Notre mince corpus nous a permis d'observer que l'utilisation du masque dans la peinture en Narbonnaise, bien qu'étalée dans le temps, était particulièrement représentative du passage du IIIème style finissant au IVème style et témoignait du fait qu'en Gaule, bien qu'imitant les modèles campaniens, les peintres s'autorisaient une certaine liberté. La signification du masque dans la peinture murale a pu avoir été multiple. Rappelant l'univers théâtral c'est évident, le masque, également symbole dionysiaque, a pu seulement être récupéré dans un fond commun iconographique campanien sans symbolisme particulier. Au regard de cette étude il apparaît que la peinture murale en Narbonnaise a été particulièrement influencée par la peinture pompéienne. On pourrait s'intéresser désormais à observer si certains modèles affirmés en Gaule ont pu être récupérés en Italie.
[...] Bien qu'ayant dû connaître des utilisations aux siècles précédents (ce qui est attesté en Italie), il apparaît donc que le masque est majoritairement employé en Narbonnaise au moment du passage du IIIème style finissant au IVème style, au milieu du Ier siècle de notre ère. Mais semblant être particulièrement apprécié, il est toujours utilisé au IIème siècle où il connaît des modifications de style. Il nous faut donc désormais comprendre pourquoi cet élément graphique a tant été apprécié et utilisé. II) Le masque dans la peinture murale en Narbonnaise, l'expression du goût du théâtre ? [...]
[...] Le masque, abondamment utilisé en Italie, peut parfois apparaître dans une scène ou en relation avec l'acteur. On citera ici l'exemple d'Herculanum où aux côtés d'un acteur se préparant avant son entrée en scène, une jeune femme écrit une dédicace sur un masque tragique. Sur un autre fragment de tableau du Musée National de Naples, l'acteur ou l'auteur lui-même médite en contemplant pensivement un masque tragique[7]. Parmi nos fragments, certes très réduits, aucun ne semble appartenir à un ensemble complexe identifiant aisément le théâtre. [...]
[...] Décorations murales de l'antique province de Narbonnaise. Narbonne : Ville de Narbonne - Sabrié Maryse et Raymond (éd.), Peintures romaines en Narbonnaise, Catalogue d'exposition du Musée du Luxembourg avril 4 juillet 1993. Paris : Réunion des musées nationaux D'après la traduction et les notes de Soukaras, Yannis et Loisy, Robert Catalogue des masques de théâtre d'après Julius Pollux, Onomastikon livre IV, paragraphes 133 à 154, dans Landes, Christian (éd.) Le goût du théâtre à Rome et en Gaule romaine, Musée archéologique de Lattes : catalogue. [...]
[...] Mais plus qu'une fonction, ce que nous cherchons à établir c'est la raison de l'intérêt des peintres pour les masques dans la peinture murale en Narbonnaise. Nous l'avons vu, ils sont longtemps présents et les six fragments que nous étudions montrent différentes réalisations du fidèle modèle grec d'Aix-en-Provence au modèle aux traits humanisés du fragment de Saint-Romain-en-Gall, en passant par le masque figé de la Fenêtre ouvrant sur un jardin de Narbonne. Dans la deuxième moitié du Ier siècle après J.-C., en Italie naît une nouvelle mode, caractérisée à Pompéi sous l'appellation de IVème style. [...]
[...] Des différences sont identifiables dans la peinture murale. Dans notre corpus, on distingue des masques féminins, celui d'Aix-en-Provence et le masque de droite du fragment de Saint-Romain-en-Gal, et des masques masculins, comme celui de gauche du même fragment. On identifie des masques tragiques, mais également un masque qui s'apparente aux grotesques, celui de Vaison-la-Romaine. De très nombreux autres types de masques sont représentés en Italie, et notamment des masques comiques, mais faut-il chercher à les différencier dans notre cas et à chercher différentes fonctions ? [...]
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