En 69 ap. J.-C., c'est la dynastie des Flaviens de prendre le pouvoir et Domitien (81-96) est le troisième et dernier héritier de celle-ci. De même que les empereurs Caligula (37-41) et Néron (54-68), Domitien appartient à la tradition des « mauvais » empereurs, image nourrie, entre autre, par le portrait qu'en dresse Suétone dans ses Vies des douze Césars ( 120). Originaire de la petite bourgeoisie italienne, C. Suetonius Tranquillus, né vers 77 ap. J.-C., est le fils d'un soldat qui fut tribun de la XIII° légion de l'armée d'Othon. Suétone est le premier chevalier de sa famille : dispensé des milices équestres, il fait carrière à Rome dans les bureaux de la chancellerie impériale. Il est disgracié par Hadrien en 122 en même temps que son protecteur, le préfet du prétoire Septicius Clarus et meurt à une date inconnue, peut-être entre 140 et 160. Bien informé grâce à ses fonctions officielles qui lui donnent libre accès à toutes les archives de l'Etat, Suétone dépeint une galerie de portraits très minutieux et soucieux du détail en traçant une histoire continue de César à l'assassinat de Domitien. Bien que l'auteur ne porte pas de jugements personnels sur les empereurs, l'impression qui se dégage de ces biographies est très défavorable. Cependant tout n'est pas négatif dans la vie de Domitien car Suétone, archiviste et administrateur, connaît et approuve le souci d'efficacité de l'empereur et ses bonnes mesures de gouvernement. De même, ce sont des sources épigraphiques retrouvées à Ankara et à Cordoue et une source numismatique de l'époque de Domitien qui vient tempérer cette image si négative laissée par la damnatio memoriae qui, après sa mort, s'abat sur l'empereur. Les sources épigraphiques sont très importantes car elles témoignent aussi de l'étendue de l'empire romain à cette époque et ne sont pas fréquentes car afin d'effacer le souvenir de ce prince, elles ont été martelées. Le monnayage impérial est à manier avec précaution car la frappe se concentre désormais dans les ateliers de Rome et est donc un moyen de propagande impériale. Néanmoins ces deux types de sources soulignent un autre aspect, plus positif, du règne de Domitien. Ainsi les deux sources épigraphiques étalent les titres et pouvoirs cumulés par l'empereur, mettent en évidence sa filiation, énumèrent des entreprises édilitaires menées dans les provinces et mentionnent sa victoire sur les Chattes (l. 1 à 9). De même la monnaie dresse la liste de ses charges les plus importantes, cite la victorieuse campagne de Germanie, les jeux séculaires et associe Domitien à la couronne de lauriers et à l'image de Minerve, deux symboles de victoire militaire (l. 10 à 16). Enfin, le texte de Suétone vient souligner les abus dans lesquels est tombé l'empereur. Ses comportements sont ambigus et semblent viser une divinisation de son vivant (l. 17 à 20). En outre il fait preuve de démesure en accumulant trop de charges, en n'acceptant que des statues d'or et en manipulant le calendrier (l. 20 à 27). Ainsi son règne semble divisé entre de bonnes mesures administratives qui réorganisent l'empire, une intense activité édilitaire, et les dernières années de son règne qui furent tyranniques et lui valurent la damnatio memoriae.
Alors, comment se traduit-elle cette controverse dans le règne de Domitien?
[...] Néanmoins ces deux types de sources soulignent un autre aspect, plus positif, du règne de Domitien. Ainsi les deux sources épigraphiques étalent les titres et pouvoirs cumulés par l'empereur, mettent en évidence sa filiation, énumèrent des entreprises édilitaires menées dans les provinces et mentionnent sa victoire sur les Chattes à 9). De même la monnaie dresse la liste de ses charges les plus importantes, cite la victorieuse campagne de Germanie, les jeux séculaires et associe Domitien à la couronne de lauriers et à l'image de Minerve, deux symboles de victoire militaire à 16). [...]
[...] En outre Domitien est obsédé par l'idée des attentats qu'il craint plus que tout. Pour se protéger de cette menace il incite une sorte de promotion et de glorification de la personne de l'empereur afin d'entourer l'image du prince d'une aura de divinité qui le rendrait, aux yeux des autres, supérieur et donc intouchable les statues qu'on lui élevait au Capitole n'étaient acceptées de lui que si elles étaient en or ou en argent et d'un poids déterminé (l. 20). [...]
[...] P. Arnaud-Lindet, Histoire et politique à Rome, les historiens romains av. J.-C. ap. J.-C.), Bréal, Paris J.-L. Lamboley, Lexique d'histoire et de civilisation romaines, Ellipses, Paris Manuels généraux C. Briand-Ponsart, F. Hurlet, L'Empire romain d'Auguste à Domitien, A. Colin, Paris J. [...]
[...] A tous les égards il apparaît comme la représentation architectonique de l'absolutisme monarchique et évoque la première expression romaine du palais dynastique. Domitien veut donc procéder à une sacralisation de sa personne, plus ou moins officielle. Il rebaptise Domitianus le mois d'octobre où il est né et donne au mois de septembre, celui de son avènement, le nom de Germanicus, un de ses titres honorifiques il changea le nom des mois de septembre et octobre (l. mesure prise aussi par Auguste. [...]
[...] De plus l'expression dominus et deus est employée pour la première fois dans une circulaire «dictant au nom de ses procurateurs une circulaire administrative (l. 17) à ses procurateurs dont la plupart sont des esclaves ou des affranchis impériaux ; or ceux-ci rendent couramment un culte au génie de leur maître, ou de leur patron. Domitien a donc peut-être simplement donné trop d'importance au culte du génie impérial. Cette interprétation est corroborée par les multiples allusions que font les poètes de cour, tels que Stace et Martial, au génie ou au numen de l'empereur. [...]
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