Tel que l'a constaté Xénophon dans l'Anabase, les Lacédémoniens sont à la fin du Vème siècle avant J-C, les chefs de la Grèce, ils détiennent l'empire sur terre et sur mer et peuvent agir selon leur gré dans les cités. En effet, à partir de 404 avant J-C et de sa victoire lors de la guerre du Péloponnèse, Sparte exerce seule son hégémonie sur l'ensemble de la Grèce et cela durant trois décades. La cité avait justifié le renversement d'Athènes comme une lutte contre l'impérialisme en se faisant la protectrice de l'autonomie (autonomia) des cités, mais Sparte s'empressa en réalité de les soumettre à ses exigences, en leur imposant un tribut ou même un gouvernement à sa solde. En vue de critiquer la stratégie politique de Lacédémone et de faire un éloge d'Athènes, Isocrate, un logographe athénien (436 av J-C – 338 av J-C), déclama à l'occasion de la panégyrie d'Olympie en 380 avant J-C, un long discours favorable à l'entente entre les deux cités. Dans cet éloge, le Panégyrique, considéré comme son chef d'œuvre, Isocrate prêche avant tout l'unité panhellénique contre les Barbares, mais dans l'extrait qui nous est présenté, il remet particulièrement en cause la nouvelle politique spartiate et regrette la période d'hégémonie athénienne.
Provenant du mot grec panèguris qui désigne un rassemblement populaire à l'occasion d'une fête, le panégyrique est un discours à la louange d'une personne illustre, d'une nation ou d'une cité et qui dans le cas présent fut énoncé en présence de nombreux citoyens. De ce fait, l'objectif de l'orateur semble clair, car en exprimant ainsi sa vision du contexte politique de l'époque, il sensibilise les individus présents au sort de la Grèce et plus précisément d'Athènes, et les incite peut-être de façon implicite à réagir. Au fil de cet extrait, Isocrate s'indigne de la situation actuelle qui touche la Grèce et reproche à Sparte son impérialisme et sa collaboration avec les Barbares au détriment des cités grecques qui furent ses alliées. Il énumère les exactions perpétrées par les spartiates et les conséquences qui ont alors été encourues par les cités grecques.
L'intérêt de ce document réside tout particulièrement dans le fait que la description critique de la politique de Sparte soit effectuée par un athénien, et manque donc peut-être de recul. Dès lors, il semble intéressant d'analyser l'opinion d'Isocrate à travers ce discours ainsi que celle des autres cités grecques vis à vis de l'hégémonie spartiate. En quoi cet extrait du Panégyrique d'Isocrate constitue t-il une véritable diatribe à l'encontre de la stratégie politique de Lacédémone, tout en faisant preuve de louange envers les autres cités grecques, et principalement Athènes ? Nous aborderons dans un premier temps la condamnation de la politique spartiate par l'auteur ainsi que ses regrets de la période hégémonique athénienne, puis dans un second temps, nous étudierons les conséquences directes de cet impérialisme lacédémonien sur les cités grecques.
[...] Il rejette fermement cette attitude et pousse implicitement son auditoire à en faire de même. Au fil de cet extrait, Isocrate a donc condamné l'impérialisme spartiate en utilisant de nombreux exemples et arguments justifiant son opinion. Son témoignage nous mène à penser que durant l'hégémon athénien, les relations entre les Grecs semblaient être plus pacifiées, même si l'autonomia des cités était aussi peu garantie que sous l'égide de Sparte. L'impérialisme spartiate que nous avons analysé précédemment a eu des conséquences négatives sur la grande majorité des cités grecques. [...]
[...] En effet, le discours d'Isocrate semble se rapprocher du style pamphlétaire tout en ayant des propos bien plus nuancés que ce style contestataire. Son idéologie politique est clairement transmise par le biais de cette œuvre, il défend ainsi les valeurs de l'unité hellénique contre Sparte qui ne se préoccupe que de ses intérêts individuels. En tenant la cité guerrière pour responsable de la situation de la Grèce, l'orateur prouve qu'elle ne constitue pas un bon hégémon malgré sa prépondérance sur les peuples grecs. [...]
[...] Cependant, leurs malheurs publics ne s'arrêtent pas là, en effet, ils subissent également des maltraitances d'ordre physique particulièrement difficiles endurent des souffrances corporelles qui les assujettissent encore plus. Ces châtiments corporels doivent être extrêmement douloureux car ils sont décrits comme encore plus sévères que ceux administrés aux esclaves d'Athènes, plus terrible que chez nous Les termes non seulement et mais [ ] en plus emphase la dureté des sévices qui sont administrés à ces Grecs ainsi que l'injustice et l'insensibilité de leurs bourreaux. [...]
[...] Isocrate prend parti pour ces hommes libres qui deviennent du jour au lendemain les esclaves de Barbares, il s'inclut d'ailleurs dans la comparaison qu'il effectue entre le traitement des esclaves athéniens et de ces grecs assujettis. En effet, ces individus ne sont pas punis pour des raisons précises tels que le sont les esclaves athéniens, mais ils sont véritablement tourmentés pour le simple plaisir de les faire souffrir, aucun d'entre nous, en effet, ne tourmente ses serviteurs comme ces hommes ne tourmentent les hommes libres Non seulement l'auteur révèle qu'il est honteux de châtier d'une manière aussi terrible des individus, mais encore plus s'il s'agit d'hommes libres. [...]
[...] Néanmoins, nous pouvons nous demander si Isocrate n'exagère pas les difficultés endurées par les cités grecques afin de justifier sa critique de Lacédémone et ainsi louer implicitement les actions passées d'Athènes durant son hégémonie. Mais l'analyse de cet extrait du Panégyrique d'Isocrate nous prouve tout de même que sous la coupe du roi de Sparte, Agésilas, les peuples grecs ont été manipulés de sorte à ce que la cité guerrière puisse assouvir sans encombre sa quête incessante de pouvoir et d'expansion territoriale. [...]
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