A bien des égards, l'octroi de la citoyenneté répond à des critères précis, lesquels peuvent nous laisser postuler que la citoyenneté romaine est un jeu dialectique qui englobe autant qu'il exclut. L'avènement de l'Empire - dont nous prendrons pour point de commencement l'année -27 avant J.C, moment où le Sénat décerne à Octave le titre d'Auguste (« consacré » ou « divin ») – n'a guère constitué de rupture, tout du moins initialement, en termes de critères. D'ailleurs, les premiers empereurs se montrent plus ou moins circonspects quant à une politique d'octroi démesurée. L'évolution est lente, elle se fait sur le long terme. On sait à quel point les Romains exerçaient la plus grande suspicion envers les métamorphoses brutales. L'apothéose de cette politique en faveur de la citoyenneté est contenue intrinsèquement dans la seule date symbolique de 212. N'est-ce pas Caracalla, qui par un édit magistral, accorda la citoyenneté romaine à tous les sujets libres de l'Empire ? Nous clôturerons donc le cycle de notre analyse à cette date archétypique et qui marque un souffle nouveau dans la vie de l'Empire. De ce dernier, nous prendrons en compte la globalité de ses provinces, qui au IIIe siècle, s'étendent de la Mauritanie à la Mésopotamie, en passant par la Gaule, la Dalmatie, la Grèce ou encore l'Egypte. Nous considérerons subséquemment les cités occidentales et orientales de l'Empire, les cités de droit romain et les cités pérégrines. De plus, chaque cité disposant de sa citoyenneté, nous devrons considérer la pluralité des situations de l'Empire tout en avançant l'effort d'homogénéisation des statuts. Ces remarques préalables induisent nécessairement des orientations, dont il conviendra de ne pas s'écarter. Effectivement, le sujet nous invite à nous concentrer exclusivement sur les critères d'accession à la citoyenneté, et non sur les modes de fonctionnements, les rouages et l'exercice de celle-ci.
Ainsi, dans quelle mesure l'acquisition de la citoyenneté, préoccupation constante des empereurs, est-elle le théâtre d'un glissement vers un élargissement indéniable ?
[...] Mais l'augmentation continue du nombre de citoyens doit-elle nous aveugler au point de considérer que la citoyenneté était une réalité universelle ? A bien des égards, l'octroi de la citoyenneté répond à des critères précis, lesquels peuvent nous laisser postuler que la citoyenneté romaine est un jeu dialectique qui englobe autant qu'il exclut. L'avènement de l'Empire - dont nous prendrons pour point de commencement l'année -27 avant J.C, moment où le Sénat décerne à Octave le titre d'Auguste consacré ou divin n'a guère constitué de rupture, tout du moins initialement, en termes de critères. [...]
[...] La première mesure menée à bien est l'attribution aux soldats des corps auxiliaires et aux marins de la flotte à la sortie de leur service (connubium), le droit de transmettre la citoyenneté. Cette attribution concernait donc leur femme et leurs enfants. Claude a largement distribué la citoyenneté à une constellation de peuples. Il s'est attaché à maintenir le prestige du droit de cité romaine et à en permettre l'acquisition aux Latins et aux pérégrins, mais à condition que la romanisation des peuples soient suffisamment aboutie, comme dit précédemment. Ainsi, de nombreuses cités sont devenues des colonies ou des municipes, à l'image de Tingi (Tanger), Ptolémaïs (Acre) ou Augusta Treverorum (Trèves). [...]
[...] Devenir citoyen sous l'Empire, c'est se conformer à des critères qui tendent de plus en plus à valoriser le mérite individuel ou collectif. En effet, on a pu observer des soldats de troupes auxiliaires, des décurions ou magistrats de municipes, des affranchis accéder à la citoyenneté romaine, ultime prestige ouvrant les voies de l'ascension sociale. On s'accordera à dire que les critères initiaux demeurent assez largement prééminents, mais aussi que la politique impériale a été profondément inégale. N'existe-t-il pas de réelles dissemblances entre un Claude, véritable fer de lance de l'ouverture aux élites locales, et un Commode qui n'a guère brillé par son efficacité intérieure ? [...]
[...] D'Auguste à Marc Aurèle, l'ouverture de corps civique dans l'Empire s'est faite progressivement, par touches successives, avec les balbutiements que cela implique. II) L'attribution de la citoyenneté, une politique lente, mais inexorable 27 180) Le principat augustéen, sous le signe de la tempérance Dans un effort certain de hiérarchisation et d'organisation de la société, Auguste ne pouvait omettre le rôle prééminent de la citoyenneté et la place des citoyens au sein d'un Empire diversifié. La tendance va à l'augmentation du nombre de citoyens, comme l'indiquent les recensements de 28 et 8 av. J-C. [...]
[...] A vrai dire, non, car bon nombre de cités pérégrines connaissent des points de convergence avec le droit romain, et beaucoup d'entre elles deviennent des municipes, sous l'égide de Rome. En outre, dès la fin de la République, des octrois inédits de la citoyenneté envers des pérégrins s'instituent. C'est là qu'émerge la notion de mérite individuel récompensé par l'empereur. C'est ce que l'on nomme le viritim ou concession viritane L'exemple des pérégrins d'Helvétie romaine appartenant à la noblesse locale ne constitue-t-il pas une référence intéressante ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture