Éducation et contrôle du corps sous l'Antiquité romaine (IIe s. av. – IIe s. apr. J.-C.)

Résumé du document

La question de l'éducation (particulièrement de l'éducation physique) peut être abordée avec la même problématique que les questions de disposition du corps et d'institution familiale : celle de la construction et de la perpétuation du corps civique. En effet, la question de l'éducation et précisément de son caractère plus ou moins public, est une question politique centrale : prise en charge par l'Etat de la formation des citoyens qui traduit la volonté de leur participation à la décision politique ; derrière l'accès à l'éducation politique se pose la question de l'ouverture des élites culturelles et des classes dirigeantes.

La pratique du sport à Rome reste étroitement liée à la formation militaire de la jeunesse et se trouve plus centrée sur le maniement des armes et des chevaux que sur les exercices de la palestre (athlétisme), pour lesquels Rome garde une méfiance. Or, le recrutement censitaire de l'armée romaine, qui concerne de iure tous les citoyens de 17 à 60 ans, exclut les plus pauvres (proletarii) de la militia. Dans ce contexte, des exercices aux armes, à l'équitation, à la boxe sont pratiqués sur le Champ de Mars (et suivis peut-être d'un bain dans le Tibre) sans doute jusqu'à la fin du IIe s. et survivent peut-être encore au Ier s. dans l'élite.

Extraits

[...] Foucault dans Exercices spirituels (p. 305-311 : présentation des conditions de leur rencontre ; Foucault utilise Hadot dans l'Usage des plaisirs et dans le Souci de soi, mais Hadot ne le lit qu'après et le dialogue est en partie manqué). Hadot, dans Exercices spirituels revient sur la notion de culture de soi p. 323-332 : il n'accepte pas l'expression culture de soi (Souci de Soi, p. 55-94), parce qu'il y sent une forme de plaisir de soi, de narcissisme (notion de construction de soi qui est très ancrée dans les modes de vie des années 70-80, comme le dit Hadot, p. [...]

[...] Au moment même où Cicéron reçoit sa formation personnelle, paraît un traité de rhétorique que nous avons conservé, La Rhétorique à Herennius, qui date des années 86-82 et reflète l'enseignement de L. Plotius Gallus, client de Marius, ouvert en 93 à Rome : un enseignement dont les exemples sont empruntés à l'histoire récente, en particulier aux débats sur l'ouverture de la citoyenneté romaine aux Italiens ( 3.2 ) ou à la mort de Tibérius Gracchus ( 4.55 L'utilisation politique de la rhétorique judiciaire explique la décision prise par les censeurs Cn. [...]

[...] On a pu légitimement évoquer l'influence de la législation morale du début de l'Empire qui produirait une intériorisation de contraintes extérieures. Toutefois, de même que la législation augustéenne ne faisait que formaliser des valeurs anciennes, de même rigorisme et maîtrise de soi ont toujours été des composantes du mos maiorum : c'est cette perspective historique que manque M. Foucault, qui regarde du côté de la Grèce, mais pas de la Rome républicaine. La culture de soi se manifeste déjà dans la culture grecque et hellénistique. [...]

[...] Un double objectif : bonheur et vertu Texte de Philon d'Alexandrie (l. 27-29) : Pour les hommes qui trouvent la joie dans la vertu, toute la vie est une fête - Dans l'ensemble des philosophies antiques, le but unique de la cette pratique est le bonheur (lequel est évidemment distingué du plaisir). Mais, d'une part, le bonheur est entendu d'abord négativement, comme une libération, une thérapeutique des passions (Exercices spirituels, p. 21- destinée à libérer l'homme de l'esclavage de ses désirs et de l'angoisse ; d'autre part, dans la continuité de la pensée de Platon, le bonheur s'identifie à la recherche du bien moral : le bonheur, c'est se conduire selon ce qui est bien et ce qui est beau, selon la raison, c'est atteindre la sagesse (d'où le concept de philo-sophein). [...]

[...] par un abaissement progressif du cens de la centurie des prolétaires (ou capite censi). Mais, à ce moment- là, la formation est circonscrite aux camps militaires, alors même que, dans le même temps, les jeunes gens de l'élite servent moins dans la cavalerie que comme officiers Sous l'Empire, des exercices physiques collectifs à caractère symbolique Des exercices physiques publics sont attestés sous l'Empire, mais sauf dans le cadre des fêtes religieuses, ils sont a priori interdits à l'élite. Auguste tente certes de restaurer des formes d'exercices physiques publics : une cavalcade des iuuenes, les jeunes gens, fut remise brièvement à l'honneur dans le contexte de la célébration de ses deux héritiers, C. [...]