A la mort de son père Constance Chlore en 306, Constantin est nommé César par les légions de Bretagne ; il règne alors sur une partie de l'Empire romain d'Occident. La tétrarchie est alors en vigueur : il y a plusieurs empereurs régnant sur les différents territoires romains. Constantin deviendra le seul empereur romain d'Orient et d'Occident en 324 après ses victoires sur Maxence en 312 lors de la bataille du Pont Milvius, et sur Licinius en 324. Marquant la fin de l'ère des persécutions contrent les chrétiens, Constantin est connu pour être le premier Empereur romain à se convertir au christianisme. Il va aider l'Eglise chrétienne à prendre son essor. Il convient donc d'analyser la transformation de l'Eglise en force politique durant le règne de Constantin, soit de 306 à 337. Les relations entre l'Etat et l'Eglise prennent en effet un tournant décisif au début du IVe siècle. Selon Paul Veyne, « le christianisme n'a pas eu à nous apprendre à séparer Dieu et César, car ils étaient distincts originellement et ce fut César qui tendit une main à l'Eglise, pour l'aider et pour la guider. »
Bon nombre d'historiens voudraient pouvoir relier les décisions politiques de grande portée prises par Constantin avec son évolution intérieure et ses convictions personnelles. Mais peut-on véritablement parler d'une confusion des affaires temporelles et religieuses, comme le terme « d'Empire chrétien » semble le suggérer ? Y aurait-il vraiment eu une union du politique et du spirituel sous l'Empereur Constantin ? Nous verrons dans un premier temps que la foi chrétienne de l'empereur est restée personnelle, de l'ordre du privé, puisque toujours minoritaire au sein de la majorité païenne. Puis, nous analyserons la tentative de Constantin d'appliquer sa théologie à l'ensemble de son Empire et son rôle central dans cette nouvelle conception des relations entre l'Etat et l'Eglise.
[...] Mais il est certain qu'il tirera profit d'une Eglise unifiée, c'est pourquoi il promeut une entente cordiale entre les évêques et tâchera même de réhabiliter l'évêque hérétique Arius dans les rangs de l'Eglise, ce qui fera peser des soupçons d'arianisme sur sa personne, d'autant plus qu'il fut baptisé par un ancien arien, Eusèbe de Nicomédie, et qu'Eusèbe de Césarée était sûrement lui aussi un partisan arien. Toutefois, l'unité avec l'Eglise était indispensable à Constantin. En effet, l'idéal de coordination entre la cité terrestre et la cité de Dieu, de coopération entre les institutions proprement ecclésiastiques et celles d'un Etat qui se voudrait chrétien suppose que l'Eglise et l'Empereur sont d'accord sur l'essentiel, c'est-à-dire sur le contenu de la foi.[5] Que l'Empereur dévie du chemin de l'orthodoxie et celui qui était considéré comme saint et pieux ne sera plus qu'un tyran, un persécuteur. [...]
[...] La prodigalité architecturale : expression du dogme chrétien Constantin fut également un grand prince bâtisseur. Il fit construire de nombreuses basiliques et églises dans tout l'Empire. Vers 315, il fait construire les premières basiliques à Rome : Saint-Pierre du Vatican, Saint- Jean de Latran, Saint-Paul Les chrétiens de Rome ont des églises où se réunir pour la première fois. Sur les conseils de sa mère Hélène, croyante convaincue elle aussi, Constantin commence à faire construire des monuments religieux en Palestine : une basilique au Mont des Oliviers, au Saint- Sépulcre, à Bethléem. [...]
[...] En 321, le repos dominical est institué par Constantin. C'est là l'imposition d'un rythme de vie chrétien à une société qui avait un calendrier différent. Toutefois, il n'y a pas atteinte à la liberté du peuple, chacun étant libre du choix de ses activités le dimanche. Le jour férié, courant avant Constantin, était appelé justitium mais n'intervenait que pour des évènements de grande importance. Constantin entend établir un justitium perpétuel[3] le dimanche, jour de résurrection du Christ, mais aussi jour du Soleil, et donc tout un symbole pour les chrétiens, comme pour les païens. [...]
[...] Il fut le principal théoricien de l'Empire chrétien et de la mission divine confiée à Constantin. A ce titre il coucha sur papier et influença en grande partie la théologie constantinienne Grâce à ses écrits, nous comprenons mieux la théologie politique qui légitimait alors le pouvoir de Constantin. Eusèbe de Césarée effectue un parallèle entre le royaume terrestre et le royaume céleste. Le premier se doit d'être à l'image du second. Tout comme il n'y a qu'un seul Dieu, il ne doit y avoir qu'un seul Empereur ; c'est chose faite en 324 avec l'élimination de Licinius. [...]
[...] Toutefois, les changements abordés et l'impulsion donnée au christianisme sous Constantin en font le précurseur de l'Empire chrétien. Avec Constantin, la frontière entre le temporel et le spirituel, le profane et le sacré, semble s'effacer peu à peu entre les institutions de l'Eglise et celles de l'Empire. Cette compénétration intime des deux s'insinue parfois à l'intérieur même de la personnalité de l'Empereur chrétien. Cela vaut pour Constantin, mais encore plus pour ses successeurs, qui seront à la tête d'un Empire véritablement chrétien. [...]
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