Le Ve siècle est celui de l'âge d'or d'Athènes, la ville la plus riche et la plus puissante de la Grèce. L'extrait étudié ici nous expose ses ressources financières; il correspond aux paragraphes 3 à 5 du chapitre 13 tiré du Livre II de « La guerre du Péloponnèse ». Cette ?uvre majeure rédigée par Thucydide, est une source exceptionnelle qui décrit les origines de la guerre avant d'en suivre le cours année par année jusqu'en 411. Thucydide est un citoyen athénien, apparenté à Miltiade. Il naît vers 460 dans une famille très aisée qui exploite des mines d'or en Thrace. Il est stratège en 424 quand il faut défendre Amphipolis contre les Spartiates dirigés par Brasidas. Son échec dans cette affaire lui vaut de vivre en exil jusqu'en 404. C'est durant cette période qu'il compose son ?uvre. Il meurt entre 400 et 395, de mort violente, disent la plupart de ses biographes. Selon l'expression de Thucydide : "L'histoire n'est pas une distraction passagère qui charme l'esprit par des fictions", il se place donc en ...
[...] En effet, Thucydide nous évoque d'autres rentrées d'argent mis en réserve pour amplifier le trésor (ligne 3 " et cela sans compter les autres revenus"). Depuis 454 le trésor n'est plus concentré à Délos mais sur l'Acropole d'Athènes (ligne 4). Ce changement appuie l'idée d'un impérialisme athénien sur ses alliés comme nous l'avons développé dans la partie précédente. D'après l'auteur, en 431 l'Acropole a "encore six mille talents d'argent monnayé" (ligne 4-5). La monnaie qui se développe de plus en plus à l'époque classique peut donc servir de réserve précieuse. L'unité de compte donnée dans le texte est le talent. [...]
[...] La richesse d'un sanctuaire varie alors. Il peut faire penser à une gigantesque réserve (statues, vases, boucliers) mise en inventaire par les prêtres eux-mêmes. Athènes connaît donc assez précisément la richesse des sanctuaires et l'aide possible qu'ils peuvent lui procurer en cas de crise. Les plus importants, ceux d'Athènes et de Délos pouvaient devenir des institutions de crédit en prêtant de l'argent, par l'intermédiaire de l'administration publique, soit aux habitants, soit à la cité elle-même. A l'époque classique quatre cents sanctuaires organisent des fêtes et des concours panhelléniques : Olympie, Delphes, Corinthe et Némée. [...]
[...] Comme nous avons pu le voir, Athènes dispose d'énormes moyens financiers lorsqu'elle entre en guerre contre Sparte. Elle utilise non seulement le phoros qu'elle lève sur ses alliés, mais elle utilise également le trésor qu'elle a amassé au long des mandats de Périclès. Les réserves d'argent s'accompagnent d'autres ressources, butin pris lors des campagnes précédentes ou argent d'origine sacrée prêté par les temples. Cependant, la cité n'oublie pas de dépenser, que ce soit pour s'embellir ou pour se prémunir contre les attaques de ses concurrents, comme le prouve le siège de Potidée. [...]
[...] Thucydide élève le poids de la statue à "quarante talents d'or affiné, cela correspond en valeur monétaire à cinq cent vingt talents d'argent. Si Athènes prélève ses ressources sacrées qui nous paraissent intouchables c'est pour assurer l'avenir de la cité. Elles devront ensuite être rendues aux dieux (ligne 20-22); c'est une forme de respect ce qui est offert aux dieux leur appartient à perpétuité. Le trésor de diverses origines présenté ici est exceptionnel, aucune cité ne peut se targuer d'avoir de tels moyens à la veille du conflit qui prendra l'ensemble du monde grec. [...]
[...] Seul la prudence de Périclès et son aura les incitent à prendre cette mesure exceptionnelle. On peut également noter que Thucydide lui même fait de la capacité des cités à se constituer des réserves d'argent leur principale source de puissance militaire. Il veut bien évidemment parler ici d'Athènes, sa cité d'origine, qui lui semble donc la plus puissante et surtout la plus à même de remporter le conflit qui va s'engager contre Sparte et ses alliés. Cependant, même si Périclès n'oublie pas de constituer des réserves, il n'en oublie pas malgré tout de signifier à tous la puissance de sa cité par des constructions monumentales et symboliques. [...]
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