Avec ces exemples, il est intéressant d'observer dans quelles mesures une loi, d'essence politique à portée religieuse, parvient à séparer le monde des morts de celui des vivants, tout en oeuvrant à la séparation des mondes, familial et civique. En effet, c'est là une autre caractéristique de la culture hellène, cette lutte politico-religieuse qui se joue entre l'espace privé, représenté par la famille, et l'espace public qu'est la cité. Dans le développement de cette idée, nous verrons comment la mort, en qualité de rite familial s'inscrivant dans la cité révèle ces antagonismes ; pour ce faire, un premier point sera consacré à l'acte religieux proprement dit, permettant d'appréhender dans un second temps, l'objet de la réglementation, c'est-à-dire la confirmation des clivages qui séparent les différents mondes, tout en affirmant la primauté de la cité sur la famille et, par extension, de l'homme sur la femme.
[...] Sont polluées sa mère, sa femme, ses sœurs et ses filles et, en plus d'elles, pas plus de cinq femmes, et les enfants des filles et des cousins. (t.2, l.17-18) La pollution fait ici référence à la souillure entraînée par le contact avec le mort, risque pour la famille et la cité d'abriter des éléments touchés par la mort, susceptible de rompre l'équilibre entre le monde des vivants et le monde des morts, aussi est-il nécessaire de purifier les corps pollués et, pour la cité, de la rendre obligatoire par usage de la loi. [...]
[...] Le rapport conflictuel opposant les mondes A. Le monde des vivants et le monde des morts La famille, centrée autour du foyer de l'oikos, est une unité de base au sein de la cité. Ainsi, lorsque l'une d'elles se trouve frappée par la mort, elle met en danger la stabilité entre le monde des vivants et le monde des morts, pensé comme un monde terrible, véritable contre modèle de la cité grecque. Les Enfers sont un monde terrifiant habités par des monstres et dirigés par un cruel souverain, Hadès qui exerce un pouvoir proche de celui du tyran. [...]
[...] La loi de Julis confirme : on le transportera sur un lit à pieds pointus (t.2, l.4), supposé être le même lit que durant l'exposition, le mort sera transporté entièrement caché, en silence, jusqu'au tombeau (l.7). Le lit est conduit à bras levés ou à cheval, voire en char, selon la richesse familiale, la procession rassemblant la famille, et les amis plus rarement, est menée par une femme âgée de la parenté du défunt, suivent, les hommes avec le lit, puis les femmes et enfin les hautbois. [...]
[...] Toutefois, on ne le dissimulera pas en entier sous les linges cette précision est de premier ordre, elle indique la préservation de l'identité du mort. Le parfum possède une double valeur, il est le reflet d'une certaine richesse, symbole d'une bonne vie, et symbole de pureté auquel font écho les linges blancs. Comme l'indique Démosthène dans sa loi attribuée à Solon (t.1, l.1), le mort sera exposé à l'intérieur de la maison comme on voudra l'exposition du mort est une phase essentielle, la prothêsis, durant laquelle la famille pourra pleurer le défunt, et les amis saluer leur proche en départ pour l'autre monde. [...]
[...] En effet, c'est là une autre caractéristique de la culture hellène, cette lutte politico-religieuse qui se joue entre l'espace privé, représenté par la famille, et l'espace public qu'est la cité. Dans le développement de cette idée, nous verrons comment la mort, en qualité de rite familial s'inscrivant dans la cité révèle ces antagonismes ; pour ce faire, un premier point sera consacré à l'acte religieux proprement dit, permettant d'appréhender dans un second temps, l'objet de la réglementation, c'est-à-dire la confirmation des clivages qui séparent les différents mondes, tout en affirmant la primauté de la cité sur la famille et, par extension, de l'homme sur la femme. [...]
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