L'assassinat de Commode en 192 met brutalement fin à la dynastie Antonine, achevant ce qu'il est convenu d'appeler l'âge d'or de l'empire romain par le règne d'un tyran à la folie incontrôlable. Le court règne de Pertinax, qui lui succède le 1er janvier 193, marque la transition entre cette dynastie légendaire des Antonins, et celle des Sévères, fondée par le légat de Pannonie, Septime Sévère. Mais peut-on considérer comme certains historiens que la dynastie des Sévères marque une véritable rupture dans l'histoire de Rome, consistant en cela en une sorte de révolution, ou doit-on au contraire la placer dans la continuité directe de la dynastie antonine ?
[...] Même Elagabal, peu soucieux des traditions, dut attendre 36 jours pour recevoir les vœux des Arvales. Ainsi, sur bien des points, les pratiques du pouvoir sévériennes se placent dans la continuité des pratiques antonines. Cependant, même si les Sévères semblent logiquement poursuivre l'œuvre de leurs prédécesseurs, un certain nombre d'innovations ou de progrès permettent de faire de cette époque une période charnière, sur certains points vraiment révolutionnaire. En effet, le renforcement incontestable de l'autorité impériale à partir de Septime Sévère, et son autonomie croissante, s'ils s'affichent dans la continuité de l'évolution lente des dynasties précédentes, s'accompagnent au IIIème siècle de ce que certains historiens ont nommé la modernisation de l'Etat Cette modernisation apparaît tout d'abord dans l'efficacité croissante de la machine administrative suite à la réorganisation des provinces. [...]
[...] En 212, Caracalla augmente encore de moitié le montant de la solde fixée par son père. Septime Sévère complète cette augmentation de distributions exceptionnelles d'aurei, les donativa, grâce au butin des guerres parthiques. En réalité, malgré les critiques de Dion, ces mesures semblent surtout avoir été une réponse à l'inflation galopante qui frappait l'empire. Des réformes plus profondes touchent la garde prétorienne, responsable de l'assassinat de Pertinax. En 193, Septime Sévère décide de licencier tous les prétoriens. Ceux-ci sont dès lors recrutés parmi l'élite des légions. [...]
[...] La chute de Macrin, qui voulut réduire les dépenses militaires, et celle de Sévère Alexandre, qui reléguant l'armée au second plan de sa politique provoqua un mécontentement qui lui fut fatal ne montrent-elles pas la fragilité de ce régime ? Elles semblent justifier en tous cas les réflexions dans les siècles suivants sur le pouvoir. La recherche des équilibres et de la stabilité semble impliquer l'exercice d'un pouvoir modéré, et indépendant de la force militaire, vue dans l'élite romaine comme un élément perturbateur et déstabilisant. [...]
[...] Existe-t-il une révolution sévérienne ? L'assassinat de Commode en 192 met brutalement fin à la dynastie Antonine, achevant ce qu'il est convenu d'appeler l'âge d'or de l'empire romain par le règne d'un tyran à la folie incontrôlable. Le court règne de Pertinax, qui lui succède le 1er janvier 193, marque la transition entre cette dynastie légendaire des Antonins, et celle des Sévères, fondée par le légat de Pannonie, Septime Sévère. On dispose pour l'époque de cette nouvelle dynastie d'assez peu de sources fiables. [...]
[...] La lecture de Dion Cassius et d'Hérodien donne donc une image très négative de cette dynastie, qui aurait instaurée une véritable monarchie militaire, et qui marquerait de façon nette une rupture dans la conception du pouvoir à Rome, en illustrant le passage du principat au dominat. Pourtant, sur bien des points, cette vision de la prise du pouvoir par les Sévères comme un véritable coup d'état semble contrecarrée par les indices d'une continuité entre la dynastie précédente et celle-ci. En effet, on peut comme M. Christol envisager l'époque des Sévères plus en continuité qu'en rupture avec l'époque précédente. Cette démarche se justifie dans la revendication par les Sévères eux-mêmes d'un héritage antonin. [...]
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