A la fin du VIe siècle avant J.C et au début du Ve, le développement de l'écriture semble lent. La société est encore largement analphabète et le poids de l'écrit est moindre que celui de l'oral. On s'aperçoit que la religion romaine n'est fondée sur aucun dogme écrit. Elle était transmise principalement oralement, sans avoir de « livre saint » sur lequel fonder sa pratique. Dans les sources les livres Sibyllins sont tantôt appelés Libri Sibyllini, tantôt Libri fatales, tantôt simplement Libri. Ils ont probablement été importés à Rome à cette époque.
Ces livres sibyllins forment un recueil de prophéties attribuées à la Sibylle (un terme qui dans l'antiquité grecque désigne une prophétesse) de Cumes. On peut leur prêter une origine étrusque, en raison de leur caractère divinatoire, ou croire la légende. Selon elle la prophétesse vint trouver le Roi Tarquin le Superbe, le dernier Roi de Rome avant la République (536 av-509 av JC) et proposait de lui vendre neuf livres qui selon elle, renfermaient des oracles. Le roi, intéressé, s'informa du prix, mais il se moqua d'elle quand elle lui annonça une somme exorbitante. La réaction de cette dernière fut de brûler trois des neuf livres puis reproposa au Roi de les acheter, toujours au même prix. Essuyant un nouveau refus, brûlant trois nouveaux livres, mais restant calme, elle demande au roi s'il voulait acheter les trois derniers livres, toujours au même prix. Tarquin, surpris de la persistance de cette femme vu son calme et son insistance, manda les augures. Ceux-ci ayant appris que l'on avait repoussé un bien envoyé par les dieux, ils ordonnèrent de donner à la femme l'argent qu'elle voulait pour se procurer les livres restants. Le roi acheta les trois derniers livres au prix indiqué pour neuf. Telle est l'histoire légendaire de la provenance de ces livres qu'on appelle les livres sibyllins. Ces livres semblent avoir eu une place importante et ont perduré pendant de nombreux siècles, à une période où l'écrit religieux n'avait pas pris un réel essor.
Mais alors pourquoi apporte-t-on autant d'importance à ces écrits ? Et quel rôle ont-ils pu jouer dans l'histoire romaine ?
[...] Les livres sibyllins ont pu aider l'Etat romain à légitimer de nouveaux rites et cultes pour faciliter l'intégration des étrangers. On sait que les Romains voulaient étendre les pratiques religieuses aux nouveaux citoyens venus des environs. On peut prendre aussi l'exemple des jeux séculaires. L'établissement de jeux séculaires est lié surtout à partir de l'Empire, aux livres sibyllins. Les jeux séculaires étaient célébrés sur l'avertissement d'un oracle sibyllin pour clore une période de cent dix ans, durée maximale d'une génération, et pour demander le succès et le salut pour les siècles à venir. [...]
[...] L'empereur Auguste les fit transférer dans le temple d'Apollon Palatin à la fin du Ier siècle av J.C ou un temple grandiose qui deviendra un centre religieux majeur. Trente ans après, Tibère ajouta lui aussi quelques prophéties répandues parmi les citoyens. On est donc loin d'avoir les originaux. On voit donc que les livres sibyllins sont des écrits sacrés : d'une part par leurs origines. On parle alors du mythe de la Sibylle, et d'autre part parce qu'ils ont perduré dans le temps. [...]
[...] Ceux-ci ayant appris que l'on avait repoussé un bien envoyé par les dieux, ils ordonnèrent de donner à la femme l'argent qu'elle voulait pour se procurer les livres restants. Le roi acheta les trois derniers livres au prix indiqué pour neuf. Tel est l'histoire légendaire de la provenance de ces livres qu'on appelle les livres sibyllins. Ces livres semblent avoir eu une place importante et ont perduré pendant de nombreux siècles, à une période où l'écrit religieux n'avait pas pris un réel essor. Mais alors pourquoi apporte-t-on autant d'importance à ces écrits ? Et quel rôle ont-ils pu jouer dans l'histoire romaine ? [...]
[...] Les livres sibyllins sont des livres sacrés. Je rappelle que la sibylle n'est pas un être humain ordinaire mais un personnage mythique. Elle n'est pas un scribe qui enregistre les oracles mais elle est l'oracle même qui s'exprime tantôt à l'oral tantôt à l'écrit. Consultés généralement à la suite d'un prodige (ou présage) inquiétant, ils ont notamment beaucoup contribué à l'évolution religieuse de Rome. Ce n'étaient pas des ouvrages prophétiques au sens classique du terme : ils n'annonçaient pas l'avenir, mais contenaient seulement des indications. [...]
[...] Ces livres ne sont peut-être eux-mêmes que le prolongement écrit, constitué en corpus, d'un enseignement oral plus ancien qui avait dû réunir des prescriptions et des indications religieuses aussi bien latines qu'étrusques. On pense que ces livres sont d'origine étrusque. En effet un article de R.Bloch affirmait que ces recueils viendraient initialement d'Etrurie, équivalent romain des Libri fatales toscans qui se seraient par la suite hellénisés, et qu'ils seraient passés sous l'influence grecque. Ce serait seulement au IIIéme siècle av J-C qu'ils auraient subi l'influence de l'hellénisme au point de se transformer en livres oraculaires et de prendre le nom dès lors classique de Sibyllini. [...]
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