L'éducation militaire ne s'est pas imposée comme une évidence pour tous les Grecs, notamment les Athéniens du Vè siècle puisque l'idée d'une préparation de la jeunesse à la guerre ne se développe qu'à la toute fin de ce siècle. L'éphébie militaire est en effet attestée dans les années 370 par des inscriptions.
Cependant l'éphébie reste essentiellement connue grâce aux travaux d'Aristote (348 – 322). Il quitte la Macédoine où il est né à l'âge de 17 ans pour s'installer à Athènes, où il devient disciple de Platon. Il quitte Athènes pour l'Asie Mineure en 347 puis la Macédoine où il est chargé de l'éducation d'Alexandre par Philippe II. En 335, il retourne à Athènes où il fonde son école philosophique, le Lycée. C'est dans le cadre de recherches préliminaires avec ses disciples qu'il réunit 158 constitutions dont seule reste la Constitution des Athéniens, probablement une de ses dernières œuvres. Ce texte se divise en deux parties : l'histoire d'Athènes des origines jusqu'en 403 et un tableau des institutions d'Athènes de son époque. C'est à cette dernière partie qu'appartient le chapitre 42 qui décrit précisément le fonctionnement de l'éphébie après son remaniement par Lycurgue (orateur anti-macédonien qui rétablit les finances de la cité et entreprend une série de réformes), suite à la défaite de Chéronée contre les Macédoniens, en 335. Aristote nous décrit l'éphébie comme un service militaire obligatoire de deux ans : il explique d'abord le processus d'inscription, puis met en avant le mode de recrutement des magistrats chargés de la formation des éphèbes avant de décrire les activités des éphèbes.
Mais l'éphébie est également connue à travers les inscriptions, comme celle du dème d'Archarnes (dème au Nord-Ouest d'Athènes), retrouvée dans un sanctuaire d'Arès et Athéna et qui date du la seconde moitié du IVè siècle. Cette inscription comporte le serment prononcé par les éphèbes à leur entrée dans ce corps.
Dès lors, on peut se demander en quoi l'institution éphébique est essentielle dans la formation des futurs citoyens et révélatrice de l'imbrication des différentes dimensions (civiques, militaires, religieuses) dans la cité.
Nous allons donc voir que l'éphébie est un rite de passage institutionnalisé entre l'enfance et la citoyenneté adulte avant de montrer que c'est également une formation militaire et citoyenne exclusive.
[...] Les éphèbes sont donc entraînés aux nouvelles formes de combats et de façon indifférenciée (pas de distinction selon la fortune). Lignes 13-14 : le cosmète ou “chef de tous les éphèbes” doit apprendre aux éphèbes le ordre” (traduction de kosmein), c'est-à-dire la prudence, la sagesse, la décence et l'honnêteté. Il peut même infliger des châtiments corporels aux récalcitrants. Travaillant de concert avec lui, on trouve dix sophronistes, dont le nom signifie étymologiquement contrôle de soi, le bon sens, la tempérance”, qui surveillent l'entraînement des éphèbes. [...]
[...] Les Grâces comme les Heures sont des divinités de la nature et de la végétation qui en assurant le renouvellement cyclique des saisons symbolisent à la fois l'ordre immuable des lois et le renouvellement démocratique des citoyens chargés de veiller sur elles. L'invocation de ces divinités, tout comme celle des bornes du pays et des fruits de la terre, semble être un trait d'archaïsme qui laisse supposer des racines préclassiques à l'éphébie. Après avoir vu que l'éphébie est un rite de passage très codifié qui implique non seulement le citoyen mais l'ensemble de la cité et invoque même la religion, nous allons voir que l'éphébie est avant-tout une formation citoyenne et guerrière exclusive en vue de doter la cité d'une armée compétitive. [...]
[...] Ils se rendent dans les sanctuaires de l'Acropole, de l'agora et aussi certainement dans celui du héros éponyme de leur tribu. Ils prêtent le serment éphébique dans le sanctuaire d'Aglauros sur les pentes de l'Acropole. Le serment tient une place très importante chez les Grecs : il est garanti par les dieux au nom duquel il est prononcé et ce sont les dieux eux-mêmes qu'on offense en cas de parjure. Le serment représente en quelque sorte le sceau divin qu'on place sur la parole donnée. [...]
[...] Dans le même temps, ils reçoivent une formation de citoyen actif pour la défense de sa cité. Pendant les deux années de l'éphébie, les jeunes hommes se consacrent exclusivement à ces deux enseignements La première année : une formation guerrière mais aussi citoyenne Sa première expression se trouve dans le serment prononcé par les éphèbes. Ce serment constitue l'affirmation idéologique d'une défense citoyenne : devoir de solidarité au combat (à rapprocher de la solidarité nécessaire dans la phalange), d'obéissance aux supérieurs et aux lois de la cité, ainsi que souci de lutter contre celui qui veut les renverser. [...]
[...] Lignes 3 à 5 : au moment de cette inscription, les démotes (ensemble des citoyens du dème) prêtent serment puis délibèrent sur la condition et l'âge du jeune homme par un double vote. Ce vote secret permet de déterminer si le nouveau citoyen a bien l'âge requis car le père ou tuteur a intérêt à retarder l'entrée dans la citoyenneté et le garçon à l'anticiper. Il permet également de déterminer si le jeune homme est condition libre et de naissance légitime”, c'est-à-dire fils de citoyen et d'une femme fille de citoyen qui sont mariés. [...]
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