L'étude des fortifications des villes levantines et de leur évolution du Fer I au Fer II permet de visualiser de manière plus concrète les grandes innovations technologiques de l'architecture militaire de cette partie du Proche-Orient, c'est-à-dire les questions et les réponses qu'elles posaient et apportaient au perfectionnement des techniques poliorcétiques assyriennes.
Les remparts et les murs de ces villes, jusqu'à la fin du règne de Salomon, étaient essentiellement basés sur le mur casematé et, du fait de l'augmentation de la puissance de perforation des armées de siège assyriennes, elles durent rapidement évoluer vers des structures pleines bien plus résistantes à la brèche. Or, si nous savons que ce changement fut assez rapide dans le temps, il ne se généralisa cependant pas à l'ensemble des territoires urbains levantins. Aussi, seuls les sites les plus riches qui occupaient les points névralgiques des royaumes de Juda et de Samarie connurent-ils ce passage obligé. C'est pourquoi, la ville judéenne de Qiriath-Sepher (Tell Beit Mirsim) conserva, jusqu'à la fin du Fer II, l'intégralité de ses casemates. Citons désormais trois exemples – parmi lesquels les villes de Megiddo, de Hazor et de Mizpah. Ils illustrent aussi bien l'évolution de ces remparts que les innovations défensives qu'elle apporte.
[...] Ce rempart, en brique sur des fondements de pierre d'une épaisseur d'environ quatre mètres était renforcé par des tours en saillies mesurant près de six mètres de large Ouvrages avancés et obstacles extérieurs (réduits de défense et fossé) Les tours, les petites citadelles et les quelques fortins situés à proximité d'une ville c'est-à-dire hors de l'emprise du rempart et gardant généralement les champs, les vergers et aux autres sources en eau, constituent autant d'ouvrages avancés susceptibles de jouer un rôle tactique d'importance lors des sièges. Faiblement fortifiées, conservant souvent une structure casematée, ces constructions permettaient toutefois de ralentir la progression d'une armée de siège en lui faisant essuyer ces premières pertes. Le roi judéen Uzziah avait d'ailleurs parfaitement saisi l'impact tactique de telles fortifications. Il multiplia tours et citadelles[5] autour de Jérusalem formant ainsi, à l'échelle tactique de la défense d'un territoire, un véritable réseau de fortifications urbaines interdépendantes d'une densité inégalée au Fer II dans tout le Proche- Orient. [...]
[...] Nous devons cependant nous attarder sur le mur situé dans la partie ouest de l'acropole. Bâti dans la deuxième moitié du VIII°siècle, sans doute sous le règne de Menahem, roi d'Israël, pour contenir l'avancée des forces de Tiglath-Phalazar III, il participe également d'un renforcement accru de l'épaisseur et de la hauteur des structures, pour le coup réalisées en pierre. Quant aux importantes fortifications de la cité judéenne de Tell en- Nasbeh, la Mizpah biblique, elles ont révélé que le mur plein du Fer II était construit directement sur le mur casematé du Fer I. [...]
[...] Les fouilles menées sur les nombreux sites mésopotamiens, levantins et anatoliens n'ont jamais confirmé son emploi systématique ; nous en retrouvons cependant des occurrences dans le côté ouest de la ville basse de Hazor mais aussi à Tel Jezreel, à Karkemiå ou encore à Tell Halaf. Encore une fois, étant donné le peu de sites fouillés en Arménie ou en Iran, nous pouvons nous baser que sur les informations provenant des villes des anciens royaumes de Juda et d'Israël. Cf. YADIN : pp. 322-323. C'est-à-dire un ouvrage composé de deux faces et de deux flancs. Ces bastions faisaient environ dix mètres de large et jaillissaient du mur sur une distance de trois mètres. [...]
[...] Ils illustrent aussi bien l'évolution de ces remparts que les innovations défensives qu'elle apporte. A Megiddo, sur les ruines du mur casematé, nous savons qu'un nouveau mur fut construit au début du IX°siècle sur un périmètre de 820 mètres. Englobant une partie de la ville dans son emprise, avec des soubassements réalisés en pierre et atteignant une largeur variant de trois à cinq mètres, ce mur présentait une base sans casemate et une structure supérieure sans doute érigée en brique. [...]
[...] Au-delà de cette seconde entrée il fallait ensuite s'engager dans un immense corps de garde d'environ 25m². De part et d'autre de celui-ci gravitaient trois constructions qui devaient probablement servir de cantonnement pour les troupes chargées de surveiller cet accès. Plus loin, positionné à l'intérieur de la ville, se trouvait un palais fort massif dont le rôle précis reste à définir même s'il pouvait très certainement servir de refuge ou d'entrepôt Nous songeons notamment aux citadelles de Ramath Rachel et de Kadesh- Barnea, toutes deux attribuées par un grand nombre d'archéologues au règne d'Uzziah. [...]
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