L'épisode Gracques, qui s'achève en 121 av JC, a cristallisé la scission entre optimates et populares de façon irréversible. L'ensemble des lois gracquiennes est annulé, et l'aristocratie patricienne reprend son hégémonie sur le consulat. La gens des Metelli à la main mise sur cette magistrature, lorsque la guerre de Jugurtha éclate. C'est dans ce contexte belliqueux qu'émergent deux grandes figures de la fin de la République : Marius et Sylla. L'un populares, l'autre optimates, leurs ambitions respectives sont aux origines d'un conflit sans précédent, dont le monument de Bocchus est probablement un des déclencheurs.
Pour étudier cet épisode, et analyser ce monument, nous disposons de deux extraits des Vies parallèles de Plutarque, d'une monnaie de Faustus Sulla datée de 56 av JC, et de photographies des quelques vestiges du monument de Bocchus découverts dans la première moitié du 20e siècle.
Plutarque, biographe grec, vit de 46 à 125. De son œuvre, les Vies Parallèles, nous disposons ici d'un extrait de la Vie de Marius et d'un autre de la Vie de Sylla, relatant tous deux le même événement : la mise en place sur le Captiole d'un monument célébrant la capture de Jugurtha par Sylla et Bocchus, et les tensions qui en découlent juste avant le déclenchement de la guerre sociale. Il est important de spécifier qu'il écrit près de deux siècles après la guerre de Jugurtha. Rome est alors sous le Principat, régime hérité d'Auguste, lui même fils de César, César qui se disait marianiste (populares). Il y a donc eu entre la mort de Sylla et la mort de César, toute une campagne de réhabilitation de Marius, et parallèlement une volonté d'assombrir l'image de Sylla. Il y a de fait dans les sources postérieures, un parti pris contre Sylla, bien que dans les passages qui nous concernent on le voit pas forcément.
[...] C'est ce même Enée est ancêtre de Romulus et Romus. Auguste fera lui aussi référence à Romulus et Rémus en utilisant ce bouclier pour l'ornementation de ses monuments. Le lituus de l'augura, évoque aussi Romulus, puisque c'est l'instrument dont le légendaire fondateur de Rome se sert lors du rite de fondation de la Ville. Enfin, ce cumule des fonctions augurale et militaire est largement repris par César puis Octave dans leurs monnayage respectifs, ce qui témoigne là encore de la dimension précurseur de Sylla. [...]
[...] Il reste donc des blocs d'environ 81cm de hauteur, encadrés par des moulures. Taillés dans un calcaire marmoréen ( un calcaire qui a l'apparence du marbre), ils proviennent des carrières de Thala, ville de Numidie acquise à Jugurtha et qui fut prise par Caeculius Metellius Numidicus. Le tout devait former un socle rectangulaire d'environ 4,63m par 1,84 a l'extrémité des moulures saillantes de 8 cm et demi, et est orné d'un décors en relief symétrique. Au centre de la face longue, deux Victoires aillées sont revêtues du peplos, tunique d'or que les grecs offraient à Athéna lors des panathénées. [...]
[...] Aussi, quand Bocchus le Numide, inscrit au nombre des alliés de Rome, eut fait placer au Capitole des Victoires porteuses de trophées et, auprès d'elles, un groupe de statues dorées représentant Jugurtha livré par lui aux mains de Sylla, Marius fut transporté de jalousie et de colère . (ligne 1-3 Vie de Marius). Ainsi Bocchus, fort de son nouveau statut d'allier de Rome, et ami de Sylla, fait ériger sur le Capitole un monument pour glorifier Sylla mais aussi sa propre personne comme on l'a vu. [...]
[...] On peut, malgré un manque d'information évident, établir une hypothèse quant au contexte d'édification des trophées de Marius, et du monument de Bocchus. L'incertitude créer par le manque de précisions des sources, ne permet pas d'affirmer lequel des deux généraux à placer en premier son monument sur la colline sacrée. On a donc deux possibilités: soit il y avait en premier un monument en l'honneur des victoires de Marius, Sylla posant ainsi son propre monument pour rétablir sa vérité sur la guerre de Jugurtha. [...]
[...] De part et d'autre, des ornements ont figurés symétriquement au clipeus central. On a dans un premier temps une jambière de parade ornée d'un médaillon à tête d'Hercule et d'une Victoire. Ensuite on trouve un plastron musclé. Viens ensuite un autre bouclier rond, sur lequel figure un cavalier armé d'une lance et d'un casque conique surmonté d'une étoile, qui représente l'un des Dioscures. Enfin a l'extrémité latéral de la face longue se trouve un frontal de cheval à cimier et flots de crins latéraux. [...]
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