« Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire, je me ferai chrétien. » La tradition rapporte que Clovis, roi des Francs, en difficulté devant les Alamans au cours de la bataille de Tolbiac, aurait prononcé ce vœu. Sa femme, Clotilde, fille du roi des Burgondes, chrétienne fervente, souhaitait vivement sa conversion et il se serait souvenu de ce désir au moment de perdre la bataille. Il la gagna et, tenant sa promesse, se fit baptiser à Reims par l'évêque Saint Rémi avec 3000 de ses guerriers, sa conversion aura un poids important dans la suite de sa dynastie.
A l'avènement de Clovis en 481, dans le sud se sont implantés deux royaumes puissants et indépendants : celui des Burgondes et surtout celui des Wisigoths qu'Euric (466-485) a porté à son apogée et qui s'étend quasiment de la Loire au sud de l'Espagne. L'hégémonie en Gaule semble promise à ce peuple, les Gallo-Romains la redoutent parce que les Wisigoths, de foi arienne, ne manqueront pas d'étendre les persécutions qu'ils font déjà subir à leurs sujets catholiques. Au nord, les Francs, installés dans la province de Belgique seconde, ils sont voisins de la seule enclave romaine qui subsiste en Gaule : le territoire de Syagrius, fils du chef militaire gallo-romain Egidius, aux côtés de qui le père de Clovis, Childéric, avait combattu comme allié. Selon la tradition, Clovis écrasera successivement Syagrius à Soissons (486), les Alamans à Tolbiac (496) et, pour terminer, Alarie II, roi des Wisigoths, près de Poitiers (Vouillé) en 507 ; son œuvre sera achevée par ses fils qui élimineront la royauté burgonde et occuperont la Provence. Dès lors, la Gaule est quasiment unifiée et les descendants de Clovis présideront à ses destinées jusqu'en 751.
[...] Quelle vocation l'œuvre de Grégoire de Tour a-t-elle ? I. Une vocation historique, entre tradition et renouveau A. Une tradition germanique exaltée, la conception personnelle du pouvoir Dans le texte de Grégoire de Tours, les victoires de Clovis montrent bien le charisme du roi guerrier, en effet chez les peuples germaniques, le roi se distingue des autres chefs par des qualités hors du commun dont il a été doté par les dieux ce qui va fonder l'obéissance des guerriers. Il va pouvoir remplir les fonctions guerrières et nourricières, il doit mener son peuple à la victoire avec l'appui des dieux, sa légitimité est donc directement liée aux victoires qu'il remporte. [...]
[...] Cette œuvre s'inscrit également dans un mouvement hagiologique, en effet une œuvre hagiologique est une œuvre qui traite des choses saintes, or ici Clovis est érigé en saint avec une mission divine : il doit conquérir la Gaule, diffusé le christianisme et ceux-ci avec l'aide de dieux Le Seigneur lui accorda une si grande grâce l3, aidé de Dieu l2. La portée historique de l'œuvre de Grégoire de Tours est donc altérée par la volonté de sublimer l'histoire pour faire apparaître le christianisme comme un pilier et une aide indispensable dans la réussite de Clovis. [...]
[...] À la suite de la victoire de Vouillé, Clovis soumit toutes les provinces qui sont depuis la Loire jusqu'aux Pyrénées, en 508 informé que les Goths avaient pris Angoulême il décide de s'y rendre pour assiéger la ville marcha sur Angoulême l'4 et soumit la ville à son pouvoir l'6. Mais la tradition germanique ne se voit pas que dans la victoire elle se trouve également au sein de la dynastie. La succession royale entre hérédité et élection, chez les peuples germaniques la royauté est attachée à une famille privilégiée, elle a été privilégiée par les dieux et elle est donc apte à régner. Le simple fait que vous apparteniez à la parenté royale vous donne le droit de prétendre au trône. [...]
[...] Encore une fois il met en avant que Dieu a permis à Clovis de remporter cette bataille permettant ainsi d'ériger la relation catholique comme religion suprême offrant aux rois pouvoirs, victoire et protection. Grégoire de Tours étant le seul historien de l'époque ses écrits avaient un très grand impact sur les croyances. Cette influence se retrouve plus loin dans le texte lorsqu'il relate l'histoire entre Clovis et Chararic, puisque Chararic ne l'avait pas aidé dans la bataille contre Syagrius, Clovis l'avait emprisonné avec son fils. les fit tondre tous deux à l'époque la longue chevelure était le symbole du roi. [...]
[...] Une vocation religieuse A. L'influence catholique Ce texte, en plus de refléter la tradition germanique, bien qu'influencé par une certaine romanité fait également par du renouveau de foi de Clovis en effet, il ne faut pas oublier que Grégoire de Tours était un évêque et historien de l'Église. Sa mission est donc de montrer à travers ses œuvres l'apport de la religion catholique aux Rois et il ne manque pas de le faire. Selon les écrits de Grégoire de Tours Clovis fut baptisé à la fin du Vème siècle, aux environs de 496 il bénéficie donc de l'aide épiscopale, son baptême fut collectif pour bien montrer que l'adhésion était une adhésion qui allait au-delà de la seule personne du roi, il baptisa avec lui 3000 de ses hommes. [...]
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