Mythe et pensée chez les Grecs. Etudes de psychologie historique, pp. 325-338 - Jean-Pierre Vernant (1966)

Thèmes abordés

Mythe et pensée chez les Grecs études de psychologie historique, Jean-Pierre Vernant, commentaire de texte, mythologie grecque, colossos, mort chez les Grecs, M.E. Benveniste, rites funéraires grecs, symbolique religieuse, psychologie antique

Résumé du document

Dans son ouvrage "Mythe et pensée chez les Grecs. Études de psychologie historique" publié en 1965, Jean-Pierre Vernant fournit au travers du chapitre "Figuration de l'invisible et catégorie psychologique du double : le colossos" (pp. 325-338) une étude consacrée à l'histoire intérieure de l'homme grec et son organisation mentale quant à la mort. L'ouvrage soumis à notre examen doit être resitué et compris d'un point de vue historiographique, comme une première contribution à une enquête concernant l'avènement des images et l'élaboration d'une fonction psychologique liée à la mort. Ainsi, Jean-Pierre Vernant aborde la question de la l'appréhension et de la conception du monde par les Grecs, en se fondant notamment sur des écrivains antiques et sur la mythologie.

Extraits

[...] Ces précisions intrinsèques faites, le colossos représente alors soit les statues – menhir soit les statues – piliers dans la mesure où elles sont faites en une seule pierre dressée ou plongée dans le sol ayant ainsi un étroit rapport avec la notion de mort. Il en va ainsi des deux dalles quadrangulaires retrouvées dans un cénotaphe datant du XIIIe siècle av. J.-C. à Dendra en Grèce. B. La nature de double du colossos et sa localisation 1. Le colossos, la figure du double Parfois assimilée à la figure du gisant dans la culture chrétienne, la figure du colossos diffère. [...]

[...] Enfin, les Grecs définissaient la mort de façon allégorique par des comparaisons aux mythes ou par opposition à la vie. Ainsi, la mort assimilée au froid, à l'immobilité, à l'ombre et l'invisible s'opposait à la vie qui était chaleur, visibilité, lumière et mobilité. Se pose dès lors la question de savoir comment le colossos, en proposant une figuration de l'invisible, établit une catégorisation psychologique du double, au regard de la mythologie grecque. Avant de voir que la fonction et la valeur symbolique du colossos influent sur la conception psychologique qu'ont les Grecs de la mort nous étudierons d'abord, ce qu'est et ce que recouvre la notion de colossos I. [...]

[...] Le colossos traduit la volonté des hommes des proposer aux psuché, âmes errantes dont le corps du défunt est absent et n'a pas pu subir les rites funéraires, une rédemption en lui faisant accéder à l'au-delà en la fixant dans le colossos. Ce constat fait par Jean-Pierre Vernant ouvre sur la question de l'appréhension qu'avaient les Grecs de leur monde et traduit un rapport religieux complexe à l'idée de mort et de salut des âmes après la mort, que ce dernier illustre par le prisme de la mythologie. « Revue des études anciennes » p 5. 40). [...]

[...] Etudes de psychologie historique, pp. 325- 338 - Jean-Pierre Vernant (1966) Dans son ouvrage « Mythe et pensée chez les Grecs. Études de psychologie historique » publié en 1965, Jean-Pierre Vernant fournit au travers du chapitre « Figuration de l'invisible et catégorie psychologique du double : le colossos » (p.325-338) une étude consacrée à l'histoire intérieure de l'homme grec et son organisation mentale quant à la mort. L'ouvrage soumis à notre examen doit être resitué et compris d'un point de vue historiographique, comme une première contribution à une enquête concernant l'avènement des images et l'élaboration d'une fonction psychologique liée à la mort. [...]

[...] Ainsi, cet enfermement matérialise l'enfermement du mort dans sa demeure souterraine afin de l'isoler du monde des vivants. Ensuite, le colossos peut être érigé à la surface du sol, tel un gisant. Le cas de figure vise à établir un contact avec le défunt et matérialise sa présence aux yeux des vivants, bien que paradoxalement il soit également symbole d'absence. Enfin, le colossos se dresse hors de la tombe vide, il est enraciné dans la terre pour fixer, immobiliser, localiser en un point défini de la terre, la psuché qui est insaisissable. [...]