Pergame, aujourd'hui Bergama en Turquie, est d'une cité d'Asie Mineure sur les rives de la mer Égée qui fut la capitale du royaume des Attalides, indépendant de 283 à 133 avant Jésus-Christ. Fondée par Eumène Ier au IIIe siècle avant Jésus-Christ, la dynastie des Attalides fut l'une des quatre grandes puissances d'Asie Mineure avec les Séleucides, les Lagides et Rhodes, ainsi qu'un des principaux foyers de la civilisation hellénistique.
Le document qu'il faut traiter ici, le « décret de Pergame honorant le roi Attale III au retour d'une expédition », provient des « Etudes anatoliennes » réalisées en 1937 par Louis Robert et est référencé sous la nomination d'OGIS 332. Ce décret n'est pas daté, mais on peut le situer entre 138 et 133 avant Jésus-Christ, date du règne d'Attale III, puisqu'il traite ici de son retour à Pergame. Il est ainsi question de la création d'une fête pour l'occasion, où les grands constituants de la cité nous sont clairement exposés.
On peut alors se demander comment se traduisent les particularismes civiques et religieux dans la cité de Pergame par rapport à la venue du roi Attale III.
[...] Mais les honneurs faits au roi Attale III sont élargis à une autre particularité alliant le religieux et le civique : la création d'une fête. La bienveillance d'Attale III célébrée dans ce décret de remerciement, se traduit notamment par la création par le corps civique d'une fête. Ici, le document stipule que le le jour où (Attale III) est venu à Pergame, soit à jour sacré à jamais Car les fêtes ont lieu à une date déterminée de l'année locale et sont fixées dans les calendriers sacrés variant eux aussi selon la localité, ce qui montre les particularismes du monde grec. [...]
[...] Cette pratique de l'évergétisme, apparue dans le monde hellénistique, devient une obligation morale. Il reflète également la construction des institutions pergamiennes, à savoir que la liberté des cités Attalides n'est pas concevable, et que les dynastes préservent leur domination par les philanthrôpa, l'offrande de cadeaux somptueux et l'aide au développement des cités. De plus, et on le voit bien dans ce document, la vie religieuse imprègne la vie civique et il y a pas de dissociation notamment au niveau des honneurs qui sont faits à Attale III et du vocabulaire utilisé pour le qualifier lui et ses ancêtres. [...]
[...] Ce décret représente une grande richesse dans l'appréhension des pratiques religieuses des cités grecques et notamment en ce qui concerne le culte royal, fait spécifique de la période hellénistique. Il démontre également l'aspect de particularisme au niveau du culte et particulièrement ici, pour la création d'une fête par la cité de Pergame. Enfin, il montre l'imprégnation de la religion dans la vie civique et l'aspect de rassemblement de tous les citoyens autour de l'organisation et de la tenue du culte qui rythme la vie de chacun. Bibliographie - Bruit Zaidman. Schmitt Pantel. La religion grecque (éd) Armand Colin, (coll.) Cursus 190p. [...]
[...] Mais ici, Attale III est associé au dieu Asclépios dans son sanctuaire et fait l'objet du culte royal. Le concept de la procession induit donc le rassemblement du corps civique visant à appuyer le caractère sacré des lieux de culte, mais aussi à promouvoir le sentiment d'appartenance à une cité, un territoire. Dans un deuxième temps, le décret fait observer la conduite d'un sacrifice (thysia) ayant été offert sous d'heureux auspices Ce sacrifice civique est offert à Attale III par la cité et dans le décret, la notion de «thysia signifie à l'origine faire brûler pour les dieux ; offrir aux dieux Ce rituel est succédé par l'action de banqueter dans le sanctuaire Ce banquet, au-delà du fait de ne présenter qu'une occasion de se nourrir de viande, traduit également par le partage, la cohésion civique, les liens entre les citoyens et met en avant la prospérité d'une cité. [...]
[...] Ce sont d'abord le conseil et peuple qui sont chargés d'organiser le culte. En effet, c'est au conseil en premier lieu qu'il convient de préparer les projets de loi et les décrets votés par l'ecclésia. De plus, c'est également à la cité qu'il incombe de financer tous les aspects du culte. Ici, il est question que le trésorier des revenus inaliénables verse 50 drachmes pour le sacrifice et le banquet sur les recettes du trésor de l'Asclepieion Ce trésor, ici en provenance de l'Asclepieion, qui d'après Pausanias est le premier temple d'Asclepios à Pergame datant du IVe siècle avant Jésus-Christ, génère des ressources, notamment constituées des dons des fidèles qui permettent à la cité de financer des actions de tout ordre, dont ici l'organisation d'une fête. [...]
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