Au lendemain d'un Ve siècle grec qui a vu la grandeur puis la décadente implosion de la civilisation grecque en guerres fratricides d'une ampleur jamais vue jusque-là, la situation de la Grèce ne semble pas s'améliorer au cours du IVe siècle. En effet, face à l'ingérence perse et aux menaces hégémoniques aussi bien internes qu'externes, les Grecs ne semblent pas réussir à trouver une solution d'ensemble. C'est dans ce contexte que se développent le plus les idées nouvelles du panhellénisme. Ce courant politique vise à unir l'ensemble (pan-) des Grecs ou « Hellènes ». Celui qui a su le plus farouchement défendre cette thèse et ce durant sa très longue vie de 98 ans, c'est Isocrate. Né en 436 et mort en 338 à Athènes, il a vécu la grandeur de la Ligue de Délos, le désastre de la guerre du Péloponnèse et toutes les intrigues visant à l'hégémonie et au contrôle de la Grèce du IVe siècle jusqu'à assister à la victoire concrète de Philippe II de Macédoine à Chéronée, un mois avant sa mort. De cette longue expérience, il théorisera le panhellénisme, fera évoluer sa pensée suivant la situation et sera longtemps considéré comme un optimiste naïf (notamment par Plutarque). En effet, la postérité de sa pensée politique n'est redécouverte que durant la période contemporaine, l'histoire se focalisant sur sa carrière d'orateur, qui n'a pourtant jamais prononcé un seul de ses discours de logographe, mais qui a su les publier ou les faire lire pour convaincre de hauts personnages de son temps, dont certains ont même été ses élèves (Nicoclès, Timothée, Lycurgue, Théopompe…).
Mais focalisons-nous sur l'Isocrate penseur politique, promoteur et de la théorie du panhellénisme pour décrire et analyser comment se caractérise et évolue l'idée panhellénique chez Isocrate au IVe siècle.
[...] Il n'est pas isolé quand il dépeint les Barbares inférieurs aux Hellènes. En effet, il est admis de tous que la civilisation grecque surpasse toutes les autres, dites barbares A l'unité des bases culturelles étudiées plus haut, se combine ainsi le sentiment commun d'être supérieurs aux Perses. Ajouté à cela que les Perses, et ce depuis Hérodote et même au- delà sont particulièrement victimes de portraits très négatifs. Cette première opposition détermine, selon les mots de Socrate dans la République, le fait que les Barbares (que l'opinion publique assimile aux Perses) sont par définition et selon la théorie du droit naturel les ennemis héréditaires et même naturels des Grecs. [...]
[...] De plus, dans la politique intérieure de la Ligue, Isocrate est plus flou et sa pensée évolue même jusqu'à se contredire. En effet, sans évoquer un quelconque cadre institutionnel précis avec la présence ou non et les fonctions d'assemblées, de magistratures administratives et militaires, Isocrate considère dans un premier temps comme normal que l'alliance se plie à une certaine autorité de l'hegemôn. Prenant appui sur l'expérience d'Athènes, il établit comme naturel que la puissance hégémonique dirige et fixe les limites de la politique étrangère de l'alliance, mais surtout qu'elle impose son modèle constitutionnel, de gré ou de force, à ses alliés pour ne pas avoir à faire face à des oppositions internes. [...]
[...] Dans toute littérature qui ne se veut pas médisante, on retrouve comme vice principal qui rend les Perses si mous et si faibles : le luxe. En effet, les Perses pensent que l'or peut combattre pour eux, ce qu'a fait Artaxerxès durant la guerre de Corinthe ou pour la Paix du Roi. Cela les conduit à ne pas s'entraîner militairement et à développer un mode de vie très matérialiste. Enfin, l'organisation politique de l'Empire révèle une faiblesse bien plus naturelle encore : il n'y a dans l'empire qu'un seul homme libre, c'est le Grand Roi. Tout le reste de la population sont ses sujets. [...]
[...] Isocrate était-il un fou ou un génie visionnaire, sa postérité se réhabilite avec le temps depuis la redécouverte de ses idées et leurs comparaisons avec le pangermanisme du XIXe siècle. Il n'en demeure pas moins qu'il a le plus marqué son temps par des considérations politiques théorisées et solides, à l'inverse des sociétés aristotélicienne ou socratique, en réalité plus utopiques que la sienne. L'Histoire a su lui donner raison. Bibliographie Ouvrages généraux BRULE Pierre & DESCAT Raymond (dir.), Le monde grec aux temps classiques, tome 2 : le IVe siècle, PUF, Paris pages CARLIER Pierre, Le IVe siècle grec, jusqu'à la mort d'Alexandre, Seuil, coll. [...]
[...] C'est dans ce contexte que se développent le plus les idées nouvelles du panhellénisme. Ce courant politique vise à unir l'ensemble des Grecs ou Hellènes Celui qui a su le plus farouchement défendre cette thèse et ce durant sa très longue vie de 98 ans, c'est Isocrate. Né en 436 et mort en 338 à Athènes, il a vécu la grandeur de la Ligue de Délos, le désastre de la guerre du Péloponnèse et toutes les intrigues visant à l'hégémonie et au contrôle de la Grèce du IVe siècle jusqu'à assister à la victoire concrète de Philippe II de Macédoine à Chéronée, un mois avant sa mort. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture