Plaidoyers attiques femmes histoire grecques
Les femmes présentées par les orateurs attiques dans leurs discours font, pour certaines d'entre elles, l'objet d'une description, bien que celle-ci soit le plus souvent succincte. Le plus souvent, la femme est présente de façon impersonnelle l'orateur se contentant d'évoquer le fait que tel ou tel citoyen a une femme, une fille ou une soeur. Seules quelques femmes font l'objet d'une réelle description. C'est le cas des prostituées notamment dans le Contre Nééra, mais aussi d'autres femmes telles que la figure de la nourrice ou encore l'épiclère. L'intérêt est ici de voir dans quelle mesure la femme se comprend comme une figure personnalisée dans le cadre des discours des dix orateurs attiques.
[...] Son origine servile est indiscutable comme le montre les deux ventes dont elle fit l'objet. Son statut se définit aisément, au moment du procès : elle est une étrangère libre, d'origine servile. Elle est donc située de manière claire dans la société grecque. Nééra, ainsi que les femmes qui l'entourent dans le récit d'Apollodore sont en marge du corps civique, d'autres femmes comme les astai. Nééra permet d'entrevoir la perception qu'ont les hommes de femmes de mauvaise vie. La description de Nééra Dans le cadre de son accusation, Apollodore qui, si l'on suit Louis Gernet est le véritable auteur du discours en plus d'être à l'origine du procès, livre un portrait de Nééra. [...]
[...] Son existence fut, à l'image de celle de sa mère, constellée de rebondissements. Dans un premier temps, elle fut donnée en mariage à Phrastor, par Stéphanos. Cette dation fut effectuée par ce dernier comme si Phanô était sa propre fille. Ce mensonge aurait pu rester caché si, selon les dires du plaideur, la jeune femme avait su calmer ses appétits. « [ ] ce qu'il lui fallait, c'était le train de sa mère et la vie dissolue qu'on menait chez elle, car elle avait été élevée, je suppose, avec la même licence ». [...]
[...] Dans un tel cas, le jugement d'attribution prononcé par la cour tenait lieu d'acte privé de fiançailles et fondait alors un mariage légitime. Si l'épiclère refusait de divorcer, elle le faisait évidemment avec l'accord de son mari. En agissant de la sorte, elle renonçait de facto à l'héritage paternel qui passait alors au plus proche parent comme si l'épiclère en question n'avait pas d'existence réelle. Un refus des droits d'une épiclère aurait donc pu empêcher une dissolution de l'union des époux. [...]
[...] Le parcours de cette femme peut être reconstitué d'après les propos d'Isée : « Il y avait une affranchie qui gérait pour son compte une maison de rapport au Pirée et y entretenait des filles, elle en acquit une du nom d'Alké que beaucoup d'entre vous connaissent, j'imagine. Cette Alké, après qu'elle eut été achetée, vécut pendant de longues années comme pensionnaire de l'établissement, puis, déjà vieille, elle se retira du métier ». Il est donc clair que de pornè, Alké est devenue une entremetteuse. De plus, Isée évoque ici une troisième femme qui exerçait cette activité. Le cas de Nicarèté ne devait donc pas être marginal. Ces entremetteuses avaient diverses tâches parmi lesquelles se trouvent la gestion du pornéion et l'encadrement des pornai. [...]
[...] Si l'archonte ne l'y oblige pas, il devra payer drachmes consacrés à Héra. Les contrevenants seront dénoncés à l'archonte par tout citoyen qui voudra ». Ne peut-on, au vu de cette disposition légale, assimiler les obligations assignées aux parents d'une épiclère pauvre à de la charité ? L'exemple de l'épiclère montre bien que la femme ne peut en aucun cas posséder un bien-fonds. Il apparaît que ce droit est l'apanage du citoyen. La femme joue un rôle de courroie de transmission au sein de l'oikos. [...]
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