L'apparition et le développement du christianisme en Afrique sont des plus obscurs avant le II° siècle. Deux traditions font état des origines : 1. L'une romaine, de par les prédicateurs romains ; 2. l'autre orientale, de par le développement des échanges entre Carthage et les grands ports orientaux.
L'archéologie daterait les débuts aux dernières années du I° siècle. Les communautés juives se développèrent plus encore après la prise de Jérusalem et la destruction du Temple en 70 après J.-C., qui provoqua la dispersion et l'exil des Juifs hors de Palestine, en Afrique comme dans le reste du monde romain.
On connaît essentiellement le christianisme primitif de l'Afrique par l'œuvre de Tertullien. Ce christianisme se caractérisait par son intransigeance. Tertullien voulait appartenir à une Eglise de purs et voyait en tout chrétien un martyr potentiel, trait qui peut apparaître complètement étranger à l'Empire romain. Sa restriction principale concernait la participation des chrétiens aux cultes païens et en particulier au culte impérial qui accusaient les chrétiens du crime d'impiété. Toutefois, le cadre politique qui lui servait de référence restait l'Empire romain et il n'était nullement question de pactiser avec les ennemis aux frontières. Par bien des aspects, le christianisme d'un Tertullien s'enracinait dans la vie municipale. S'il opposait en permanence à son « idolâtrie » la vie idéale des chrétiens, c'était toujours dans la perspective d'une conversion de la cité
On peut donc, historiographiquement parlant, considérer le martyre des chrétiens de Scilli, en 180 ap. J.-C., comme étant l'acte de naissance officiel du christianisme africain . Certains des premiers chrétiens portaient des noms théophores comme il en existait des milliers en Afrique, ce qui a amené à penser que le christianisme primitif recruta au départ ses adeptes parmi les petites gens d'origine punique, mais les autres martyrs portaient des noms plus romains, ce qui suggère la pénétration du christianisme auprès de milieux plus romanisés. Ils étaient en possession de livres et de lettres de Paul. Puis, dans les années qui suivent, les chrétiens augmentèrent en nombre très sensible. Tertullien montre que ce christianisme touchait toutes les catégories sociales.
[...] Donc, très vite, un prêtre ne pouvait suffire à la vie quotidienne. La distinction ne reposait pas sur un critère démographique (nombre de fidèles), mais sur un critère civil (nombre de communautés, de villes). Par exemple, en 411, lors de la conférence réunie à Carthage, où donatistes et catholiques envoyèrent des délégués, on recenserait 286 évêques catholiques et 285 évêques donatistes. L'enjeu principal de leur débat concernait leur importance respective au sein de l'Église d'Afrique. Lors de la conférence, les catholiques prétendirent que l'évêque de Bulla Regia ne représentait qu'un seul donatiste ; il s'en suivit une polémique sérieuse, dont l'intérêt pour l'historien est de montrer que la présence d'un évêque ne préjuge pas du nombre de fidèles. [...]
[...] D'un autre côté, plus de 550 inscriptions publiques ont été conservées pour l'Afrique romaine d'époque tardive et dans ce corpus, en l'état, il n'y a plus de mentions des cultes traditionnels. Au IVe siècle, on continue bel et bien à restaurer des temples, mais ces restaurations sont présentées sans référence à la religion et résonnent davantage comme une restauration du patrimoine de la cité. Seul le culte impérial est encore mentionné. Il n'y a pas de formulaire religieux concernant aussi bien culte traditionnel que le rituel chrétien d'Afrique. [...]
[...] On connaît essentiellement le christianisme primitif de l'Afrique par l'œuvre de Tertullien. Ce christianisme se caractérisait par son intransigeance. Tertullien voulait appartenir à une Église de purs et voyait en tout chrétien un martyr potentiel, trait qui peut apparaître complètement étranger à l'Empire romain. Sa restriction principale concernait la participation des chrétiens aux cultes païens et en particulier au culte impérial qui accusait les chrétiens du crime d'impiété. Toutefois, le cadre politique qui lui servait de référence restait l'Empire romain et il n'était nullement question de pactiser avec les ennemis aux frontières. [...]
[...] La hiérarchie cléricale initiale distinguait seulement l'évêque[2], le diacre, le lecteur et le prêtre (presbyter). Les femmes étaient reléguées à une place discrète et n'étaient jamais mentionnées collectivement. Au milieu du III° siècle, l'Église africaine apparaît comme un corps structuré et en pleine croissance, dont l'organisation en évêchés suivait les progrès de la municipalisation africaine. Le clergé s'était enrichi de nouveaux degrés : le sous-diacre, l'acolyte, l'exorciste, sans que l'on puisse déterminer leur fonction exacte. Une carrière ecclésiastique commençait à se mettre en place sur le modèle du cursus honorum municipal. [...]
[...] Certains chercheurs pensent que le christianisme s'est diffusé à partir de Rome en Afrique, grâce à la liaison Rome-Carthage. En effet, on pourrait envisager, selon cette hypothèse que la structure administrative et le réseau urbain auraient guidé la diffusion du christianisme à partir de la territorialisation des évêchés. En retour, dans ce contexte, le christianisme aurait favorisé à son tour la romanisation qui se concrétisée par la diffusion de la langue latine, du droit romain (par le biais des tribunaux épiscopaux), et bien sûr encore une fois des évêchés créés parmi les tribus berbères. [...]
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