Flavius Josèphe : ce nom hybride dont la tradition l'a affublé reflète toutes les contradictions du personnage que ce soit dans le destin de l'homme comme dans l'image de l'historien.
Josèphe ben Mattathias de son nom hébreu, né à Jérusalem en 37 voit le début de sa vie marqué par l'importance du judaïsme. Ce Juif issu d'une famille sacerdotale et descendant des Hasmonéens de par sa mère, s'intéresse en effet, dès l'âge de 16 ans à l'étude des chefs des sectes juives, à savoir les Pharisiens, les Sadducéens et les Esséniens. Il fut lui-même disciple de l'ermite Bannus avec qui il vécut dans le désert pendant 3 ans. Enfin, à l'âge de 19 ans, il rejoignit les Pharisiens. Pourtant quand il meurt à Rome, en 95-96, c'est en tant que citoyen romain privilégié. Or, c'est contre ces Romains mêmes que le peuple juif a lutté de 66 à 70.
Ce paradoxe biographique entre le début et la fin de sa vie ne peut se comprendre qu'en étudiant l'impact de la guerre des Juifs dans la vie de Josèphe.
Pour cela, il est intéressant aussi d'étudier l'approche historique que Flavius Josèphe fait de cette guerre, de son peuple et des Romains. Or, l'étude de l'ensemble de ses œuvres à savoir :
· La guerre des Juifs contre Rome (75),
· Les Antiquités juives (93-94),
· Vita ou Autobiographie mis en appendice aux Antiquités,
· Contre Apion.
Offre une vision, elle aussi, contradictoire.
Ainsi la description biographique, puis la description de ses œuvres rendent caractéristiques « le paradoxe joséphien » et posent le problème de savoir de quel côté Josèphe se situait au moment du conflit, et si ses sentiments étaient sincères ou opportunistes.
[...] Il faut dire que Josèphe avait le souci de l'intelligibilité des événements. Sans lui, on ne possèderait sur la guerre que la brève évocation malveillante de Tacite (Histoire et l'on ne saurait rien de l'épisode héroïque de Massada. Les sources juives en hébreu et araméen (Talmud et Misdrah) n'ont, en effet, gardé que les échos semi-légendaires du siège de Jérusalem. . portant des jugements de valeur Le dernier point sur lequel Josèphe se retrouve une nouvelle fois dans une situation paradoxale intervient quand il donne une certaine définition de l'approche historique et quand il tend à faire le contraire alors qu'il se considère digne du titre d'historien. [...]
[...] Sa suspicion tient au fait : Qu'il prend à cœur les intérêts du roi Agrippa II, toujours allié à Rome. Qu'il refuse à ce que Jean de Gishala fasse main basse sur le blé impérial pour le propre profit du peuple juif. Qu'il évite un affrontement direct contre Rome. Cette suspicion va l'amener à être contesté dans nombre de cités juives comme à Séphoris, Tibériade, Gabara et souvent les faits d'armes dont se prévaut Josèphe sont des victoires remportées sur des cités juives et non contre les Romains. [...]
[...] Son modèle est celui de l'histoire biblique (cf. Jérémie). Ainsi, témoin d'une insoutenable tragédie, il interrompt de temps à autre son histoire pour exhaler sa douleur tout en sachant que la règle en histoire veut qu'on réprime ses sentiments 20). Ajoutons à cela, la dette de reconnaissance de Josèphe envers ses protecteurs, les Flaviens, qui lui fait atténuer la cruauté de leurs comportements, exalter en eux les vertus du chef idéal et souligner la protection surnaturelle dont ils jouissent. De même, il désigne les coupables de cette chute de l'Etat juif par des termes engagés : brigands factieux criminels Conclusion Ainsi, les hésitations de Josèphe dans ses choix politiques et religieux peuvent être la conséquence d'une très grande connaissance des puissances du moment. [...]
[...] Le paradoxe joséphien dans son attitude durant la guerre A. Un acteur pro-juif convaincu ? Une adhésion à la guerre controversée L'influence croissante du prestige romain sur Josèphe l'entraîne soit par choix personnel, soit par opportunisme à des contradictions de conduite lors de la guerre des Juifs contre Rome. Tout commence en 64 quand Josèphe se rend à Rome pour plaider en faveur de la libération de quelques prêtres que le procurateur Félix avait envoyés pour être jugés par Néron. [...]
[...] Il faut qu'il attende l'intronisation de Vespasien, en 69, pour jouer un rôle. En effet, le nouvel empereur le fait alors entrer dans l'armée romaine aux côtés de son propre fils, Titus qu'il charge de faire tomber Jérusalem. Ainsi, Flavius Josèphe est-il chargé de participer à la guerre psychologique dans la lutte contre Jérusalem et ceci en dissuadant son peuple de résister contre cette puissance romaine qui, si elle entame un siège, n'épargnera pas les Juifs. On ne peut donc pas dire que Josèphe a eu une véritable attitude de traître contre son peuple. [...]
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