Mort en Italie, Gaule, funérailles des élites, rite familial, exhibition sociale, manifestation politique, rituel funéraire, république romaine, pratique familiale, hommage aux défunts
Sous la République romaine, les manifestations de deuil aristocratiques étaient très fréquentes. Il faut prendre en compte le fait que, concernant l'époque romaine, les conduites rituelles nous fournissent d'importantes indications sur la vision de la mort liée à cette culture particulière. Ainsi, chaque année, il y avait de nombreuses funérailles plus ou moins prestigieuses selon l'importance du défunt. Il y avait un véritable côté théâtral à ces funérailles, en effet la noblesse mettait en scène devant le peuple impressionné son histoire prestigieuse ainsi que sa puissance politique.
Quelles interprétations peut-on faire de ces rites funéraires ? L'on dispose de différents types de sources, iconographiques, textuelles, archéologiques. L'un des témoignages les plus marquants de funérailles, sous la république, nous est donné par l'historien grec Polybe. Polybe (208 av. J.-C. - 126 av. J.-C.) est un homme d'État, théoricien politique et surtout l'un des historiens grecs les plus connus de son époque. Son travail en tant qu'historien est une analyse de l'ascension de Rome, qu'il admire notamment pour son régime qui parvient à concilier monarchie, oligarchie et démocratie.
[...] La file d'ancêtres est organisée chronologiquement du plus ancien, jusqu'au défunt qui ferme la marche. L'histoire familiale de la famille noble défile dans cette mise en scène visuelle. Mais, seuls les ancêtres s'étant particulièrement illustrés ont été retenus au fil du temps dans cette galerie de portrait, les autres ont été effacés, l'ordre généalogique est rompu. Lors de cette procession, véritable spectacle avec fanfare et orchestre, la famille noble veut impressionner la population présente en mettant en évidence l'ancienneté de sa lignée et le prestige de sa noblesse. [...]
[...] Le cadavre est suivi par des pleureuses (praficae) et des membres de sa famille dispersés sur des niveaux différents. Un jeune esclave tient une situle d'eau servant à arroser les participants du cortège. Polybe, lui se focalise surtout sur la présence des imagines (masques de cire), portraits des ancêtres familiaux portés par des acteurs, le mort étant lui-même représenté par un acteur exhibant son imago. Polybe nous informe que les imagines des ancêtres sont habituellement exposés dans un meuble disposé dans le Tablinum en face de l'Atrium (le plan de la maison aristocratique du faune, issu d'une source archéologique, de Pompéi nous permet de visualiser les positions de ces deux pièces, qui se font face). [...]
[...] Le dernier épisode des funérailles concerne aussi le cercle familial proche. Il se déroule dans la nécropole disposée le long des voies principales, hors du Pomérium. Polybe ne décrit pas cette étape, et peu de textes relatifs au dernier accompagnement du défunt nous sont parvenus. Mais quelques écrivains tels Varron (116 av. J.-C. - 27 av. J.-C.) et les fouilles archéologiques des nécropoles permettent d'imaginer les scènes qui se déroulaient à proximité de la sépulture. Les familles riches disposent dans la nécropole d'un enclos funéraire où vont se dérouler le banquet funèbre (silicernum) près de la sépulture (sépulcrum), puis la crémation à l'issue de laquelle les ossements sont récupérés et disposés dans une urne enfermée dans la tombe. [...]
[...] Exhibition sociale La veillée est d'autant plus longue que le défunt est illustre, elle dure généralement entre 3 et 7 jours pour les élites. Cette cérémonie terminée, pouvait commencer la procession (pompa funebris), vers le Forum devant une foule nombreuse massée le long des rues empruntées. La famille, la maisonnée, les amis accompagnent le mort jusqu'au forum. Le rituel de la procession est également très précis. Polybe dans son texte nous renseigne sur les participants du cortège. Pour sa part, la fresque d'Amiternum nous permet de visualiser ce type de cortège funèbre. [...]
[...] À travers la procession des représentations des ancêtres chronologiquement organisée transparaît la représentation de l'ordre romain éternel. Cette manifestation publique a également pour but d'instruire les jeunes nobles qui participent au cortège. Ils pouvaient se rendre compte que de nombreux ancêtres avaient disparu de l'histoire familiale pour s'être insuffisamment mis en valeur et ceux qui avaient obtenu une place dans le défilé des ancêtres apparaissaient comme des exemples à suivre. À travers cette mise en garde, renouvelée à chaque funérailles, ils comprenaient que la gloire était octroyée par la République en récompense des services rendus. [...]
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