En 399 à Athènes, Socrate est accusé d'impiété par un de ses concitoyens. S'ensuit alors un procès qui s'inscrit dans une Athènes peu sûre d'elle-même, une cité encore traumatisée par des événements politiques et sociaux. Philosophe et citoyen respecté, Socrate va pourtant être jugé et condamné par sa cité. Cet événement, difficile à saisir et à interpréter, est majeur pour l'histoire de la cité athénienne, démocrate, qui a vécu le Grand Siècle, celui de Périclès.
[...] Pourtant des avocats professionnels existent et sont appelés des logographes. Ces-derniers ont pour fonction d'aider l'accusé en lui rédigeant un discours qu'il n'aura plus qu'à lire devant le tribunal. Lysias, orateur attique qui aurait composé 425 discours selon Plutarque, propose son aide à Socrate. Cependant il préfère remplir lui-même son devoir de citoyen et expliquer ses convictions personnelles. Le plaidoyer de Socrate- dont nous n'avons que la reconstitution selon Platon et Zénophon- n'est point une défense mais plutôt la justification d'une vie. [...]
[...] Sa mère était sage-femme et son père sculpteur. Il est probable que Socrate ait reçu l'éducation commune à tous les Athéniens (musique, gymnastique et grammatique)et qu'il ait exercé pendant un temps le même métier que son père.Socrate s'écarte cependant de cette vie professionnelle toute tracée pour mettre en application l'oracle de Delphes: "Le plus savant parmi les hommes, c'est celui qui sait en fin de compte que son savoir est nul". Socrate devient alors l'homme qui arpente les rues d'Athènes à la recherche de son âme ("Connais-toi toi même") et de celle de ses concitoyens. [...]
[...] Le verdict. Avant toute chose, il est néessaire ici de rappeler le fonctionnement de l'héliéé, ce tribunal populaire à ciel ouvert devant lequel Socrate doit se justifier. Les héliastes, les juges sont au nombre de 6000, à raison de 600 pour chaque tribu. L'unique condition pour en faire partie est l'âge. En effet tout Athénien âgé d'au moins 30 ans peut être appelé à être héliaste. Répartis en dix sections, les héliastes sont tirés au sort(grâce à des machines nommées klèrotèria) juste avant le procès pour éviter toute corruption. [...]
[...] Le problème des sources. Les témoignages divergent. Tout d'abord Platon: il a 20 ans quand il rencontre Socrate, en 407. Presque tous les dialogues platoniciens sont constitués de la présence de Socrate. Des oeuvres comme l'Apologie de Socrate,sur laquelle je me suis appuyée pour l'étude la défense, le Criton ou le Phédon sont de précieux témoignages. Cependant force est de souligner l'originalité de la personnalité de Platon qui nous empêche d'attribuer à Socrate tous les propos écrits dans les oeuvres platoniciennes. [...]
[...] La diversité des sources ne facilite pas l'étude et il serait trop facile d'y voir la condamnation de toute une vie. Ainsi donc, non seulement le sens de la pensée et de la vie de Socrate reste pour nous mystérieux mais aussi la signification de sa mort:"Tout contribue à faire de la connaissance de Socrate lui-même un thème d'ironie socratique. La seule chose que nous sachions sûrement de lui, c'est que nous ne savons rien.", L.Brunschwicg, Le progrès de la conscience de la philosophie occidentale. [...]
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