Fondation scolaire, Eudèmos, Milet
Nous allons étudier le texte 62, du recueil, concernant la fondation scolaire d'Eudèmos à Milet extrait du Sylloge Inscriptionum Graecarum de Wilhem Dittenberg, il s'agit du Sylloge3 577. Il s'agit d'un décret proposé par les synédroi (ligne 1), c'est une commission désignée par l'Assemblée de Milet pour mettre en forme les décrets avant de les lui soumettre. Ce document nous apprend qu'Eudèmos, et ses deux frères Ménandros et Dion, font une donation pour l'éducation des enfants libre à Milet. Nous ne connaissons que très peu de choses les concernant, ils appartiennent vraisemblablement à la classe des notables, et ce décret est la seule trace de leurs existences. Ce décret daterait de 206/205 avant JC, on trouve aussi la date de 200/199 avant JC dans certaines sources.
Milet est l'une des principales cités de la côte occidentale de l'Asie Mineure, situé dans la région ionienne (carte). Elle passe sous la domination des Antigonides, puis fut l'objet des disputes entre les Séleucides et les Lagides ; en 281 les Séleucides deviennent maitres de Milet, en effet lors de la bataille de Couroupédion, Lysimaque est tué par Séleucos. Vers 261, Timarque s'impose comme tyran, cependant ce fut une tyrannie éphémère puisqu'il est chassé en 259 par Antiochos II, qui recevra l'épiclèse Théos.
Par ailleurs, il faut savoir que dans le monde hellénistique, l'éducation prend une importance essentielle, désormais le but de l'existence n'est plus le dévouement à une cité qui a perdu son indépendance mais l'épanouissement en soi même de toutes les virtualités de la personne humaine, grâce à l'éducation, en grec la paideia qui désigne désormais la culture. Pour corroborer cette importance, chaque cité, dans la Grèce hellénistique, avait la pratique de confier à de riches citoyens la tâche d'offrir toutes sortes de dons dont l'entretien des écoles. Ces citoyens sont ainsi appelés évergètes, selon son étymologie le bien qui fait, ou autrement dit le bienfaiteur. Pour Paul Veyne, le concept d'évergétisme est un concept dû à André Boulanger et Henri-Irénée Marrou, il a été forgé d'après le libellé des décrets honorifiques hellénistiques par lesquels les cités honoraient ceux qui, par l'argent ou activité publique, « faisaient du bien à la cité ».
Ainsi dans ces décrets, l'Assemblée du peuple, en accord avec les donateurs, précise de façon détaillée la façon dont la donation sera utilisée, et la cité se porte garante de son utilisation et du respect du projet initial. Elle conserve ainsi toute sa souveraineté, confiant le bienfaiteur dans son rôle de bailleur de fond récompensé par des honneurs.
[...] Cependant, la cité établit des contrôles minutieux qui confinent le bienfaiteur dans son rôle de bailleur de fonds, en effet, un règlement du gymnase sera établi et les maitres seront choisis par la cité, ce que nous verrons plus tard. Dans cette fondation scolaire, Eudèmos et ses frères ont fait le don de 10 talents d'argent ce qui correspond à 60.000 drachmes pour l'éducation des enfants de condition libre comme on peut le voir à la ligne 3. Le vœu du fondateur est respecté grâce aux revenus annuels. [...]
[...] Problématique : Nous pouvons nous demander comment la cité prend en charge la donation de l'évergète Eudèmos, et comment gère-t-elle l'éducation. Plan: Pour ce faire, nous allons voir dans une première partie l'encadrement de l'évergète en énonçant la donation, la participation aux rites et les honneurs accordés ; puis en second temps l'encadrement et l'administration de la cité, avec en sous parties l'administration, la réglementation et le recours aux dieux. Enfin, nous nous pencherons sur l'éducation à Milet avec l'élection des maitres, les rétributions et le cadre de l'éducation. [...]
[...] Par cette explication, nous pouvons comprendre la présence de la relation des Muses et d'Hermès aux lignes 13 et 36. Les fêtes liées à ces deux divinités donnent toujours lieu à des concours. Le contrôle du pouvoir des gymnases n'a cessé de se renforcer dans les cités grecques par la mise en place de magistrats civiques responsables du gymnase : les gymnasiarques. Dans la Politique d'Aristote, la gymnasiarchie est indispensable aux institutions de la cité, et entraine des dépenses lourdes telles que l'entretient des bâtiments ou la rémunération des maitres, ce qui exigeait de plus en plus la générosité des riches particuliers. [...]
[...] En attendant donc de toucher chaque année les revenus de ce capital, l'État avançait par l'intermédiaire des répartiteurs (anataktai) : magistrat chargé des finances, la somme de 300 statères aux trésoriers afin qu'ils puissent régler chaque mois les frais liés à la nouvelle école, notamment payer les salaires des quatre entraîneurs (30 drachmes) et des quatre maîtres de lettres (40 drachmes). Cependant, si les statères sont des statères d'or, la somme avancé chaque année par l'Etat s'élève à 6000 drachmes, ce qui fait un intérêt de 10% sur le capital de 10 talents ( drachmes) Les revenus des 10 talents étaient ensuite versés dans la caisse de l'Etat. La réglementation Afin que les règles établies par le décret soient correctement appliquées des amendes et sommes d'argents sont prévues en cas de non-respect. [...]
[...] La procession avait sans doute lieux de la cité de Milet au sanctuaire de Didyme (temple d'Apollon) situé à 15 kilomètres et relié par une route directe que l'on nomme voie sacrée. Le sanctuaire de Didyme étant passé sous la domination de Milet au IVème siècle. Ils notifiés que ses descendants (les plus âgés) devront perpétrés le rite de l'encens et participer aux processions. La mémoire d'Eudèmos et de la fondation est donc destinée à s'entretenir, la lignée familiale du bienfaiteur à commérer la mémoire d'Eudèmos. [...]
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