisque Homère décrit l'intervention des dieux dans certaines épreuves. Nous trouvons donc dans l'Iliade les composantes et les caractéristiques de la compétition qui se déroule pendant les Jeux Olympiques. C. De la lutte à mort à la compétition sportive Si l'étude de L'Iliade nous a permis de comprendre les origines mythiques de l'organisation de la compétition sportive, elle permet également de mettre en évidence l'origine de l'agôn sportif qui provient directement de la pratique de duels à mort. [...]
[...] Le vainqueur ramenait à sa cité une gloire, une renommée que l'on peut comparer à celle obtenue lors des triomphes militaires. On racontait ainsi, que l'on pratiquait une brèche dans les remparts d'une cité qui accueillait un athlète vainqueur pour qu'il passât par une porte que nul autre avant lui n'avait franchie, parallèle révélateur avec les coutumes guerrières. Le contrôle de l'instinct agonistique semble donc effective, il faut maintenant s'interroger sur la signification que les hommes donnaient à cette manifestation physique. [...]
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