La citoyenneté et l'intégration dans l'Empire d'Auguste à Caracalla

Résumé du document

Dès le début du règne d'Auguste après la chute de la République, une politique de limitation de la citoyenneté démontre la volonté ferme de l'Empire de conserver une élite romaine citoyenne : l'importance du titre de citoyen est démontrable dans tous les comportements d'alors, au niveau des provinces de l'Empire comme dans Rome même.

Pourtant, la volonté de garder cette citoyenneté comme un privilège de la Rome civilisatrice n'est pas motivée par une politique nationaliste, ni par la religion, puisque si durant toute l'antiquité, l'acquisition de la citoyenneté allait de pair avec l'acceptation de la religion qui régissait la cité, ici, les romains semblaient laisser une liberté de culte totale aux peuples conquis (...)

Extraits

[...] Dissertation Histoire Ancienne : Citoyenneté et intégration dans l'Empire d'Auguste à Caracalla. Dès le début du règne d'Auguste après la chute de la République, une politique de limitation de la citoyenneté démontre la volonté ferme de l'Empire de conserver une élite romaine citoyenne : l'importance du titre de citoyen est démontrable dans tous les comportements d'alors, au niveau des provinces de l'Empire comme dans Rome même. Pourtant, la volonté de garder cette citoyenneté comme un privilège de la Rome civilisatrice n'est pas motivée par une politique nationaliste, ni par la religion, puisque si durant toute l'antiquité, l'acquisition de la citoyenneté allait de pair avec l'acceptation de la religion qui régissait la cité, ici, les romains semblaient laisser une liberté de culte totale aux peuples conquis. [...]

[...] Le cadre urbain devient aussi le cadre civique, facilitant l'administration, et l'Empire peut enfin être assimilé à l'œkoumène. Cette décision aura des conséquences sur l'intégration des peuples et de leurs régions au sein de l'Empire, mais aussi sur la notion de citoyenneté, qui perd ainsi de sa rareté. Les historiens se sont interrogés sur la possibilité d'un monopole de la culture romaine sur tout le territoire et sur la persistance des traditions. En effet, il est possible que l'acquisition spontanée de la citoyenneté romaine en 212 fasse prévaloir à partir de ce moment cette culture sur les cultures et traditions locales. [...]

[...] Pour cela, il réorganise l'armée, ce vecteur d'intégration pour les régions marginales, protège et souligne les frontières puis uniformise le droit dans toutes les régions, instaurant la supériorité du droit romain. Son fils Caracalla va plus loin dans la volonté de consolider l'Empire : en 212, la Constitution Antonine ou Edit de Caracalla accorde l'extension du droit de cité romaine. Il s'agit d'une véritable révolution qui s'oppose aux politiques de l'Empire jusqu'alors. Tous les habitants de l'Empire peuvent désormais se prétendre citoyens légitimement, à condition qu'ils soient libres et ne fassent pas partie des déditices. [...]

[...] Les pérégrins quant à eux voient leur accession à la citoyenneté quasiment interdite, en dehors des exceptions signalées plus haut. Pour lutter contre les possibles usurpations ou fraudes, Auguste met en place un système d'archives, conservées à Rome et dans les grandes cités de l'Empire, afin que le statut des citoyens de naissance ne puisse pas être contesté. Pour cela, les lois Pappia Poppea et Aelia Sentia définissent les conditions pour être enregistré citoyen. A la naissance, ce sont sept témoins qui attestent de la citoyenneté d'un enfant légitime, et pour un enfant naturel, une déclaration devant témoin suffit. [...]

[...] C'est l'avantage d'une certaine garantie des règles juridiques locales qui doit rassurer les nouveaux citoyens. Enfin les cités gardent leur statut et ne deviennent pas automatiquement des municipes, elles ont une certaine indépendance. Cet édit semble donc permettre une meilleure intégration des régions et des peuples, tout en relativisant le monopole de la culture romaine, qui tend tout de même à s'étendre. Mais le titre de citoyen, autrefois un privilège, risque-t-il de perdre de sa splendeur et de tomber en désuétude? [...]